Œdipe (1)
- Par Thierry LEDRU
- Le 25/12/2014
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Dans le cadre de ma formation, je dois écrire un mémoire et la psychanalyse y occupe une place importante. Oedipe en premier lieu. Je lis donc à tout va et j'écris des fiches...J'ai besoin d'écrire pour apprendre...
Alors, si ça peut intéresser quelqu'un...Je partage...
Je suis par contre, une fois de plus, interloqué de tout ce que je ne sais pas...Non seulement dans le domaine psy mais dans bien d'autres domaines encore.
Tout ce que je voudrais apprendre ne tient pas dans mon imaginaire.... Il n'est pas assez grand.
L'âge s'ajoutant à la conscience de mes lacunes, je ressens une certaine urgence à combler les vides mais dès qu'un vide se révèle, il contient en lui-même un horizon inconnu...Plus j'avance et plus, je prends conscience de ce que je ne sais pas...
ŒDIPE
Entre 2 et 5 ans, en prolongement avec les débuts de la différenciation sexuelle, les sentiments de l’enfant vis-à-vis de ses parents prennent un caractère également différencié : apparition d’un sentiment « amoureux » pour le parent de l’autre sexe et « rivalité » avec les parents du même sexe.
Le petit garçon.
Le petit garçon se trouve en proie à des sentiments violents, très réels, sérieux, intenses. Certains de ses sentiments sont contradictoires entre eux, comme par exemple l’ambivalence vis-à-vis du père ou encore la dépendance affective et le désir de dominer la mère. Il extériorise ses sentiments de façon souvent maladroite et confuse. Ces mots ou ses sentiments d’enfant déconcertent l’adulte, le font sourire ou l’agace. Tel petit garçon, dans son amour et son besoin de fusion avec sa mère, veut être aimé d’elle, mais en même temps, il veut être une femme, il veut être comme elle et non un homme comme son père.
Dans certaines conditions de structuration de la relation mère-enfant, cette dépendance peut se cacher sous un aspect « tyrannique » : il cherche à dominer et à commander sa mère, il se montre exigeant et capricieux.
Il peut chercher aussi à affirmer sa virilité, adopter des attitudes de « petit homme ». Il s’identifie aux héros, il voudrait être le chevalier qui protègera sa mère. Si son père s’absente, il cherche à le remplacer, il veut s’occuper de sa mère comme il pense que son père le fait. Son sentiment amoureux peut s’exprimer ouvertement : « Je veux me marier avec Maman. »
Dans cette recherche de lien étroit avec la mère, l’enfant se trouve en rivalité avec son père. La présence ou le retour de celui-ci rompt la relation exclusive avec la mère qui se détourne temporairement de l’enfant. De plus, l’intimité des parents lui est interdite, il doit aller au lit, tandis que les parents restent ensemble.
La relation avec le père devient beaucoup plus complexe. Le petit garçon ressent pour lui un mélange de sentiments positifs et négatifs.
D’une part, il a de l’admiration pour sa force qui l’étonne et qui le rassure et de l’affection pour sa hardiesse, son habileté, qui en font un compagnon de jeux fort et capable de le faire profiter de nouveautés et de situations « aventureuses ».
Mais en même temps, il a l’impression que son père est toujours le plus fort et qu’il ne pourra jamais l’égaler. Il l’envie, il se sent petit et impuissant. De plus, son père lui-même, peut manifester de l’agacement à son égard et le fustiger : « Laisse ta mère tranquille, tu la fatigues. »
Aussi, le petit garçon se prend-il parfois à rêver : « Si papa ne revenait pas…Je voudrais être seul avec maman. »
Et il se sent effrayé et coupable de pouvoir penser et sentir cela car il aime beaucoup son père qui le rassure et le protège et le plus souvent il ne souhaite pas être privé de sa présence.
La petite fille.
La petite fille détourne une grande partie de son investissement envers sa mère pour le reporter sur son père.
Du fait de la désillusion devant sa mère qui n’est pas un homme et qui ne lui a pas donné les avantages et les privilèges d’un homme, la petite fille se sent moins attirée par sa mère. Alors qu’elle montrait auparavant, comme la plupart des bébés, une inclination plus profonde pour sa mère, c’est vers son père qu’elle va maintenant se tourner. Elle se montre avec lui coquette et séductrice, obéissante et soumise. Elle essaie de l’avoir pour elle, de s’attirer son amour et ses faveurs, de l’accaparer.
Elle ressent le désir d’être seule avec son père, et sans sa mère.
Elle tente d’obtenir qu’il s’occupe d’elle en particulier et lorsqu’elle y parvient, elle se sent fière et heureuse, elle ressent une alliance entre son père et elle, c’est un peu comme une victoire et elle se réjouit de l’absence de sa mère.
Se trouvant ainsi en rivalité avec sa mère dans son désir d’accaparer le père, elle en conçoit de l’agressivité vis-à-vis de celle-ci. Il y a presque toujours une période pendant laquelle la petite fille devient difficile avec sa mère, capricieuse, opposante, alors qu’avec son père, elle est tout amour, tendresse et soumission.
Son désir d’être seule avec son père, réveille en elle la peur de perdre sa mère.
Ainsi, la petite fille se trouve-t-elle dans une position ambivalente vis-à-vis de sa mère. Passant d’un registre à l’autre, elle alterne de façon parfois surprenante l’opposition et l’hostilité, avec des moments de quête affective où elle demande de l’attention et cherche à être rassurée sur l’amour de sa mère à son égard.
Cette peur de perdre sa mère sera sans doute un élément important dans la résolution du conflit œdipien chez la petite fille.
Position du problème
Chez le jeune garçon et chez la petite fille, le complexe d’Œdipe se caractérise par :
*Des sentiments d’amour pour le sexe opposé.
*Des sentiments d’hostilité et de rivalité pour le parent du sexe opposé.
Mais ces sentiments entrent en conflit avec :
*La peur d’une punition ou d’une vengeance de l apart du père, chez le petit garçon, représentée par « l’angoisse de castration » et / ou des fantasmes de mort (peur d’être tué par le père)
*la peur de perdre l’amour de la mère, chez la petite fille, qui peut être représentée par exemple par la crainte d’être abandonnée, rejetée ou chassée par celle-ci.
Il n’est pas facile pour l’enfant de parvenir à accorder ses sentiments de rivalité et d’hostilité et son affection pour le parent du même sexe. Ce désir d’éliminer cette personne aimée est très inquiétante pour l’enfant, le plongeant dans une ambivalence pénible.
Les parents qui comprennent cette ambivalence de leur enfant peuvent imposer des limitations fermes, tout en autorisant l’enfant à trouver une satisfaction partielle de ses désirs. L’enfant a besoin que ses parents lui témoignent de la compréhension et en même temps le protègent en lui imposant des limites. Tant dans son ardeur amoureuse que dans son hostilité.
Le parent du même sexe trouve normalement du plaisir à voir son conjoint et son enfant s’aimer tendrement. Il peut ainsi respecter partiellement l’élan de l’enfant, ne pas l’interrompre brutalement et inutilement. En même temps, il saura répondre à l’agressivité de celui-ci lorsqu’elle est trop importante, et le soutenir ensuite face à ses déconvenues.
Le parent de l’autre sexe, quant à lui, sait interrompre ou limiter les ardeurs de l’enfant lorsqu’il est encore temps, montrer de façon claire son accord et son affection pour son conjoint, sans pour autant rejeter l’enfant.
La petite fille a besoin de sentir que son père ne tolère pas qu’elle soit méchante avec sa mère, le petit garçon doit savoir que sa mère souhaite qu’il aime son père. Aider l’enfant à trouver comment canaliser son hostilité sous une forme acceptable, lui rend un grand service parce que cette hostilité cesse alors d’être menaçante pour lui.
La déception œdipienne constituera par la suite un facteur dynamique d’évolution et d’enrichissement de l’affectivité, en favorisant le transfert des sentiments en dehors de sa famille. Elle permettra l’accession à la phase dite « de latence », au cours de laquelle l’enfant renonce en partie à ces sentiments, les mettant en quelque sorte en réserve pour plus tard.
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