L'oppression du monde humain.

On a vendu la maison dans la Creuse et on est arrivé dans notre nouvelle région.

On avait besoin de faire des achats alimentaires et de bricolage. Comme on ne connaît pas encore le secteur et qu'on est à fond dans l'aménagement de la maison, on n'a pas cherché les magasins qu'on apprécie et on s'est juste contenté d'aller au plus près. Vingt kilomètres de route de montagne.

Zone commerciale, des voitures dans tous les sens. Quand on a vécu quatre ans dans la Creuse, on en oublie qu'il ne faut surtout pas "descendre" en ville un samedi matin... Erreur d'ermites. Et là, déjà, on a commencé à se sentir mal, oppressés. 

Magasin de bricolage, on savait ce dont on avait besoin, pas question de faire toutes les allées mais quand on passe du petit magasin local en zone rurale à un magasin de bricolage de grande surface, le choc est rude. Des gens qui déambulent dans les allées, à se demander s'ils savent pour quelles raisons ils sont là. On regarde les panneaux affichés en hauteur pour trouver le rayon qui nous intéresse. On est effaré de tout ce qui est à vendre, tous les rayons débordent de produits, les allées sont étroites et à chaque extrémité, des produits "soldés" sont présentés. On finit par passer à la caisse et on s'enfuit.

Episode 2, le cauchemar. On entre dans un "hyper", incapables de retrouver dans nos mémoires notre dernier passage dans ce genre de lieu. Et là, c'est bien plus qu'un malaise, on bascule dans l'oppression, la sensation d'enfermement, l'étouffement. Cette profusion de produits est totalement folle, on passe au pas de charge dans les rayons boucherie, charcuterie, poissonnerie, plats préparés, des milliers d'animaux morts, des allées qui doivent faire trois kilomètres de long, avec des étagères de cent mètres de haut et des gens qui se grimpent les uns sur les autres pour attraper les produits "en promotion". Mais qu'est-ce qu'on fait là ? C'est quoi ce monde ? Qui sont tous ces gens, que font-ils là, à discuter, à regarder toutes les étiquettes, à ouvrir des compartiments, avec des caddies déjà remplis ? Et où sont les fruits et légumes ? On a juste besoin de quelques légumes. Pourquoi est-on entré ici ? C'est une jungle. Il faut qu'on sorte avant de perdre connaissance.

On avait des cartons à déposer à la ressourcerie, des objets que les anciens propriétaires ont laissés et qui ne nous serviront pas. On reprend la route, on cherche, on suit attentivement le GPS vocal sur mon smartphone, on voit en une matinée plus de monde qu'en un mois dans la Creuse...On trouve enfin le lieu, on dépose nos cartons et on s'enfuit.

La nausée.

On remonte en altitude. 

On savait déjà que nous n'étions pas "normaux". Mais on n'imaginait pas que c'était à ce point-là.

 

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