Le bonheur de la folie douce
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/04/2022
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C'est un texte à double tranchant ou à double face.
On ne parle évidemment pas de la folie psychiatrique mais d'une "folie douce", une folie existentielle.
Si on se place du côté de celui qui est "hors cadre", on peut supposer qu'il sera apaisé, voire réjoui de constater que quelqu'un d'autre vit dans la même dimension, avec le même regard. Personnellement, je me demande toujours pour quelles raisons il faudrait connaître quelqu'un qui soit semblable à soi pour, enfin, se sentir bien. L'essentiel étant de se sentir bien avec soi-même.
C'est vrai que ça dépend de sa propre capacité à vivre isolé. A ce qu'il paraît, l'humain est un être grégaire. Il n'est pas certain qu'il ait retiré le meilleur de cette tendance de fond.
Il n'en reste pas moins que ce texte me dérange dès lors qu'on peut y voir également la folie de la masse. Combien sont-ils ces gens qui se sentent bien à vivre "comme les autres", à se sentir comme un poisson dans l'eau lorsque l'eau grouille de congénères. S'agit-il d'un état de conscience ou d'une certaine hallucination collective ?
Le fou est-il nécessairement une personne "hors cadre" ?
La masse ne pourrait donc pas être folle parce qu'elle regroupe un nombre considérable d'individus et que tous ces individus ne peuvent pas être tous fous... ?
Mais si, bien entendu, que la folie peut être collective et que l'individu, seul, "hors cadre", peut dès lors être totalement sain d'esprit.
Le nombre ne fait pas la raison et la raison peut être totalement détournée par le nombre car le nombre n'est pas nécessairement dans une démarche de réflexion. Il suit le courant.
Beaucoup de gens voient le monde d'une façon unique et cela ne signifie pas que ce monde soit sensé. Et beaucoup de ceux qui vivent dans une dimension unique sont considérés par la masse comme étant dérangés.
Finalement, est-il si réconfortant de savoir que d'autres nous ressemblent ?... Ne vaudrait-il mieux pas cultiver sa propre folie, dès lors qu'elle nous réjouit, sans pour autant chercher à tous prix d'autres fous identiques ?
L'idéal, au final, ne serait-il pas de trouver juste une personne suffisamment folle pour aimer partager sa propre folie avec la nôtre. Deux fous, c'est bien suffisant pour un bonheur commun. Cela, pour que ça advienne, demande avant tout que chacun des deux individus soit heureux de sa folie car aucune rencontre n'est possible si l'état intérieur de chacun n'est pleinement et sereinement vécu.
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