La nouvelle littérature
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/02/2023
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Un jour prochain, on verra des files d'attente de lecteurs et lectrices pour une dédicace signée par un robot. La nouvelle littérature est en marche.
Sans oublier la réécriture de l'ancienne littérature pour faire disparaître des termes qui choquent la bien pensance.
L’éditeur de Roald Dahl supprime des mots jugés trop offensants dans ses livres
Des mots employés dans des ouvrages de l’auteur, jugés dégradants, comme « gros, petits hommes, hideuse… », ont été modifiés par son éditeur, Puffin.
Par LePoint.fr
https://www.lepoint.fr/culture/l-editeur-de-roald-dahl-supprime-des-mots-juges-trop-offensants-dans-ses-livres-19-02-2023-2509176_3.php
Publié le 19/02/2023 à 11h35
Temps de lecture : 2 min
Les critiques de certains lecteurs auront eu raison de certains extraits des œuvres de Roald Dahl. Comme l'indique The Daily Telegraph, l'éditeur Puffin a décidé de faire réécrire certains passages des livres pour enfants du célèbre auteur britannique, pour qu'ils puissent « continuer à être appréciés par tous aujourd'hui ». Des critiques ont ainsi été sollicités pour modifier différents contenus.
Parmi les principaux changements, l'apparence physique des personnages arrive au premier plan. Les mots « gros » et « laid » ont ainsi été supprimés de chaque nouvelle édition des livres. Dans Charlie et la chocolaterie, Augustus Gloop est ainsi décrit comme quelqu'un d'« énorme » tandis que Mrs Twit, dans The Twits, n'est plus « laide et bestiale » mais juste « bête ».
Des extraits offensants contre les femmes supprimés
Au total, plus d'une centaine de modifications ont été apportées aux écrits de Roald Dahl. De son côté, la Roald Dahl Story Company a assuré « qu'il n'est pas inhabituel de revoir la langue » lors d'un nouveau tirage et que tout changement était « petit et soigneusement étudié ». Certains extraits, jugés dégradants à l'encontre des femmes ont également été supprimés, remplacés par des termes non sexistes.
À LIRE AUSSIÉcole – Les revers de l'inclusion
Dans Sacrées Sorcières, un paragraphe expliquant que les sorcières sont chauves sous leur perruque se termine avec une nouvelle phrase : « Il existe plusieurs raisons pour lesquelles les femmes pourraient porter des perruques et il n'y a rien de mal à cela. » L'emploi de termes neutres est aussi devenu la norme. Dans Charlie et la chocolaterie, les fameux Oompa Loompas étaient décrits comme de « petits hommes » et sont désormais qualifiés de « petites personnes », de même que les « hommes-nuages », qui sont devenus des « gens-nuages », dans James et la Pêche géante.
À LIRE AUSSIÉcriture inclusive : « On caricature le débat »L'ensemble de ces transformations ont été effectuée en collaboration avec Inclusive Minds, « un collectif de personnes passionnées par l'inclusion et l'accessibilité dans la littérature pour enfants », selon son porte-parole. Mais ces modifications ne font pas que des heureux et ont été vivement critiquées par Salman Rushdie sur Twitter. « Roald Dahl n'était pas un ange mais c'est une censure absurde. Puffin Books et la succession Dahl devraient avoir honte », a fustigé l'écrivain.
Au moins 200 livres créés avec ChatGPT ont été publiés sur la boutique Kindle d’Amazon
La boutique Kindle d’Amazon contient au moins 200 livres produits en utilisant ChatGPT. Un problème pour les vrais auteurs car leurs œuvres se retrouvent noyées dans une masse de publications de faible qualité. Si ce mouvement, movité par l'appât du gain, ne doit pas faire craindre un bouleversement de l’industrie du livre, il appelle néanmoins à de nouvelles régulations en matière de droits d’auteur.
Mélicia Poitiers
22 Février 2023 \ 17h45
3 min. de lecture
https://www.usine-digitale.fr/article/au-moins-200-livres-crees-avec-chatgpt-ont-ete-publies-sur-la-boutique-kindle-d-amazon.
© Felipe Pelaquim
Le 21 février 2023, Reuters a dévoilé que la boutique Kindle d’Amazon – dédiée à l’achat de livres électroniques pour sa liseuse éponyme – contient au moins 200 ouvrages pour lesquels ChatGPT est répertorié comme auteur ou coauteur. Un chiffre qui ne représente qu'une fraction de la réalité, car les conditions d'utilisation du géant américain n'exigent pas que les auteurs mentionnent l'usage de systèmes d’intelligence artificielle de ce type.
L'origine du phénomène est simple : des opportunistes tentent de générer rapidement de l'argent en demandant au générateur de texte d’OpenAI de créer des livres électroniques, puis en les publiant via Kindle Direct Publishing, la branche d'auto-édition d'Amazon.
Un nouveau business… pas vraiment rentable
Les livres illustrés pour enfants sont les plus ciblés. Sur le Kindle store, ChatGPT est par exemple à l’origine du conte The Power of Homework, d’un recueil de poésie intitulé Echoes of the Universe, ou encore de The Wise Little Squirrel : A Tale of Saving and Investing, une histoire pour enfants dans laquelle un écureuil trouve une pièce d'or et découvre l’intérêt de l’épargne et de l’investissement. L’ouvrage de trente pages, entièrement écrit et illustré par des outils de génération automatique d'image ou de texte, est vendu 2,99 dollars pour la version numérique et 9,99 dollars pour la version imprimée.
Depuis la sortie très remarquée de ChatGPT en novembre dernier, des centaines de tutoriels YouTube donnent des "idées de business" pour gagner de l’argent avec le système, parmi lesquelles "l’écriture et la publication d’un livre" en quelques heures. Mais comme toujours, les auteurs de ces tutoriels gagnent plus grâce à l'audience de leurs contenus (et aux services payants dont ils font la promotion) que ce que leurs idées ne rapportent à leurs auditeurs. L’auteur du livre en question aurait touché moins de 100 dollars depuis sa sortie en janvier.
"Beaucoup d’auteurs vont se retrouver au chômage" ?
Ce qui n’empêche pas les craintes de certains acteurs du secteur : "C'est quelque chose qui doit vraiment nous inquiéter, ces livres vont inonder le marché et beaucoup d'auteurs vont se retrouver au chômage", a déclaré Mary Rasenberger, directrice exécutive de l'Authors Guild, la plus grande organisation professionnelle américaine d'écrivains.
Le message, insinuant que ChatGPT va bouleverser l’industrie du livre, est peut-être un peu fort. Cela "fonctionne" dans l’auto-édition, mais ce système compte déjà beaucoup d’auteurs qui ne rencontrent qu'un succès mitigé. La majorité des lecteurs préfèrent toujours s’en tenir aux sélections des grands éditeurs. Le schéma classique et toujours largement plus répandu est le suivant : un auteur propose son texte au comité de lecture de l’éditeur qui décide ou non de le faire rentrer dans le cercle (souvent très fermé) des auteurs publiés.
"Il doit y avoir une transparence de la part des auteurs et des plateformes sur la façon dont ces livres sont créés", poursuit Mary Rasenberger. Sur ce point-là, elle n’a pas tort, et il y a fort à parier que si cela est fait, les lecteurs préféreront acheter des œuvres émanant du travail d’un être humain.
Clarkesworld a dû geler toute nouvelle soumission de textes
Dans le même temps, Clarkesworld, un magazine américain spécialisé dans la publication de collections de nouvelles de science-fiction, submergé de textes écrits par l’intelligence artificielle (la publication a banni plus de 500 utilisateurs ce mois-ci pour avoir soumis du contenu suspecté d'être assisté par l'IA) a dû geler toute nouvelle soumission de textes sur son site. Clarkesworld est l’un des rares éditeurs à accepter de publier des textes venants d’auteurs encore inconnus, et de les rémunérer (12 cents par mot), ce qui en fait une cible de choix.
Son rédacteur en chef Neil Clarke envisage plusieurs possibilités pour combattre le problème, telle que l’introduction de soumissions payantes, même s’il assure qu’il regretterait de devoir en arriver là, que ces "changements imposés par des fraudeurs n’entraînent un nombre croissant d’obstacles pour les nouveaux auteurs".
Un problème de plagiat difficile à réguler
L’utilisation de ChatGPT, de Google Bard et de tout autre générateur de texte basé sur l’IA à des fins commerciales, pose avant tout un problème de plagiat. Dénué d’imagination, ces systèmes ne font que réutiliser des contenus créés par l'homme à l'insu des auteurs originaux ou en tout cas sans leur autorisation.
La solution la plus envisageable reste alors d’imposer une citation claire des sources. D’ailleurs, notons que l’article 3 des conditions générales d’utilisation d’OpenAI, mentionne explicitement le transfert de tous les droits à l’utilisateur (les textes de ChatGPT appartiennent donc à la personne qui les a générés), mais qu’elles interdisent de présenter le contenu comme s’il était généré par un humain. Ce qui, à priori, n’est pas respecté, et de toutes façons très difficile à détecter puisqu’ils recoupent, combinent et même paraphrasent plusieurs sources...
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