Les Indifférents
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/02/2013
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J'ai passé pas mal de temps sur le net depuis deux jours, à lire divers sites, blogs, forums. A lire aussi les infos "officielles" et puis les sites d'infos parallèles, celles qui cherchent à ouvrir les yeux.
Il y a une euphorie communicative et une force immense qui se déploient sur la toile. Rien de bêtement joyeux ou de niais mais une lucidité de plus en plus intense. J'ai l'impression que les Puissants perdent la partie, que la masse se retourne, que les consciences s'éveillent.
Et puis, il suffit que je sorte et que par malheur, des obligations m'amènent à rejoindre une ville pour avoir l'impression de croiser des milliers "d'Indifférents". Ceux qui s'agitent devant des vitrines ou visitent fiévreusement tous les magasins, qui s'assoient à une terrasse pour "boire un coup", qui discutent du dernier PSG-OM ou de la dernière édition de "the voice". Cette impression de côtoyer des gens immatures, des consommateurs chroniques, des hallucinés.
J'ai repensé à tout ce que j'avais lu ces deux jours et je ne comprenais pas cette distance immense entre ce monde de la ville et celui de la Toile. Comme s'il existait un espace futil et un espace spirituel et que les deux mondes évoluaient dans deux univers parallèles.
Simultanément, j'avais le sentiment que cette indifférence nourrie de l'artificiel était extrêmement fragile, qu'un rien suffirait à l'ébranler, à en saper les fondements. Sans doute que cette crise financière et économique a ce pouvoir. Malheureusement. Car tout cela est forcé, tout se fait sous la contrainte et on sait, historiquement, que les crises imposées sont suivies de rebonds tout aussi hallucinés pour la simple raison qu'il ne s'agit pas d'un travail sur soi, sur la conscience mais juste d'une souffrance au regard de ce qu'on croit avoir perdu. Alors qu'il n'y avait fondamentalement rien du tout. Comme si le pouvoir d'achat avait un réel pouvoir sur la conscience de la vie. Un pouvoir d'effacement certainement mais absolument pas un pouvoir d'éveil.
Alors, ces Indifférents pourront-ils un jour changer de voie ?
Je pense qu'il est préférable d'être indifférent que convaincu. L'Indifférent n'a pas d'ancrage, il suit le courant. Il suffit par conséquent qu'un mouvement puissant se dégage pour qu'il éprouve le besoin de sy intéresser. Il ne vit que dans le mimétisme alors que le convaincu est un être borné, fermé.
Personnellement ma seule conviction est de n'être convaincu de rien. Je suis même ouvert à l'idée que les politiciens peuvent contribuer à faire le Bien...C'est dire si je reste ouvert...
Je ne suis pas Indifférent. Je cherche à connaître, à comprendre, à élargir mon champ de vision. Je refuse les conditionnements et les mouvements de masse lorsqu'ils ne sont que des mimétismes reproduits.
Je ne sais pas d'où viendra le déclencheur d'un mouvement libérateur des consciences. J'espère qu'il ne s'agira pas d'un individu alliénant la masse, j'espère qu'il ne s'agira pas d'un prophète, on a déjà testé, c'est un échec cuisant dont on paie encore les dégâts, j'espère que rien d'identifiable ne permettra de situer le moment clé, qu'il n'y aura aucune raison historique, que personne ne pourra s'en attribuer la paternité.
Les Gandhi, Luther King, Krishnamurti, Bouddha et autres personnalités charismatiques n'ont pas réussi à changer la masse. Justement parce qu'il y avait un attachement, une appartenance, une reconnaissance, des clans, des adeptes, des inconditionnels...
Le mouvement ne viendra pas de nous, d'aucun homme en particulier. Je pourrais en être convaincu si je succombais à la prétention d'une telle prédiction. C'est juste que l'Histoire de l'Humanité n'a jamais montré un tel exemple. Rien n'a jamais duré.
Chaque homme deviendra ce qu'il porte au plus profond en allant l'extraire lui-même.
Il faut déjà cesser d'être indifférent à ce potentiel.
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