Les ordures de Marseille
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/10/2021
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Oui, le titre prête à confusion.
Volontairement.
Lorsque Léo, notre benjamin, était étudiant à Marseille, j'ai eu à rayonner quelque peu dans la ville et j'étais effaré par cette saleté ambiante. N'importe quel bord de chaussée, talus, fossé, espace vert, trottoir, caniveau etc... est jonché de canettes, cartons de pizza, plastiques, sac de McDo, bouteilles de verre, paquets de cigarettes, des détritus en pagaille, des sacs de poubelle jetés de la voiture, partout.
Dans les commentaires qui suivent cet article, tout le monde tape sur les éboueurs qui étaient en grève. Mais c'est une fausse explication. La raison principale tient dans le comportement des habitants. Uniquement. La qualité du ramassage des ordures ne pourra jamais pallier l'incivisme et la bêtise des gens.
Deuxièmement, j'aimerais voir émerger dans un gouvernement quelqu'un capable de taxer directement sur les bénéfices, les entreprises qui multiplient les emballages. C'est à la source du problème qu'il faut remonter. Et que ces taxes ne puissent pas être reportées sur le prix des produits.
Mais l'élément primordial reste et restera toujours le comportement des gens.
Les ordures ne sont pas que par terre, elles sont également humaines.
Et maintenant, les associations vont se démener pour pallier les déficiences de la municipalité, les plages seront partiellement nettoyées et rien ne sera fait sur le long terme. Jusqu'à la prochaine fois et la suivante et la suivante...
Lorsque j'étais jeune, il m'est arrivé d'aller grimper dans les Calanques et le problème des déchets existait déjà. La surfréquentation était dénoncée mais surtout le comportement destructeur qui accompagne systématiquement les flux humains. Et rien n'a changé depuis sinon que l'accès aux Calanques a été limité. Et du coup, le problème d'incivisme se déplace ailleurs. Dans les gorges du Toulourenc par exemple. J'en ai déjà parlé ici.
Ce monde consumériste me dégoûte.
Méditerranée : tourisme, industrie, pollution.
Dans le cas présent, les habitants de Marseille ne peuvent pas accuser le tourisme de masse. On est en octobre, la foule est partie. Ce que les inondations ont balayé, c'est la population qui en est responsable. Maintenant, je ne suis pas "anti-Marseillais". Je sais très bien qu'il y a des gens respectueux là-bas, comme partout ailleurs. Et je suis désolé pour eux.
J'étais tout autant révolté lorsque nous vivions encore en Savoie de voir les déchets dans les fossés. Ou de trouver des contenants plastiques de nourriture énergétique sur les chemins de randonnée. Il n'aurait pas fallu que je tombe sur l'ordure qui se permettait de l'abandonner.
Ramassage des déchets, conséquences sur l'environnement... Trois questions sur la pollution des plages après les intempéries à Marseille
Avec l'alerte rouge aux pluies-inondations lundi, la ville de Marseille a été touchée par de très fortes pluies entraînant des inondations. Celles-ci ont charrié des tonnes de déchets dans la mer.
Article rédigé par
France Télévisions
Publié le 05/10/2021 16:14Mis à jour le 05/10/2021 17:21
Temps de lecture : 4 min.
Des déchets ont ruisselé jusqu'à la mer avec les fortes pluies à Marseille, le 5 octobre 2021. (NICOLAS TUCAT / AFP)
"Triste scène", s'est indignée la ministre de la Mer, Annick Girardin. A Marseille, les pluies torrentielles ont fait ruisseler les déchets entassés dans les rues, lundi 4 octobre, après une semaine de grève des éboueurs dans toute la Métropole. Eparpillés par les pluies, de détritus se sont déversés dans la mer Méditerranée. Franceinfo revient en trois questions sur cette pollution liée, avant tout, à un concours de circonstances.
Comment ces déchets ont-ils pu se retrouver dans la Méditerranée ?
Lundi, les Bouches-du-Rhône ont été placées en vigilance rouge aux pluies-inondations. A Marseille, il est tombé en une nuit "l'équivalent de plusieurs mois de précipitations", jusqu'à 180 mm d'eau, selon Météo France. Or ces fortes pluies sont tombées sur la ville après une semaine de grève des éboueurs, opposés à l'allongement de leur temps de travail. Et malgré une reprise du service durant le week-end, les déchets continuaient à s'amonceler dans les rues de la ville, bientôt balayées par les eaux.
"Les déchets sont partout. C'est une catastrophe !", a déploré auprès de l'AFP la biologiste Isabelle Poitou, directrice de l'association MerTerre. "Un fort Mistral est attendu et va maintenant pousser sur les plages ces déchets qui sont en train de descendre vers la mer, sous l'effet des pluies torrentielles qui agissent comme une chasse d'eau en lessivant les bassins versants", expliquait lundi soir la biologiste. Le fleuve côtier de l'Huveaune, en crue lundi d'après le site Vigicrue, a notamment emporté nombre de déchets vers la Méditerranée. Mardi matin, les internautes photographiaient déjà les plages souillées.
"A Marseille comme dans d'autres grandes villes du bord de la Méditerranée, les réseaux pluviaux ne sont pas raccordés aux stations d'épuration, sauf dans l'hyper-centre, où il y a 'un déversoir d'orages' qui stocke les eaux de pluie avant qu'elles ne soient traitées par la station d'épuration. Mais cela ne représente que 20% du territoire marseillais. A l'extérieur de cette zone restreinte, les déchets partent donc directement à la mer", ajoute la spécialiste.
Quelles sont les conséquences pour l'environnement ?
L'adjoint à la mairie en charge de la biodiversité marine, Hervé Menchon, dénonce sur Twitter un "écocide". Les déchets retrouvés sur le littoral à Marseille sont en grande partie faits de plastique, décrivait en mai dernier l'association Explore and Preserve auprès de France 3. "Or, sous l'eau, à l'abri de la lumière, il n'y a pas de date de péremption du plastique. Cette matière n'est pas biodégradable, le plastique est fabriqué pour être imputrescible", alerte Isabelle Poitou.
Résultat : s'ils ne sont pas ramassés, les déchets plastiques vont perdurer et menacer les écosystèmes marins. "Certains poissons, mollusques ou tortues les avalent (...) D'autres espèces peuvent aussi être blessées", décrit Isabelle Poitou. Selon l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), 95% des déchets plastiques flottants finissent dans les fonds marins, et deviennent donc inaccessibles et impossibles à nettoyer.
Comment le ramassage de ces déchets va-t-il s'organiser ?
"Ces déchets flottants vont être poussés par le vent d'Est, vers les plages du Frioul [une île au large de Marseille] par exemple. Il est indispensable de venir ramasser les déchets sur les plages mardi ou mercredi. Mais souvent, en dehors des périodes estivales, les nettoyages des plages ne sont pas prévus. Pourtant, il faudrait agir avant que les déchets ne soient éparpillés dans la mer au premier coup de vent", réclame Isabelle Poitou. Lundi, la métropole Aix-Marseille-Provence a mis en place des "dispositifs exceptionnels, notamment en matière de collecte des déchets".
Sur les plages, les ramassages, organisés par la Métropole et les associations, ont déjà commencé.
A plus long terme, le maire de Marseille souhaite récupérer la gestion des déchets, actuellement attribuée à la Métropole "à des kilomètres de Marseille sans compréhension de ce qu'il se passe", juge Benoît Payan sur franceinfo. La métropole "aurait dû anticiper l'alerte orange en mettant le paquet pour ramasser ces milliers de tonnes de déchets sur la chaussée". L'élu en appelle aux pouvoirs publics : "Ne laissez pas la ville de Marseille comme ça. Le pluvial, la voirie, le ramassage des déchets, le nettoiement, toutes ces compétences que la ville de Marseille n'a pas, ne peuvent plus nous échapper." Il dénonce une "situation écologique, environnementale et sanitaire insupportable".
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