La vie moderne

 

http://www.qobuz.com/info/Qobuz-info/Video-du-jour/Joshua-Bell-fait-la-manche-dans-le8742

Un musicien de rue était debout dans l'entrée de la station "L'Enfant Plaza" du métro de Washington DC.


C'était un matin froid, en janvier.
Il a joué durant quarante-cinq minutes.
Pour commencer du Bach, puis l'Ave Maria de Schubert, du Manuel Ponce, du Massenet et de nouveau Bach.

A cette heure de pointe,
il était près de 8h du matin, quelque mille personnes ont traversé ce couloir, pour la plupart en route vers leur travail
Celui qui a marqué le plus d'attention fut un petit garçon d'environ trois ans.
Sa mère l'a tiré, pressée, mais l'enfant s'est arrêté pour regarder le violoniste.
Finalement sa mère l'a secoué et agrippé vivement afin qu'il reprenne le pas.
Toutefois, en marchant, l'enfant a gardé la tête tournée vers le musicien
Durant les trois quarts d'heure de jeu du musicien,
seules sept personnes se sont vraiment arrêtées pour l'écouter un temps.
Il a récolté en tout et pour tout 32 dollars !
Quand il a eu terminé de jouer
personne ne l'a remarqué.
Personne n'a applaudi.
Une seule personne l'a reconnu, sur plus de mille .
Personne ne se doutait que ce violoniste était Joshua Bell, un des meilleurs musiciens sur terre.
Il a joué dans ce hall les partitions les plus difficiles jamais écrites, avec un Stradivarius de 1713 valant 3,5 millions de dollars !

Deux jours avant de jouer dans le métro, sa prestation au théâtre de Boston était «à guichet fermé» avec des prix avoisinant les 100 dollars la place.

C'est une histoire vraie

L’événement Joshua Bell, jouant incognito dans une station de métro, a été organisé par le « Washington Post » dans le cadre d'une enquête sur la perception, les goûts et les priorités d'action des gens.
Les questions étaient :
• dans un environnement commun, à une heure inappropriée, pouvons-nous percevoir la beauté ?
• Nous arrêtons-nous pour l'apprécier ?
• Pouvons-nous reconnaître le talent dans un contexte inattendu ?


Une des possibles conclusions de cette expérience pourrait être :

Si nous n'avons pas le temps pour nous arrêter et écouter l'un des meilleurs musiciens au monde jouant quelques-unes des plus belles partitions jamais composées, à côté de combien d'autres choses exceptionnelles passons-nous ?

Est-ce donc cela la vie ?

Et lorsque une personne va passer des heures à regarder des arbres, assise, immobile, à écouter le chant des oiseaux ou le murmure d'un ruisseau, et qu'elle ne travaille pas, qu'elle n'a aucune activité sociale, beaucoup diront que cette personne est marginale, hors cadre, que c'est une personne "bizarre". Et que toutes les autres, celles qui courent au travail, sont des gens normaux, dans une vie normale, avec des occupations normales.

La vie moderne. 

Il ne s'agit pas de critiquer les gens qui ont un travail et y courent. Je l'ai fait pendant 37 ans. La question à se poser est de savoir si c'est une vie normale, si c'est un mode de vie qui mérite l'importance qu'on lui accorde, si c'est une vie qui nous comble ou une vie qui nous désagrège.

Il est clair que ma situation de retraité plaide pour ce genre de réflexions et que je n'avais pas vraiment le temps, ni encore moins l'envie de me poser ces questions lorsque j'étais responsable de trente enfants dans ma classe. Je pense aujourd'hui que l'absence profonde de questions ne venait que d'une chose : la peur de réaliser que tout cela était "anormal" et d'y avoir pourtant consacré toute mon énergie. C'est un phénomène connu que celui qui nous fait continuer dans une voie alors qu'on sait qu'elle n'est pas la meilleure, uniquement au regard de tout le chemin déjà parcouru. S'arrêter revient en fait à s'avouer que pendant des milliers de jours, on s'était trompé. 

 

 

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