"L'apocalypse de Roger" Philippe Renaissance

 

 

 

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Catégorie : Roman

Date de publication : Septembre 2021

Éditeur : Atramenta

ISBN : 978-952-340-918-7

Format : 148x210mm, 382 pages

Pages : Noir et blanc sur papier crème 83g

Reliure : Couverture souple, finition brillante

(4 avis)

17,00 €

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Par 

Philippe Renaissance

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L’Histoire qui se répète. Un pouvoir sans scrupule. Une Grande-Europe au bord du gouffre. Un héros qui s’ignore. Un code source qui peut tout changer.

La vie serait-elle comme un ruban de Möbius nous condamnant à revivre les mêmes expériences ? En 2133, Müssler est nommé chancelier de la Grande-Europe. L’amour du pouvoir, l’appât du gain, l’anti-progrès social et la barbarie ordinaire deviennent les quatre piliers de la nouvelle politique. Estampillé Déviant, comme des millions de personnes, Roger Vécisse est emporté par une tornade qui balaie tout sur son passage. Jusqu’à la moindre trace d’humanité, la plus infime parcelle d’intimité, de mémoire. Son destin semble tout tracé.

À moins de briser le ruban…

 

Je voulais écrire un commentaire après ma lecture. Je n'en écris pas souvent. Mais, là, c'était indispensable. 

« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». Winston Churchill
Cette citation a été mise par l'auteur en exergue de son ouvrage.
Le phénomène est effectivement connu mais la problématique s'intensifie si on se projette au siècle prochain. Qu'en sera-t-il de cette répétition au regard de « l'évolution » humaine ? Si tant est qu'on puisse parler d'évolution.
La question suivante est tout aussi inquiétante : Philippe Renaissance est-il un auteur de talent ou bien davantage un visionnaire inquiétant ? Il serait préférable que la première option se suffise à elle-même puisque c’est déjà le cas. Pour ce qui est de l’aspect visionnaire, il serait hautement préférable qu’il s’agisse d’une pure imagination de romancier. Imagination oh combien impressionnante.
Car à travers cette dystopie, il est clair et radical que nous ne devons absolument pas oublier notre passé, le passé de la grande Histoire, c'est à dire celle où se sont déroulées les pires atrocités.

Plongé dans cette lecture, j'ai vu passer « Metropolis », « Sleeper », « Blade runner », « Bienvenue à Gattaca », « Divergente »... Et d'autres. Ceux sur la Shoah, bien évidemment. Car l'Histoire se répète. Ici, les exclus, les pourchassés, sont appelés les « Transgresseurs » et ils doivent être isolés pour être« guéris » et ne pas contaminer les « BonneSantés ».
Le Ministère de la Santé florissante, le Ministère de l'environnement maîtrisé, le Ministère du Parler vrai, le Ministère des Finances transparentes, les Jeunesses chimériennes...
Nous sommes dans un nouvel ordre mondial et la surveillance des individus est constante :

« Tout ce que vous direz ou rêverez pourra être retenu contre vous ».

Le CPR, coefficient personnel de rendement est un élément déterminant :

«  Je note une baisse du taux d'engagement ainsi que du taux de réactivité. Cela impacte votre accomplissement. En clair, vous n'atteignez pas vos objectifs. »

Dans toute bonne dystopie futuriste, le présent est roi puisqu'il s'agit d'extraire le lecteur de son existence pour le plonger dans ce qui l'attend s'il ne prend pas garde à son présent.
Ce roman est un aller-retour constant entre maintenant et plus tard :

« Triste mascarade que ces dictatures qui, afin de légitimer leurs forfaits, agissent sous le couvert de la légalité. »

« Au laboratoire de sondage, le scanophaseur avait implanté une colonie de nanorobots dans ses omoplates. Le système après avoir analysé sa généalogie, ses traits de caractère, ses performances au travail, ses angoisses, ses rêves, traçait en temps réel le moindre de ses faits et gestes. »


Big Brother a atteint une dimension inconcevable pour l’instant. Pour l’instant… Et c’est bien là tout le problème. Philippe Renaissance nous met en garde. L’Intelligence Artificielle est-elle au service de l’humanité ou de ceux qui la conçoivent et de ceux qui la financent ? Son usage est-il assujetti à une éthique incontournable et universelle ?

Chaque chapitre de ce livre, chaque événement, chaque prolongement induit des réflexions qu’on ne peut s’épargner. Qu’on ne doit pas s’épargner. Il en est du maintien de notre liberté.

Qu’une maladie soit dans cet ouvrage l’élément déclencheur, le prétexte idéal pour les gouvernants pour déclencher des rafles, n’est-ce pas une possible dérive aux prochaines pandémies ? Doit-on balayer cette idée d’un geste méprisant ? Mais qui donc avait imaginé les camps de concentration ? Combien de temps a-t-il fallu pour que la réalité éclate ? Ne jamais oublier son passé. Ne jamais oublier que l’humain a une propension effroyable à toujours aller plus loin.

La technologie amplifie les projections. Dans un sens comme dans l’autre. Il peut donc s’agir de progrès, tout comme il peut s’agir des pires abominations. Qui donc, aujourd’hui, là maintenant, immédiatement, a la capacité de dire ce que sera ce monde dans cent ans ?
Les concepteurs de l’IA, peut-être, puisqu’ils agissent à créer ce futur et que nous n’en avons aucunement conscience.
Ce roman est une plongée dans les abysses de notre futur. Et le lire, c’est déjà réaliser ce que nous devons empêcher d’advenir. On pourrait se dire que c’est trop douloureux, on pourrait s’excuser de ne pas avoir la tête à ça, que l’existence est déjà assez ardue pour ne pas en plus s’alourdir de projections aussi sombres.
Mais alors, lorsque la réalité sera là, il ne faudra pas se plaindre.
C’est en cela que je vois dans ce roman un parallèle saisissant avec l’état de la planète. Nous n’avons pas écouté les alertes des scientifiques. Nous avons continué dans une voie destructrice, insouciant, ignorants volontaires.
Allons-nous reproduire le même schéma au regard de nos libertés ? Sommes-nous donc condamnés à systématiquement nous réveiller trop tard ?

La lecture de ce roman est une nécessité. Aussi effroyable qu’en soit la teneur, il n’en reste pas moins que l’écriture emporte, que la puissance évocatrice nourrit le désir de tourner les pages. Les pages de notre avenir ? Telle est la question.

 

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