Les lecteurs ne comptent pas

C'est très symptomatique d'un mal profond.

Les médias décident de ce qui est bon ou pas, une nomenklatura "intellectuelle", le parisianisme dans toute sa "splendeur".

Et je sais de quoi je parle vu qu'un éditeur m'avait répondu que je savais écrire mais que j'avais un défaut rédhibitoire.  Je n'étais pas Parisien et je ne connaissais personne de connu.

Consternant.

Il ne reste plus qu'à vous, lecteurs et lectrices, de faire savoir ce que vous pensez et pas ce qu'on aimerait que vous pensiez.


Article
19 juin 2013

« On n’est pas couché » invite Agnès Martin-Lugand : que de mépris !

Agnès Martin-Lugand est maintenant plus célèbre pour son aventure littéraire que pour sa littérature : elle dépose son ouvrage sur le net en Décembre 2012, se retrouve trois mois plus tard en tête du hit parade du numérique d’Amazon avec plus de 8500 exemplaires vendus.

Elle est alors contactée par Michel Lafon qui décide de l’éditer, en respectant ses exigences. Les ventes démarrent. L’aventure est close et l’auteure est heureuse. Lui restera à prouver si elle est une vraie écrivain dans le temps ou tout du moins une écrivain honnête, ce qui est une autre histoire, la sienne. Mais on a envie de bien l’aimer quand à la question : quand devient on un auteur ?  Elle répond « quand on a un lecteur ». Car c’est la vraie question.

 

Ce conte moderne ou la fée bienfaitrice s’appelle internet, est symboliquement un signal fort sur la révolution de l’édition.  Il ne faut pas s’y tromper : le vrai débat est sur le dysfonctionnement des Maisons d’édition et leurs incapacités à révéler et surfer dignement (mais aussi commercialement) sur ce qui plait aux lecteurs. Il n’est pas question ici de parler de qualité (elles en sont capables). Mais nous le savons bien : elles sont toutes prêtes à plonger pour « Cinquante nuances de gris » ou pire si cela peut les sauver. Demain quel sera le vrai circuit pour se faire éditer quand on est inconnu (et qu’on a peut être du talent) ?

 

La télévision est sensée porter ces messages modernes et nous aider à comprendre l’aventure d’Agnès Martin-Lugand à travers son autopromotion accélérée sur les réseaux sociaux, nous faire comprendre en quoi elle est annonciatrice d’une nouvelle révolution de l’édition: le pouvoir est aussi à ceux qui lisent, pas seulement à ceux qui décident ce que l'on va lire. .

Agnès Martin-Lugand accède à la célébrité paradoxalement mieux que les journalistes qui l’interrogent et qui bénéficient eux de réseaux d’influence. Les temps changent.

 

Nous assistons à une descente en règle de notre écrivain à l’émission de Ruquier, expliquant que ce n’était pas du Proust (Marcel est donc le référent de ce que l’on doit sortir, c’est nouveau), que c’était un roman de gare (on ne peut donc plus lire dans les trains), qu’elle était psychologue et que c’était d’autant plus décevant (nos anciens métiers font de nous des bons ou mauvais écrivains). .. Et les journalistes de lire sur des tons grotesques la prose de notre invitée (Même Rimbaud n’y aurait pas résisté)…

 

Mais la palme de l’incompréhension revient à  Aymeric Caron qui déclare : « ...puisque le livre est mauvais, il n’a pas trouvé d’éditeurs ». Cela est grave, car (outre les milliers de livres édités de qualité désastreuses) cela témoigne de l’incompréhension de ce qui est entrain de se produire sur le marché du livre. Cette auteure a trouvé un éditeur malgré l’archaïsme des éditeurs (sauf un) par la seule magie de la rencontre d’un auteur et de ses lecteurs. Ces lecteurs ne se sont pas demandés s’ils lisaient du Proust, et s’ils avaient le droit de lire dans le train, et si l’auteure était une bonne psy. Cela signifie que pour une partie de la nomenklatura journalistique, le lecteur compte pour du beurre. Pas étonnant qu’on lise de moins en moins…

Christophe lucius

http://www.monbestseller.com/actualites-litt%C3%A9raire/1110-on-nest-pas-couche-invite-agnes-martin-lugand-que-de-mepris

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