L'inconscience (spiritualité)

Nous ne sommes pas responsables de la plupart de nos tourments pour une raison très simple, c'est que nous sommes inconscients de leurs causes et on ne peut pas être responsable en étant inconscient.

Par contre, nous sommes responsables de notre inconscience.

Lorsque quelqu'un se comporte de façon dangereuse, bien souvent nous pensons qu'elle est "inconsciente."

Nous sommes également inconscients des dangers que nous courons, bien souvent, parfois quotidiennement, parfois à chaque instant. Des dangers qui ne ressemblent pas à ceux que nous avons identifiés au cours de notre vie. Le danger d'agir sans observation de soi, de parler en donnant aux mots des contingents de maux, en considérant qu'un silence bûté puisse être une réponse, en pensant à mille choses en même temps, en aimant l'autre pour soi, en se flageallant de culpabilité ou de remords, en s'humiliant dans le bain fangeux de la dévalorisation, en ne regardant la vie qu'à travers le prisme déformé de nos existences. 

Nous sommes responsables de cette inconscience spirituelle mais nous ne sommes pas responsables des affres physiques ou psychologiques qu'elle peut générer tant que nous resterons inconscients.

Il sera parfois impossible de guérir ce corps qui souffre à l'intérieur de cette inconscience, même avec la médecine la plus performante car les Professeurs les plus émérites ne travaillent que dans la matière. Et que la matière n'est pas responsable de ce qui la fait souffrir. 

Faut-il donc s'en remettre à la psychiatrie pour guérir cet esprit perturbé ?

Je pense que la psychiatrie n'aurait aucune raison d'être si les enfants, dès leur conception, étaient projetés vers l'Être en eux, l'élan vital, le souffle divin, la création, l'Un. Certains l'appellent Dieu. Le nom qu'il porte n'a aucune importance. C'est juste un habit pour des humains qui ont besoin d'une image alors que le brin d'herbe devant eux est un fragment du Dieu qu'ils cherchent à identifier dans des livres et des temples.

Nous ne sommes pas un esprit dans un corps mais l'inverse. Ce corps est poreux et la conscience qui peut venir l'habiter est une extension de l'Esprit dans lequel nous évoluons. 

Ce que nous appelons, notre esprit à mes yeux, est un fragment infinitésimal de l'Esprit créateur. 

Nous sommes responsables de la quête en nous de cette conscience divine. Elle ne se donne pas. Elle se trouve. 

Des millions d'individus mouront sans avoir entamé le premier pas, sans même avoir jamais eu conscience de leur immobilité intérieure.

Des millions d'enfants ont connu cette osmose spirituelle avec l'Univers du Vivant. L'insertion dans le monde adulte aura suffi à les éteindre. 

Est-ce qu'il juste de vivre ainsi ? 

Dans le film, "Le crabe tambour" de Pierre Schoendoerffer, Jacques Dufilho parle de la parabole des talents et je ne sais pas pourquoi, ce passage du film est resté en moi avec une force immense. J'ai lu la Bible il y a longtemps. Je n'en ai rien retenu mais dans ce film, le message me parlait....

"Qu'as-tu fait de tes talents?"

Ne serait-il pas juste que nous nous posions cette question régulièrement ?

Ne serait-ce pas déjà une voie vers la conscience ?

Thomas Merton écrivait que "nous devions devenir ce que nous sommes."

J'ai mis longtemps à comprendre pleinement cette phrase. Du moins, la comprendre à mon niveau de conscience actuelle.

Il me reste peut-être encore énormément à comprendre mais je n'en suis pas responsable puisque je n'en ai pas conscience. Je ne peux pas avoir conscience de ce que j'ignore.

J'ai conscience d'être nul en mathématiques parce que je me suis confronté aux mathématiques.

Je ne peux pas avoir conscience de quelque chose dont j'ignore même la dimension. La conscience est en nous comme un Univers en extension. Mais cette extension dépend de nous. Elle n'est pas un dû. 

Je sais juste, au regard de mon parcours de vie, qu'il m'aurait été impossible, à vingt ans, d'imaginer celui que je suis à cinquante-deux.  

Je ne peux donc en rien présager de la suite. 

J'en suis conscient.

Il faut donc que je continue à chercher pour atteindre peut-être un jour un point de conscience dont je n'ai même pas conscience aujourd'hui.  

 

 

 

 

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