Mémoire...cellulaire (3)
- Par Thierry LEDRU
- Le 05/03/2015
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Ce texte a pour objectif de donner un aperçu de la sophrologie analysante mais il est inévitablement très incomplet au regard des interventions d'un professionnel. Ce n'est donc qu'une vue très succincte de tout ce qui peut être fait dans le cadre de cette thérapie.
Les séances s’enchaînèrent. Paul avait validé les sophronisations de base, le canal de lumière, l’induction hypnotique. Il disait y avoir trouvé déjà un peu de soutien dans sa vie quotidienne. L’impression d’être accompagné et soutenu l’apaisait…
Yoann avait tenu à lui expliquer les trois États du Moi.
« Tu vois Paul, quand tu me parles de tes difficultés relationnelles dans ton travail ou des problèmes avec Emma, il faut bien comprendre que les émotions que tu perçois viennent de tes pensées elles-mêmes. Tout ça, c’est de l’interprétation mais je ne dis pas que c’est un mensonge que tu te fais. Tu trouves en fait dans tes pensées la validation de schémas que tu as construits durant toute ta vie. Il s’agit pour toi, inconsciemment, de perpétuer l’identification dans laquelle tu te reconnais. Dans le temps d’une vie, les multiples rencontres et expériences conduisent les individus à jouer à des rôles jusqu’au moment où ils finissent par penser qu’ils sont réellement ce ou ces personnages. Si tu veux, c’est comme des nourritures qui servent à te bâtir mais certaines sont toxiques. Malgré tout, elles seront ingérées, inconsciemment très souvent, parce que les conditions propres à chaque situation fabriquent un réseau de paramètres très vastes et complexes et il est très difficile parfois de s’y retrouver, de rester lucide, d’être capable d’analyser les faits ou les paroles.
-Il faut que tu sois plus clair là, Yoann.
-Nous avons tous besoin d’être rassurés, de nous sentir en sécurité. Mais pour y parvenir, parfois, notre mental, notre façon de penser, de vivre, notre quotidien, notre histoire personnelle, notre environnement social, familial, amoureux, professionnel, tout ce qui nous constitue en vient à nous égarer. Par manque d’observation, de conscience, de vigilance, d’humilité, de lucidité et de réflexions. Beaucoup de gens vivent dans un espace carcéral qu’ils ont eux-mêmes fabriqués, au fil du temps, des murailles qu’ils imaginent protectrices alors qu’ils y sont emprisonnés.
-Tu veux dire que je vis mal parce que c’est comme ça que je me reconnais.
-Je ne te parle pas d’automutilation, Paul ou de dolorisme. Tout ça est de l’ordre de l’inconscient. Il y a donc une priorité dans notre quotidien, c’est de parvenir à identifier le rôle que nous endossons selon les circonstances. Il y en a trois : l’Enfant, le Parent, l’Adulte. Écoute bien, maintenant, pas comme d’habitude.
-Quoi ? Pourquoi tu me dis ça ? Purée, je t’écoute comme jamais !
-Qu’est-ce que tu as ressenti ?
-Ben, ça m’a surpris que tu me dises ça et puis, cette voix autoritaire… J’ai eu peur que ça soit vrai, que je ne sois pas assez attentif.
-Et bien, tu étais dans le rôle de l’Enfant. Et moi dans celui de Parent normatif. Mais je sais bien que tu écoutes et que tu vas faire attention à ce que je dis. Tu sais bien que c’est important et que je suis là pour te protéger.
-Pourquoi tu prends ce ton mielleux maintenant ?
-Pour te montrer l’attitude d’un Parent nourricier. Quelques mots suffisent, une intonation, une posture. Pour l’instant, mes interventions font que l’échange est biaisé, influencé, perturbé parce que je ne suis pas dans un statut d’Adulte mais dans celui d’un Parent. Et du coup, parce que tu n’es pas bien dans tes baskets, tu tombes dans le statut d’Enfant. Tu vois, quand je te disais la dernière fois que tu n’étais pas responsable des autres mais responsable de la façon dont tu perçois leurs interventions. Il faut rester conscient de ce qui se joue et lorsque cette conscience est partagée, les relations se font réellement entre Adultes. Dans nos relations, dès lors qu’un intervenant agit dans un rôle qui n’est pas celui d’un adulte, les interlocuteurs risquent à leur tour de tomber dans un rôle néfaste, comme une adaptation malsaine mais uniquement parce qu’inconsciemment ou pas, cette attitude de leur interlocuteur va activer chez eux un comportement déjà validé et qui leur convient. Chacun, quand il n’a pas clairement établi ce qu’il est, adapte son comportement et ses propos. C’est le meilleur moyen pour ne pas exister en fait et s’interdire également toute vraie rencontre. C’est très difficile d’analyser la situation sur le moment et il faut être lucide et vigilant pour ne pas se faire embarquer dans un échange négatif.
-Tu veux dire que le comportement d’Emma, je n’en suis pas responsable ?
-Non, ça n’est pas ce que je veux dire. Tu agis peut-être de façon à activer chez Emma ou chez ton patron ou d’autres personnes leur tendance inconsciente à prendre le rôle de Parent ou de persécuteur ou de sauveur. C’est un flux et un reflux constant qui crée des interactions entre les gens. Il ne s’agit pas de chercher chez autrui qui est responsable mais juste à être responsable de l’observation des phénomènes en soi. C’est Emma qui est responsable de la façon dont elle te perçoit. Par exemple, qu’est-ce qui s’est passé en toi quand je t’ai parlé durement ? Qu’est-ce qui s’est passé en toi quand je t’ai parlé mielleusement ? Tu es pleinement responsable de cette observation. Mais pour le reste, toutes nos relations, c’est un imbroglio permanent.
-Et pourquoi est-ce que j’accepte d’endosser le costume de l’Enfant ?
-C’est justement ça qu’on va chercher à comprendre. Avec le protocole de l’Enfant Intérieur. »
......
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