Une initiative israélienne consistant à déclarer son "amour" aux Iraniens, s’est transformée en véritable phénomène durant le week-end dernier sur Facebook, où les deux camps s’échangent leurs messages de paix.
L’idée de cette campagne est venue à Ronny Edry, un enseignant en graphisme israélien de gauche, qui regrettait de ne discuter qu’avec des gens partageants ses opinions. "Sur ma page Facebook, j’ai des amis de gauche qui parlent toujours de ce genre de chose", explique-t-il au quotidien israélien Haaretz ; "ils sont tous du même avis que moi. Quelque fois, quelqu’un de droite me répond en disant que ce que nous disons est stupide, mais je n’ai jamais parlé à un Iranien. Donc je me suis dit :
pourquoi ne pas essayer de contacter l’autre côté, de contourner les généraux et voir s’ils me détestent vraiment ?"
Avec l’aide de sa femme et de ses étudiants d’une école préparatoire de graphisme et de design, Ronny Edry a donc réalisé des posters sur une idée simple : prendre une photo de soi et juste ajouter comme message :
Iraniens. Nous ne bombarderons jamais votre pays. Nous vous aimons."
Ces premiers posters, mis en ligne sur Facebook samedi, étaient accompagnés du texte explicatif suivant:
Au peuple iranien, à tous les pères, les mères, les enfants, les frères et les sœurs, pour qu’il y ait une guerre entre nous, nous devons tout d’abord avoir peur les uns des autres, nous devons nous détester. Je n’ai pas peur de vous, je ne vous déteste pas. Je ne vous connais même pas. Aucun Iranien ne m’a jamais fait de mal. Je ne suis pas un représentant officiel de mon pays. Je suis un père et un enseignant. Nous vous aimons. Nous ne vous voulons pas de mal. Au contraire, nous voulons vous rencontrer, boire un café et parler de sport".
Au début, Ronny Edry reçoit majoritairement des critiques négatives. "Après le premier poster, les gens ont commencé à me critiquer, en me disant que je suis un idiot, que je suis naïf". Mais en quelques heures, le buzz commence à prendre et les internautes font circuler les posters tandis que s’accumulent des centaines de "Likes". Et très vite, les premières réactions parviennent du côté iranien, tout d’abord via des messages privés et de discrètes demandes d’amitié. Mais, peu à peu, le dialogue s’instaure et l’enseignant israélien se retrouve au milieu de quelque chose qui le dépasse.
"Quelque chose de fou"
"Je n’aurais jamais imaginé qu’au bout de 48 heures je serais en train de parler à l’autre côté. (…) Il se passe quelque chose de fou", raconte-t-il ainsi le samedi à Haaretz. Mais dans un premier temps, ses interlocuteurs iraniens refusent de donner des photos d’eux, craignant des représailles dans leur pays.
Puis, le dimanche, les premiers messages iraniens sont postés. "Nous vous aimons également. Vos mots nous parviennent malgré la censure (…)", dit ainsi l’un des premiers iraniens à écrire à Ronny. "Le peuple iranien, en dehors de son gouvernement, n’a aucune rancune ni animosité contre qui que ce soit, et en particulier contre les Israéliens".
Depuis, les messages se multiplient des deux côtés, et les Iraniens ont également commencé à faire circuler leurs propres posters, avec, en réponse, inscrit le message suivant :
Mes amis Israéliens. Je ne vous déteste pas. Je ne veux pas la guerre"
L’affaire, relayée par les médias israéliens, est devenue en un week-end un véritable phénomène et dispose maintenant de son propre compte Facebook et site internet. De son côté, Ronny Edry a décidé de passer la vitesse supérieure en demandant aux internautes de financer une campagne d’affichage dans les grandes villes et les journaux, le but ultime étant de s’offrir les fameux écrans géants de Times Square pour y diffuser les messages de paix.
Ronny Edry a à cette occasion postée une vidéo expliquant sa démarche.