"La femme initiatrice"
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/04/2018
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La femme initiatrice
https://feminiteetspiritualite.com/2017/12/10/la-femme-initiatrice/
Dans une relation tantrique, où l’aspect féminin est valorisé, la femme est dite initiatrice.
En effet, c’est elle qui guide l’homme vers une intimité sexuelle basée sur les sensations subtiles, l’écoute et la présence à l’instant, sans but à atteindre… tout est déjà là.
Tant que la femme n’entre pas dans son plaisir, elle entretient le machisme de l’homme
Dans notre culture, la sexualité est de nature masculine, elle met l’accent sur la performance, les techniques, le savoir-faire avec un but bien précis : atteindre l’orgasme, gage d’une relation sexuelle réussie. Malgré tout, les frustrations et les blocages persistent aussi bien pour la femme que pour l’homme. Dans cette optique parler d’initiatrice prend même des connotations lourdes de sens car la femme n’est pas valorisée. Un chamane sud-américain très connu dont j’avais suivi quelques ateliers disait . « Tant que la femme n’entre pas dans son plaisir, elle entretient le machisme de l’homme ».
D’une certaine façon, oui, car en ne prenant pas sa place elle entretient le côté masculin de la sexualité. En honorant sa féminité elle peut insuffler petit à petit une nouvelle conscience, ni par le féminisme ni par la compétition mais par la CÉLÉBRATION !
Devenir femme initiatrice ne s’improvise pas. Trop de femmes croient initier leur compagnon mais leurs tentatives souvent maladroites ne sont reçues que comme des critiques, des jugements, de la culpabilisation et ferme le dialogue et la communication émotionnelle. L’homme se sentant incapable et déstabilisé dans son rôle et dans son pôle « faire » se ferme de plus en plus, ou peut perdre ses moyens et entretenir encore bien malgré lui frustration et colère chez sa partenaire…
Comme beaucoup de femmes, j’avais la croyance que l’homme avait toutes les clés et que s’il ne savait pas les utiliser c’est qu’il était incapable et égoïste. Il devait savoir, il devait deviner et sentir alors que pour l’homme la femme est un mystère qu’il tentera d’élucider par des techniques et « savoir-faire » pour surmonter ses peurs.
Quels ingrédients sont-ils nécessaires ?
Une bonne connaissance de soi, de son corps, de son énergie vitale et sexuelle. La capacité d’écouter et de prendre soin de ses désirs et besoins dans l’intimité, d’écouter son rythme, et surtout de savoir s’exprimer.
Dans mon expérience, par un travail thérapeutique et tantrique soutenu, j’ai ouvert des portes à l’intérieur. Ces clés que j’attendais de l’autre je les tenais en main ! J’ai pu guérir ma peur de l’homme, celle qui me mettaient en réaction par rapport à lui et m’empêchait de m’abandonner. J’ai dû aussi faire un travail de fond pour me réconcilier avec ma féminité blessée et humiliée. Je fais partie de ces femmes qui sont très féminines dans leur apparence mais qui ont un côté yang très fort. Ce côté yang secondaire me sert pour mes activités mais me desservait dans l’intimité par son côté réactionnel. Du coup je ne me laissais pas aimer et protéger car ma croyance était que je serais blessée et abandonnée. L’acceptation de mes peurs profondes et de cet état contrôlant et réactionnel a opéré dans les profondeurs de mon inconscient en m’apportant une paix profonde, une confiance en moi sans limite et un grand sentiment de liberté.
De cette liberté est né l’écoute inconditionnelle de ce qui se passe en moi et une certaine forme de magie opère parce qu’en m’ouvrant totalement à ma vulnérabilité, à ma sensibilité à mes désirs j’ai pris soin de moi et permis à l’homme de s’approcher tel qu’il est, avec sa force, ses faiblesses, ses doutes, ses peurs, ses désirs différents des miens dans leur façon de s’exprimer. En me redonnant de la valeur, en m’affirmant j’ai ouvert mon cœur, et redonné de la valeur à l’homme.
Être à l’écoute nécessite d’éviter certains pièges : par exemple, vouloir faire plaisir à l’autre alors que l’on a pas de désir est un manque de respect pour soi comme pour l’autre. Un vrai non débouchera sur un vrai oui en sachant qu’il y a mille manières d’être dans une relation intime favorisant le rapprochement, le plaisir, la complicité. Sachez aussi à quoi vous dites non afin de pouvoir vous ouvrir à ce qui serait juste pour vous sans fermer totalement la porte à la rencontre. Faire l’amour ne se limite pas à la pénétration !
Il ne s’agit pas tant de lui dire comment faire ou de lui dire notre mécontentement ou nos frustrations, il s’agit de le guider en lui disant ce qui nous fait plaisir dans l’instant, verbalement, ou en laissant parler son corps. Cela va vous demander de vous donner le droit au plaisir, de l’investir totalement, de jouer avec dans la sensualité, ce qui va guider et attiser le plaisir de votre partenaire. Écouter son plaisir ce n’est pas attendre un super orgasme en se disant « Y a rien qui vient ! ». Centrée dans l’instant cela va être d’être en phase avec son énergie sexuelle et la sentir circuler, ou d’accueillir des petites sensations, un bien-être diffus, peut-être juste l’envie d’être contre l’autre, à partir de là, dans une respiration plus calme, une détente, peut naître un élan plus fort, un désir en forme de vague qui vous prend vous emmène et vous emporte l’un et l’autre dans une synchronicité de sensations.
Il ne s’agit pas d’entrer dans une sexualité masculine en suivant le rythme de l’homme qui sera plutôt à tendance rapide ou soutenue, mais de savoir goûter, savourer ce qui ce passe en s’arrêtant sur ce qui est en train de se passer, en se relaxant, en respirant profondémentde manière à ce que l’énergie sexuelle accumulée dans les organes génitaux puisse circuler et envahir le reste du corps.
Cela demande à oser l’inviter à vous rejoindre dans cet espace parce que c’est là qu’est votre plaisir. Lorsque l’homme est dans l’action il n’est pas dans le ressenti, il ne se laisse pas non plus toucher, à tous les sens du terme. Si la femme l’invite à entrer dans son ressenti en ralentissant le rythme, il va s’ouvrir et dans cette ouverture la rencontre peut se faire, une rencontre de cœur à cœur, corps à corps, d’âme à âme. Là, les deux amants vont se sentir nourris d’amour, dans une proximité profonde, non pas de surface. Là est le changement parce qu’il y a rencontre, partage…
Cet amour se ressent au niveau énergétique par des vibrations particulières.
Dans cet espace plus doux, le vagin se détend et les sensations peuvent alors se diffuser, se transformer en vibrations, en vagues, l’homme aussi peut apprendre à percevoir d’autres sensations au niveau de son pénis qui ne naissent pas dans le mouvement bien au contraire. C’est par son sexe que l’homme transmet son amour, car son énergie est pénétrante, c’est le propre de l’énergie masculine. Dans cet espace de pénétration cet amour peut être recueilli, accueilli reconnu au niveau du vagin. En percevant cet amour qui vient du sexe vous pouvez le porter dans l’espace du cœur avec la conscience, l’attention, la présence.
Ressentir cet amour est très guérissant lorsque l’on a été blessée sexuellement, la femme va se sentir respectée, honorée, aimée, elle va alors s’ouvrir encore plus à l’énergie masculine. Si l’homme se sent ainsi reçu au niveau du sexe, il va ouvrir son cœur. Les deux partenaires sont alors dans le donner/recevoir, complémentaires dans leur énergie yin et yang, l’énergie d’amour va adoucir l’énergie sexuelle, l’énergie sexuelle va attiser l’amour. Un cercle se forme de l’un a l’autre, il n’y a plus de séparation.
Image: Robby Donaghey | Spiritual Artwork | www.artisticgenius.com/
Plus vous serez à votre écoute plus vous allez affiner vos perceptions et sentir aussi où est votre partenaire. S’il est trop centré sur vous il risque d’être déconnecté de ses sensations au profit de votre plaisir. Vous allez le sentir et vous pourrez alors l’inviter à se recentrer et à entrer dans son propre plaisir. Il a parfois besoin de cette autorisation. Si la femme est dans son plaisir, qu’elle l’entretient, en invitant l’homme à entrer dans le sien cela va recréer une forme de fluidité naturelle entre les 2 corps. D’une manière métaphorique on pourrait dire que dans la sexualité, l’homme est celui qui donne l’impulsion électrique, la femme est celle qui transmet ou conduit le courant… Cette transmission peut prendre naissance dans l’énergie du feu en entrant dans votre côté plus animal, plus sexuel si votre corps vous guide instinctivement dans cette énergie. Vous serez alors l’un et l’autre dans l’aspect yang de la sexualité puis au bout d’un moment sentir que votre corps passe à une autre vitesse de croisière, il entre dans l’aspect yin et aura besoin de se relaxer, de s’abandonner à des sensations plus douces plus subtiles et peut-être de vous faire entrer dans un espace plus extatiquo-méditatif.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire ce n’est pas la femme qui prend les rennes, elle prend tout simplement sa place dans une complémentarité avec l’homme. Elle va l’inviter à explorer le côté féminin de la sexualité, ce côté qui fait trop souvent défaut et qui fait qu’il y a tant de frustrations. En se donnant le droit d’explorer toute sa palette de sensations elle va permettre aussi à l’homme d’explorer les territoires de son féminin intérieur, devenir plus réceptif sans pour autant qu’il perde de son yang, bien au contraire. Un homme qui s’ouvre prend une autre consistance, car se sentant valorisé dans son côté masculin il osera plus facilement entrer dans sa réceptivité. Une femme qui honore sa féminité rayonne de l’intérieur, elle n’est ni fille, ni objet de désir, ni mère… À vous de découvrir ce joyau !
Pour que l’alchimie opère dans cette forme d’initiation, le couple aura besoin d’une bonne communication, une confiance mutuelle, beaucoup d’amour, une grande capacité d’ouverture, le désir d’explorer et d’instaurer une certaine qualité et le temps nécessaire pour que cela s’installe. La femme est l’avenir de l’homme chantait Ferrat…
~ Catherine Weissbrodt-Delorme
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Pour aller plus loin :
Découvrez l’extrait du livre
La femme initiatrice dans la relation amoureuse
de Catherine Delorme
… La femme devrait apprendre à accueillir l’homme tel qu’il est. Surtout s’il est comme vous dans une démarche de conscience, il se cherche aussi et désire s’améliorer car il souhaite vous aimer d’une manière plus juste. Peut-être n’avancez-vous pas au même rythme ou de la même manière ?
En général, lorsque nous cherchons à changer l’homme, nous pouvons être certaines d’être dans la projection. L’homme nous renvoie quelque chose que nous souhaiterions changer, mais que nous projetons sur lui. Nous devons donc vérifier ce que nous cherchons vraiment à changer afin d’être plus juste avec nous-mêmes et avec notre partenaire.
Je remarque que les femmes cherchent à changer leur partenaire lorsque celui-ci ne comble pas leur besoin d’affection et d’intimité comme elles le souhaiteraient. Elles vont lui reprocher d’être trop dans sa tête, de trop en faire, de ne pas être présent même s’il est là physiquement, de ne pas être assez aimant dans la sexualité.
Pour beaucoup d’hommes, ce n’est pas naturel d’être sensible et réceptif. Dans les stages que j’anime pour les hommes, il y a une grande majorité d’hommes sensibles qui souffrent de ne pas trouver leur place dans le monde des hommes, ils se sentent à part et il leur manque un aspect d’eux plus viril. Pour d’autres, la sensibilité a été tellement cloisonnée qu’ils ont du mal à y accéder. C’est la femme qui peut l’aider à retrouver ce chemin. Si la mère n’a pas su remplir ce rôle, il sera en défense par rapport à la femme et aura de la difficulté à se laisser initier. Ou alors, il cherchera une mère aimante et se comportera comme un petit garçon. Si sa femme cherche à le changer en étant dans le reproche et la critique, soit il se blindera un peu plus, soit il tentera de bien faire et de correspondre aux attentes de sa femme qui ne sera toujours pas satisfaite, car elle souhaite qu’il incarne vraiment sa part réceptive et non pas qu’il essaie de lui faire plaisir à partir de son mental. Il ne faut pas oublier que l’homme est naturellement polarisé sur le faire. S’il est sans arrêt critiqué dans sa manière de faire, surtout dans l’intimité, il risque de perdre totalement confiance en lui et se sentir castré.
Tant que l’homme ne plonge pas dans l’expérience intime de sa propre vulnérabilité et réceptivité, il ne peut pas répondre aux demandes de sa partenaire. Il cherchera à faire face à l’inconnu d’un point de vue rationnel, alors que la réceptivité et la vulnérabilité font partie du monde des sens. Et même lorsqu’il en fera l’expérience, il ne le vivra pas comme la femme. Mais au moins, ils pourront trouver des terrains communs sur lesquels se rencontrer vraiment.
La femme qui veut changer l’homme ne sait pas non plus investir totalement sa part féminine. Elle va projeter ce manque sur l’homme en lui demandant d’être dans un espace où elle n’est pas non plus capable d’aller. Elle va attendre de lui un amour réparateur qu’elle n’a pas conquis elle-même. Elle vit bien souvent une énorme colère contre l’homme en général qu’elle tente d’éviter en demandant à l’homme d’être un idéal d’amour… (à suivre)
La femme initiatrice dans la relation amoureuse
de Catherine Delorme
Slow Sex : Faire l’amour en conscience
de Diana et Michael RICHARDSON
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