Obésité
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/08/2019
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Très clairement, j'ai vu la progression de ce mal depuis une dizaine d'années chez les enfants de mes classes d'école primaire. Le constat est facile à faire dans les années suivantes : il suffit de se poster à la sortie d'un collège...
Quand j'étais jeune, je passais mon temps libre à jouer dehors, à courir dans les bois, à aller nager à l'océan, à faire des tours de vélo, à grimper aux arbres, à faire des cabanes. Ensuite, au collège, j'ai joué au tennis, mes parents n'avaient que peu de moyens financiers pourtant. J'ai fait du tennis de table, du badmington et je courais beaucoup, des footings dans les bois et des virées en vélo de plus en plus longues, j'allais sur la côte pour escalader les rochers. Tout ça ne coûtait pas bien cher.
C'était autrefois.
Ici, dans la ville la plus proche, 4000 habitants, la municipalité a fait construire des "city park"...Je n'y vois quasiment jamais de jeunes et quand ils y viennent, c'est davantage pour écouter de la musique ou jouer avec leurs smartphones.
Il y a des clubs de sport mais en dehors de celui de foot, ils ne croulent pas sous les adhésions.
Quant à croiser des jeunes en montagne, ça relève du miracle. Une paire de chaussures suffit pourtant.
Il y a clairement un phénomène de société et plusieurs paramètres l'expliquent.
Obésité : pourquoi la maladie progresse-t-elle chez les ados ?
Par LEXPRESS.fr ,publié le , mis à jour à
Selon un rapport publié ce mercredi par le ministère de la Santé, près de 20% des adolescents sont en surpoids, et 5,2% d'entre eux sont obèses.
Chez les adolescents en surpoids, le risque d'obésité augmente. C'est ce que révèle une étude publiée ce mercredi par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), qui dépend du ministère de la Santé. Selon cette enquête, 18,4 % des adolescents français sont en surcharge pondérale, et 5,2 % d'entre eux en situation d'obésité. Des chiffres en hausse depuis 2009, où l'on dénombrait alors 17 % d'adolescents en surpoids, dont 3,8 % de jeunes obèses. La DREES pointe du doigt plusieurs facteurs à cette hausse de l'obésité chez les adolescents, comme le temps passé sur les écrans, le risque de grignotage ou le manque de sport. Mais, selon l'organisme, ces chiffres mettent également en lumière les conséquences des inégalités sociales.
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Ainsi, 24 % des enfants d'ouvriers sont actuellement en surcharge pondérale en France, dont 8 % sont obèses : chez les enfants de cadres, ces proportions sont respectivement de 12 % et 3 %. "Ces disparités peuvent en partie s'expliquer par des habitudes de vie différenciées selon le milieu social. Les habitudes de vie bénéfiques à la santé sont plus souvent déclarées par les adolescents issus des milieux socialement favorisés : prise régulière d'un petit-déjeuner, pratique d'un sport, limitation du temps passé devant les écrans", analyse la DREES. L'Express a posé trois questions au nutritionniste Laurent Fidalgo, spécialiste de l'obésité infantile et collaborateur au sein du Réseau pour la prise en charge et la prévention de l'obésité en pédiatrie Île-de-France (Repop IDF), afin de décrypter ces chiffres.
L'Express. Les conclusions de ce rapport sur l'obésité des adolescents sont-elles inquiétantes ?
Laurent Fidalgo. Ces chiffres ne sont pas inquiétants, dans la mesure où ils ne sont pas surprenants. En tant que nutritionniste, sur le terrain, je vois bien que les adolescents en situation de surpoids ou d'obésité sont de plus en plus nombreux. Je pense que c'est une fatalité, du fait du mode de vie des adolescents : l'obésité n'est qu'une conséquence normale de la malbouffe et de la sédentarité. Je pense même que ces chiffres pourraient encore augmenter, pour atteindre jusqu'à 30 % d'adolescents en surpoids dans quelques années. Il faut bien comprendre que l'obésité est une maladie multifactorielle.
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Beaucoup de paramètres interviennent, à commencer par le fait que les adolescents qui grossissent sont majoritairement ceux qui sont prédisposés à le faire : le facteur génétique est bien évidemment à prendre en considération. D'autre part, le harcèlement médiatique des enfants et adolescents par l'industrie agroalimentaire n'est pas anodin. Les jeunes sont matraqués par les publicités sur les réseaux sociaux, ou à la télévision, qui les motivent en permanence à consommer des sucreries, des céréales, des barres chocolatées, des gâteaux industriels...
En quoi ces chiffres peuvent-ils refléter une certaine inégalité sociale ?
Effectivement, l'étude soulève la disparité sociale de cette maladie, qui s'explique presque logiquement : les familles qui sont en précarité sociale auront comme réflexe de s'orienter vers des produits riches en énergie, puisqu'ils sont moins chers et nourrissants. Les fruits et légumes, les produits bio, les aliments issus de l'agriculture locale, sont moins faciles d'accès d'un point de vue économique.
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Les personnes les plus précaires n'ont pas non plus accès à toutes les activités physiques auxquelles peuvent s'initier les familles les plus aisées. Tous les parents ne peuvent pas toujours payer à leurs enfants des cours de tennis, de piscine, de judo... Cette maladie est façonnée par le milieu dans lequel on grandit : le type de nourriture consommé, la façon dont on mange, le temps alloué à la cuisine... Mais on ne peut évidemment pas réduire l'obésité aux seuls facteurs sociaux.
Comment réduire ces inégalités et prévenir l'obésité des adolescents ?
La chose la plus importante est de s'y prendre le plus tôt possible. Aujourd'hui, nous avons un outil permettant de dépister quasiment 100 % des enfants qui auront une probabilité forte de prendre du poids dès l'âge de six ans. Très tôt, le rebond précoce d'adiposité, sur la courbe de corpulence, permet de "dépister" un enfant qui aura plus tendance à prendre du poids. Alors quand un adolescent est pris en charge à 13, 14, 15 ans, on a juste perdu du temps. Mais encore faut-il que les parents soient au courant de cette possibilité, et prennent eux-mêmes l'initiative de consulter. Dès la naissance, il faut donc éduquer les parents sur ce sujet, mais également sur le fait qu'ils doivent transmettre à leurs enfants une alimentation saine, composée de fruits et de légumes... Plus tôt on s'y prend, plus tôt on peut guérir cette maladie.
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