Pédagogie des armes
- Par Thierry LEDRU
- Le 15/10/2015
- 0 commentaire
Si j'avais encore eu une classe de CM2, je sais ce que j'aurais fait avec mes élèves qui auraient eu à manier des fusils d'assaut. Bon, bien évidemment, j'aurais demandé à préparer l'intervention avec le militaire concerné. C'est ça le plus troublant pour moi dans cette histoire. Est-ce que cette séance avait été préparée conjointement ou pas avec l'enseignant ?
En tout cas, les jours suivants, j'aurais demandé aux enfants d'exprimer leurs émotions. Et c'est là que la dimension existentielle aurait repris le dessus et que l'expérience aurait eu une continuité enrichissante.
Certains enfants auraient certainement réussi à exprimer leur excitation. Car ils l'ont certainement été pour la plupart.
Mais quelle forme d'excitation ? Plaisante ou pas ?
Oui, il y a des états d'excitation déplaisants. Quand on a de la fièvre par exemple. Quand on est stressé. Quand on est en colère.
Car l'excitation n'est pas une émotion, c'est un état.
Voilà déjà un premier apprentissage.
Différencier un état physique d'une émotion.
La colère est une émotion, l'excitation est son état.
Certains enfants auraient fait part d'une excitation joyeuse.
Question : "Quelle est l'émotion qui correspond à une excitation joyeuse ?
-Le bonheur.
Nous aurions ensuite travaillé sur les effets de ces différentes formes d'excitation et de leurs émotions associées.
Comment vous vous êtes comportés pendant la séance ?
Est-ce que vous avez eu du mal à écouter ?
Vous étiez impatients ?
Vous êtes restés attentifs et concentrés ?
Pour quelles raisons ?
Est-ce que le fait que vous ayez eu une arme dans les mains vous a rendu plus attentifs ? Est-ce que vous avez compris qu'il fallait rester sérieux parce que c'était une arme ?
Si oui, qu'est-ce que vous en tirez comme conclusion ?
Si vous avez senti que vous étiez trop impatients pour vraiment écouter, est-ce que vous pensez que vous pouvez vous corriger et si oui, comment faire ?
Si vous avez senti que vous étiez particulièrement attentifs, est-ce que vous pourriez reproduire cet état dans n'importe quelle situation ?
Est-ce que le fait que vous étiez dans une activité impressionnante vous a aidé à être performant ou est-ce que vous avez été perturbé par ce stress ?
Dans quelle genre de situation que vous connaissez déjà ou que vous vivrez plus tard, vous avez des chances ou des risques de rencontrer de nouveau ces émotions et ces états ?
En quoi cette expérience avec les armes pourrait vous servir désormais ?
etc etc etc etc.....
On pourrait bien évidemment parler du port d'armes autorisé aux USA et les conséquences destructrices. En analyser les raisons au regard des ressentis des enfants (sentiment de puissance, d'excitation, de perte de contrôle, d'inattention etc etc ...)
On pourrait parler des risques inhérents à une situation d'excitation lorsqu'elle n'est pas totalement mâitrisée par l'individu : la première sortie en scooter avec le casque posé comme un béret pour faire le mariole. La première rencontre amoureuse, la première expérience sexuelle, la première cuite, ..... Pour quelles raisons perd-on le contrôle de soi ? Le regard des autres, l'estime de soi, la fierté, la prétention, la témérité pour se sentir exister ?......
Il y a tellement de choses à dire, à expliquer, à exprimer, ils ont tellement de choses à découvrir... En eux...
J'ai un ancien élève qui s'est tué en scooter. Il avait posé son casque au sommet de son crâne...
Je sais combien l'observation de soi est vitale....
Ajouter un commentaire