Le désir métaphysique
- Par Thierry LEDRU
- Le 30/09/2017
- 0 commentaire
"Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" Leibniz
« Que l’esprit humain renonce une fois pour toutes aux recherches métaphysiques, on doit tout aussi peu s’y attendre qu’à nous voir, pour ne pas respirer un air impur, préférer suspendre totalement notre respiration. » Emmanuel Kant.
Cette métaphysique est pourtant bien souvent perçue comme une pure spéculation, une vue de l’esprit ne tenant pas compte de la réalité, cette fameuse « réalité » qui sert de fondement à tout esprit cartésien et logique. Kant s’est évertué à montrer, à juste titre, que le domaine de la métaphysique se situe hors de portée de la raison, que les procédures scientifiques de vérifications y sont inopérantes. Pour lui, « il est nécessaire d’abolir le savoir pour laisser place à la croyance. »
Cette croyance ne peut pas devenir une vérité ou une connaissance étant donné que les inquiétudes fondamentales qui la constituent sont individuelles dans leurs développements. Il n’y a pas d’universalité dans la métaphysique.
Alors que les scientifiques y voient la raison même de sa subjectivité et donc de son incapacité à devenir une vérité fondamentale, j’y vois l’opportunité d’une liberté. C’est parce que la métaphysique n’entre pas dans le champ de la connaissance scientifique qu’elle préserve son indépendance.
Bien entendu, elle reste du coup sous l’emprise des plus farfelus…Mais la science, elle-même, n’est pas à l’abri des développements les plus néfastes…Inutile d’en faire la liste. La raison n’a pas mis l’humanité à l’abri de la folie humaine.
La métaphysique s’attache aux intérêts théoriques les plus hauts de la raison sans répondre pour autant aux critères rigoristes de la science. Est-ce pour autant qu’elle ne mérite pas d’attention ? Doit-elle être considérée comme une illusion ou un cheminement vers une vision macroscopique du phénomène vital.
« Qui suis-je, où vais-je, dans quel état j’erre ? »
Tournure humoristique mais qui reflète quelque peu l’image associée à ce genre d’interrogations. Evidemment qu’aucune expérience scientifique ne pourra résoudre l’énigme. Certains se demanderont d’ailleurs le sens et l’intérêt de cette énigme, entrant par là même dans le champ de la métaphysique en s’imaginant la critiquer…
« Les lois de la physique n’existent aucunement dans l’espace et dans le temps. Tout comme les mathématiques, elles ont une existence abstraite. Elles décrivent le monde mais elles ne sont pas « dedans ». Néanmoins, cela ne signifie pas pour autant que les lois de la physique sont nées avec l’Univers. Si tel était le cas, si l’ensemble de l’Univers physique et des lois étaient issues de rien, nous ne pourrions alors pas recourir à ces lois pour expliquer l’origine de l’Univers. Aussi, pour avoir quelque chance de comprendre scientifiquement comment l’Univers est apparu, nous devons admettre que les lois elles-mêmes ont un caractère abstrait, intemporel, éternel. » Paul Davies.
Ce que je comprends dans ce texte, c’est que le fait d’avoir identifié les lois qui régissent l’Univers n’explique pas pour autant l’établissement antérieur de ces lois.
C’est comme si on s’appliquait à décrire les ingrédients d’un repas et les phénomènes expliquant leur croissance dans la Nature mais sans jamais s’interroger sur le fait que ces ingrédients existent « à priori » avant même d’être insérés dans la Nature. Ou alors, c'est qu'ils auraient la capacité à jaillir de "rien", spontanément.
Est-ce que la Vie jaillit "spontanément" ?
Y a-t-il une « pensée » élaborant le principe de Vie avant même que les mulitudes de formes de vie ne prennent forme ?
Y a-t-il une « intention » antérieure à la création de l’Univers ?
Comment pourrait-on concevoir que quelque chose d’aussi incommensurable dans sa complexité puisse être issu de rien ?.....
Mais alors, si cela s’avère exact, qu’y a-t-il avant la Création ?
« Toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique. » René Descartes.
Il est curieux de constater à quel point les scientifiques ont fini par effacer cet intérêt primordial du discours cartésien…
Il convient au contraire de ne pas étouffer ce désir d’horizon.
Ajouter un commentaire