Perturbateurs endocrinens (3)

Perturbateurs endocriniens, les poisons de notre quotidien

 

Florence Bauchard / Chef de rubrique Les Echos Week-End | 

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QUELQUES CONSEILS DE PRÉVENTION

 

Rincez à l'eau claire et épluchez les fruits et légumes pour éviter les pesticides. Et privilégiez si possible les produits de l'agricuture biologique.

 

Réduisez la consommation d'aliments transformés et conditionnés pour limiter les risques d'ingérer des plastifiants et des additifs.

 

Jetez les poêles et casseroles au revêtement antiadhésif abîmé, ou mieux, optez pour la fonte ou la céramique.

 

Optez pour une bouilloire en inox plutôt qu'en plastique.

 

Préférez les emballages en verre, en inox ou en céramique pour conserver les aliments, plutôt qu'en plastique.

 

Evitez de réchauffer les aliments au micro-ondes dans du plastique recouvert de film étirable. Utilisez plutôt un récipient en verre recouvert d'une assiette en céramique ou en verre.

 

Utilisez des produits ménagers bio ou traditionnels comme le vinaigre blanc ou le bicarbonate de soude.

 

Lavez-vous les mains à l'eau et au savon plutôt qu'avec un gel hydroalcoolique.

 

Eteignez les appareils électriques la nuit car ils contiennent des retardateurs de flamme pour éviter les accidents.

 

Traitez vos plantes avec modération et n'oubliez pas les recettes de grand-mère.

Perturbateurs endocriniens, les poisons de notre quotidien ©VOISIN/PHANIE

Largement médiatisés, les perturbateurs endocriniens sont incriminés dans l'explosion du diabète, de l'obésité, de l'autisme et d'autres troubles du comportement. Face à l'urgence sanitaire, le Parlement européen pousse Bruxelles à prendre ses responsabilités.

Mercredi 4 octobre. Barbara Demeneix arbore un sourire triomphal dans son bureau du Jardin des Plantes, à Paris, baigné par un soleil laiteux d'arrière-saison. Les eurodéputés viennent de donner raison à cette biologiste renommée du Muséum d'histoire naturelle qui dénonce depuis des années les dangers des perturbateurs endocriniens. Benoît Hamon en avait fait l'un de ses thèmes clés lors de la dernière campagne présidentielle. Depuis, le sujet ne cesse de défrayer la chronique, en témoigne le documentaire « Demain, tous crétins  ? » diffusé samedi 11 novembre sur Arte.

À une large majorité, le Parlement a retoqué le 4 octobre la définition trop « laxiste » qu'en avait proposée la Commission européenne trois mois plus tôt. Barbara Demeneix s'en réjouit, qui dénonce depuis des années ces « cocktails toxiques » pour le développement du cerveau, la reproduction et le métabolisme (1). Face à l'explosion des cas de diabète et d'obésité, l'OMS tire elle aussi la sonnette d'alarme. À elles seules, les maladies causées par les perturbateurs endocriniens, cancers mis à part, représenteraient 157 milliards d'euros par an dans l'Union ! Des chiffres à faire frémir, sans commune mesure avec les dépenses liées aux tristes affaires de l'amiante ou du sang contaminé. De nature très variée, ces perturbateurs essentiellement synthétiques se retrouvent aussi bien dans les traitements contre les insectes et les mauvaises herbes que dans les cosmétiques, les emballages alimentaires, les ustensiles de cuisine, le mobilier, les peintures et les jouets.

Dès sa publication, le 4 juillet, cette définition des perturbateurs endocriniens - très attendue pour appliquer la nouvelle réglementation européenne sur les pesticides - avait suscité l'ire des scientifiques. Trois sociétés savantes - la société d'endocrinologie française, son pendant européen et la société des pédiatres endocrinologues - avaient envoyé une lettre aux parlementaires pour dénoncer un texte « insatisfaisant », raconte la volubile Barbara Demeneix sous le portrait du célèbre médecin physiologiste Claude Bernard. Le niveau de preuves à rassembler pour démontrer la nocivité de ces substances était en outre « trop élevé », ajoute avec un léger accent « british » la scientifique qui a quitté son Angleterre natale pour une carrière internationale. Pire encore, la Commission exemptait certains pesticides alors qu'ils étaient précisément conçus pour interférer avec le système endocrinien des insectes visés. « Une initiative contre-productive car susceptible de retarder l'identification de certaines substances comme perturbateurs endocriniens », estime Rémy Slama, épidémiologiste à l'Inserm de Grenoble et président du conseil scientifique du Programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens.

 

 

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LE DÉBAT PUBLIC PREND DE L'AMPLEUR

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Les pommes figurent parmi les fruits les plus contaminés ©hidesy/istock

De quoi irriter non seulement les parlementaires, mais aussi les ONG et les scientifiques, qui y ont vu une concession accordée à l'Allemagne, la première puissance chimique européenne, pour gagner son adhésion au texte. Ce faisant, « la Commission a outrepassé ses droits », affirme avec conviction la députée Europe Ecologie Michèle Rivasi dans les vastes bureaux parisiens de l'antenne du Parlement, boulevard Saint-Germain. Une brèche dans laquelle l'institution européenne, garante des intérêts des citoyens, s'est engouffrée avec le succès que l'on sait, auprès des sensibilités de gauche comme de droite. Rachida Dati, eurodéputée pour l'Île-de-France sous l'étiquette des Républicains, a soutenu l'initiative des socialistes et des Verts. Depuis la naissance de sa fille, l'ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy est beaucoup plus réceptive à ces problématiques particulièrement préoccupantes pour les femmes enceintes et les jeunes enfants, constate avec plaisir Michèle Rivasi, que sa formation de biologiste a sensibilisée de longue date aux questions de santé.

Longtemps confiné au milieu scientifique, le sujet est aujourd'hui largement politisé et médiatisé, voire exploité par le business. C'est particulièrement vrai en France, où Benoît Hamon avait réussi à faire prononcer en « prime time » cette appellation indigeste par David Pujadas, l'ancien présentateur vedette de France 2. Depuis, les publications d'ouvrages plus ou moins grand public sur la question se multiplient. La référence aux perturbateurs endocriniens - et au souci de les éviter - est aujourd'hui devenue quasiment un argument marketing. Et pas seulement pour l'édition. Salveco l'a bien compris. Ce petit fabricant vosgien de nettoyants ménagers l'utilise pour vanter, a contrario, les vertus de ses produits fabriqués à partir de dérivés d'acide lactique et non de pétrole. Quant au laboratoire grassois Officinea, il a lancé depuis un an l'application Clean Beauty pour débusquer les perturbateurs présents dans les cosmétiques à partir d'une simple photo de la liste de leurs ingrédients.

La pédagogie en la matière est plus que nécessaire. Après tout, l'identification des perturbateurs endocriniens est récente. Elle remonte à un quart de siècle, même si les premiers clignotants se sont allumés dès les années 1960. Plastifiants, émulsifiants, rigidifiants, filtres anti-UV, conservateurs, retardateurs de flamme : ces produits élaborés par l'industrie chimique pour la cosmétique, l'hygiène et le mobilier se sont avérés, dans certains cas, de véritables poisons à retardement. Mais la science peine encore à cerner précisément leurs mécanismes d'action et l'étendue de leur impact sur la santé. Même si, étude après étude, leur implication présumée dans différentes maladies se précise, n'en déplaise à leurs fabricants.

L'Américaine Theo Colborn est la première à avoir théorisé le sujet. Invitée à se pencher sur les problèmes environnementaux des grands lacs entre les Etats-Unis et le Canada, cette multidiplômée (toxicologie, biologie, épidémiologie, etc.) constate avec effarement la multiplication de malformations congénitales chez de jeunes rapaces et des poissons. À l'origine de ces troubles, non pas des cancers mais des dérèglements hormonaux. En 1991, Theo Colborn et John Peterson Myers, un biologiste diplômé de Berkeley, invitent une trentaine de scientifiques - anthropologues, zoologues, physiologues, ornithologues, etc. - à confronter leur expérience sur le sujet dans le centre de conférence de Wingspread, à Racine, une petite ville au nord de Chicago. Le rapprochement est établi entre ces dérèglements et les polluants chimiques tels que le PCB - utilisé comme isolant dans les transformateurs électriques avant d'être interdit - ou l'insecticide DDT, banni en 1972. La déclaration rédigée à l'issue de la conférence constitue un véritable pavé dans la mare. Un an plus tard, Theo Colborn regroupe ces poisons sous le sceau d'« endocrine disruptors », que les Français traduisent par « perturbateurs endocriniens ». Pas très grand public ! En 1996, toujours avec John Peterson Myers, la scientifique publie un ouvrage de vulgarisation qui se dévore comme un policier : Our Stolen Future (« L'homme en voie de disparition ? » en français). En signant sa préface, Al Gore lui donne un sérieux coup de pouce. Trois ans plus tard, il est déjà traduit en seize langues. Le livre va susciter des débats au Congrès et le lancement d'un programme de recherche par l'Agence américaine de l'environnement (EPA). Jusqu'à sa mort, en 2014, Theo Colborn ne cessera d'oeuvrer pour sensibiliser la communauté scientifique, les politiques et l'opinion publique à la portée du phénomène, prêtant son assistance à l'EPA et au WWF.

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Du triclosan dans le dentifrice, des parabens dans les cosmétiques... la salle de bains est aux premières loges ©Michael Cogliantry/gettyimages

UNE NOCIVITÉ ACCRUE À PETITES DOSES

Vingt-cinq ans après l'appel de Wingspread, la prise de conscience a bien progressé, mais la réglementation reste très permissive. Pourquoi ? Les freins sont autant techniques qu'économiques ou politiques. Première difficulté : contrairement aux substances cancérigènes, le mécanisme d'action des perturbateurs endocriniens ne semble pas répondre au principe selon lequel « c'est la dose qui fait le poison » posé par le savant suisse Paracelse, père fondateur de la toxicologie, au xvie siècle. Ce serait même l'inverse : à petites quantités, les effets seraient encore plus délétères. Un véritable changement de paradigme. Les personnes les plus vulnérables ? Les enfants et les femmes en âge de procréer. Pour le foetus, tout dépendra de l'exposition de sa mère avant la conception et pendant la grossesse. Mais ces substances compromettent aussi la santé des adultes et leur capacité à se reproduire. S'ils n'altèrent ou ne détruisent pas directement les cellules, les perturbateurs miment si bien les hormones naturelles qu'ils font « ouvrir la porte à n'importe qui », expliquent Marine Jobert et François Veillerette, auteurs d'un livre très synthétique sur cette « menace invisible » (2). Et nuisent à la bonne marche du corps.

L'impact cumulé des substances toxiques et le fait que les petites quantités soient plus nocives que les grandes rendent l'étude de ces molécules passablement compliquée. Il faut mettre au point des tests d'évaluation pertinents et mener des études sur longue période pour apprécier leur impact intergénérationnel. Beaucoup de travaux ont été conduits sur les animaux, moins sur l'homme. Et la transposition n'est pas évidente. Pour Patrick Lévy, médecin-conseil de l'Union des industries chimiques (UIC), la puissante organisation professionnelle française, « il y a encore des débats scientifiques importants sur la transposition de l'animal à l'homme. Les scientifiques sont encore loin d'avoir trouvé un consensus sur ce sujet. Cela nécessite des approfondissements au niveau national et européen. » Evidemment, l'industrie et les responsables politiques ne sont pas prêts à remettre en cause tout un pan d'activité économique sans certitude d'une urgence sanitaire. « La société doit mettre davantage de moyens sur la recherche toxicologique et épidémiologique pour disposer de tests efficaces et identifier rapidement les perturbateurs endocriniens les plus dangereux », rétorque Rémy Slama (3), qui étudie actuellement l'impact de bisphénols - dont le fameux A - sur la santé de 480 familles.

L'EUROPE SE DIVISE

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Présents dans les pesticides, les perturbateurs endocriniens finissent dans nos assiettes ©imageBROKER/ hemis.fr

Les financements sont insuffisants et pas forcément pérennes. Il n'empêche, l'arsenal scientifique progresse. Parmi les nouveaux outils à disposition, Barbara Demeneix a mis au point une technologie de têtards fluorescents étonnante. Au sein de son laboratoire d'évolution des régulations endocriniennes, rue Cuvier, la Flamande qu'elle emploie comme thésarde manie régulièrement ces têtards pour mesurer l'impact de cocktails de différents polluants chimiques sur leur thyroïde. « L'avantage, c'est que la glande des têtards est très proche de celle de l'homme », explique la jeune femme en plaçant une boîte de Petri avec un microtêtard de 2 mm sous un microscope connecté à un ordinateur. À l'écran, l'image de son crâne disproportionné vert fluo est saisissante. « La fluorescence varie en fonction de la concentration du cocktail chimique », ajoute-t-elle. Aujourd'hui, la start-up Watchfrog commercialise sous licence cette technologie. Les progrès vont se poursuivre. D'ailleurs, pas une quinzaine ne s'écoule sans une nouvelle publication sur le sujet.

Industriels comme politiques sont sous pression pour agir. La sanction parlementaire pousse la Commission à revoir sa copie. Et vite. Vytenis Andriukaitis, le commissaire à la Santé, est en première ligne. Non seulement le Parlement dispose du soutien de l'opinion, mais d'un point de vue technique, la Commission a déjà quatre ans de retard par rapport à l'échéance prévue du 13 décembre 2013. L'exécutif bruxellois s'est déjà fait rappeler à l'ordre en 2015 par la Cour de justice européenne. Celle-ci avait été saisie par la Suède et la France notamment, irritées de son inaction face à cet enjeu de santé publique. Mais, comme pour l'élaboration laborieuse du fameux règlement Reach sur les produits chimiques, destiné à mieux protéger l'environnement et la santé, ou la réhomologation actuellement très controversée du glyphosate, l'herbicide le plus vendu au monde, l'Europe se divise. D'un côté, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, avec une industrie chimique encore importante, sont tiraillées entre intérêts économiques et protection des consommateurs. De l'autre, le nord de l'Europe, historiquement plus soucieux du bien-être de sa population, où certains produits considérés comme « suspects » ont d'ores et déjà été unilatéralement proscrits. C'est le cas de quatre phtalates couramment utilisés dans des nappes en plastique ou des rideaux de douche que le Danemark a interdits depuis 2012. Le gouvernement danois édite également depuis 2006 un guide de prévention gratuit à l'intention des femmes enceintes.

Côté industrie, les entreprises réclament une clarification du cadre réglementaire - un impératif compte tenu du coût et du temps nécessaires au développement de nouvelles molécules (dix ans environ). Elles sont d'autant plus inquiètes que chaque pays européen est libre de prendre ses propres initiatives, à l'instar de la France qui interdit le bisphénol A dans les conditionnements alimentaires depuis deux ans. Cette interdiction, qui ne vaut que dans l'Hexagone, oblige les fabricants de canettes à produire selon deux méthodes, en fonction du marché final. En coulisses, les poids lourds du secteur - probablement celui qui dépense le plus en lobbying en Europe - sont à la manoeuvre pour limiter tout resserrement des contraintes légales et retarder le processus. « Comme l'industrie du tabac il y a quelques années, ils cherchent à discréditer le consensus scientifique », affirme Stéphane Horel, auteure d'Intoxication, un livre remarqué sur le lobbying industriel. Les entreprises ne peuvent toutefois plus ignorer les pressions sociétales. L'UIC vient ainsi de créer un site d'information grand public. Même si l'adresse, www.perturbateurendocrinien.fr, est très neutre, «c'est un relais subtil de ses thèses», aux yeux de François Veillerette.

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Des têtards fluorescents : c'est la technique mise au point par la biologiste Barbara Demeneix pour étudier l'impact des cocktails de polluants ©Laboratoire Watchfrog

SUR LE TERRAIN, LES INITIATIVES FLEURISSENT

À Sophia Antipolis, le groupe Bayer, qui s'apprête à fusionner avec Monsanto, a accepté de nous ouvrir les portes de son site mondial chargé des études de sécurité sur ses produits phytosanitaires. « C'est la première fois que nous recevons un média », explique Rémi Bars, directeur scientifique en toxicologie du site. Dans les quatre étages de ce bâtiment aux grandes baies vitrées noyé dans la pinède de la « Silicon Valley » à la française, plus d'une centaine de spécialistes testent sur des rongeurs, poissons-zèbres et autres animaux les futurs blockbusters de Bayer. « On travaille plus étroitement avec nos chimistes à l'aide de tests précoces pour évaluer en amont la sécurité de nos produits et anticiper, autant que possible, les résultats des études réglementaires », explique ce vétéran passionné de toxicologie, qui a rejoint l'ex-champion français de la chimie Rhône-Poulenc après ses études de pharmacie. Peu sexy à l'époque, la toxicologie est aujourd'hui une discipline très recherchée avec la montée des préoccupations environnementales. « Il n'y a pas de molécule naturelle ou chimique qui ne soit pas toxique dans certaines conditions », observe Rémi Bars.

Le feuilleton est loin d'être terminé. Si l'Europe accouche d'une législation sur les perturbateurs endocriniens, « elle sera la première dans le monde », a rappelé l'eurodéputée Françoise Grossetête le 3 octobre en défendant la proposition de la Commission. Avec une portée allant bien au-delà des pesticides puisqu'elle doit s'appliquer à terme à l'ensemble des produits chimiques. Sur le terrain, les initiatives fleurissent déjà. Avec un effort particulier auprès des populations les plus à risque de la part des médecins. À l'hôpital Archet de Nice, l'endocrinologue et gynécologue Patrick Fénichel recommande un minimum de précautions au cours de la grossesse. Bien laver les fruits et légumes, qu'on choisira plutôt bio, éviter les cosmétiques, ne pas chauffer des aliments dans des contenants en plastique, ne pas peindre la chambre du bébé juste avant l'accouchement... Les villes se mobilisent également. Organisée à Paris le 10 octobre à l'initiative de Réseau Environnement Santé - une vingtaine d'associations -, la première réunion des villes sans perturbateurs endocriniens a attiré plus de 200 personnes, dont des représentants de villes étrangères comme Madrid. Les expériences de crèche et de maternité sans perturbateurs endocriniens présentées respectivement par Limoges et Lille en ont séduit plus d'un.

Pour l'instant moins volontariste que sa prédécesseuse Ségolène Royal - si ce n'est dans son combat contre le glyphosate - Nicolas Hulot espère bien mettre les bouchées doubles en 2018. Réduire l'exposition aux perturbateurs et aux nanomatériaux, réviser Reach, monter un fonds pour mener des études complémentaires sur des produits controversés : le ministre de la Transition écologique et solidaire ne manque pas d'idées. La rumeur laisse entendre, pour d'autres raisons, qu'il pourrait abréger son mandat. Pourtant, cinq ans n'y suffiraient sans doute pas...

 

 

CINQ SCIENTIFIQUES ENGAGÉS

 

Theo Colborn :Après avoir élevé ses quatre enfants, cette Américaine s'est consacrée à la reconnaissance des risques pour la santé humaine et animale des polluants chimiques, qu'elle a été la première à nommer « perturbateurs endocriniens » (« endocrine disruptors ») en 1992. 

 

Andreas Kortenkamp :Installé en Grande-Bretagne depuis sa thèse, ce scientifique né en Allemagne a été le premier à identifier les effets cocktails des perturbateurs endocriniens. Il a même réalisé un rapport sur le sujet pour la Commission européenne en 2012.

 

André Cicolella :Le président du Réseau Environnement Santé a joué un rôle actif dans l'interdiction du bisphénol A dans les biberons - une initiative française ensuite suivie par Bruxelles. 

 

Barbara Demeneix :Cette biologiste du Muséum d'histoire naturelle a mis au point une technologie innovante pour étudier l'impact des cocktails de perturbateurs sur le cerveau, dont elle dénonce régulièrement les effets auprès des politiques, des industriels et de l'opinion publique. 

 

Rémy Slama :Ce polytechnicien, directeur de recherche à l'Inserm de Grenoble depuis une douzaine d'années, préside le Programme national de recherche sur les perturbateurs endocriniens. Il mène actuellement une vaste étude sur les effets du bisphénol A sur 480 familles. 

 

 

 

CHIFFRE CLÉ

 

157 milliards d'euros Le montant annuel estimé des dépenses de soins et pertes de revenus potentiels liées aux perturbateurs endocriniens pour l'Union européenne.

 

 

 


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