Pour nous, les hommes.

 

Un mois bien, bien pourri médicalement parlant. Trois passages aux urgences et un final en apothéose avec une intervention chirurgicale. Et je suis admiratif de la technologie au laser qui a été utilisée. Et tout autant des hommes et femmes qui un jour ont décidé de se lancer dans la médecine de ce niveau. Il ne me reste plus qu'à récupérer et à imaginer le bonheur de ce jour à venir où je remonterai sur le vélo ou que j'irai marcher ou nager, ce jour où je pourrai de nouveau user pleinement de mon corps.

Je me suis dit en tout cas que cette expérience méritait d'être détaillée parce qu'elle pourrait servir à d'autres hommes. Et si je précise que ça concerne les hommes, c'est parce qu'il s'agit de la prostate.

Il y a six ans ma prostate (à 56 ans) a commencé à montrer des signes de faiblesse. Un jet moins puissant et surtout une vidange incomplète de la vessie. L'obligation de me lever au moins une fois la nuit ce qui ne m'arrivait jamais. Je m'en suis accommodé. Et  je n'aurais pas dû car depuis ce temps, le grossissement de la prostate n'a cessé de s'amplifier et le 28 juillet, j'ai passé une sale journée et une nuit très pénible : fièvre, tremblements, suées. Le lendemain, je suis allé voir ma médecin généraliste et elle m'a diagnostiqué une probable prostatite. Prise de sang et traitement antibio de choc. L'idée, c'était d'éviter la rétention urinaire qui peut avoir des effets très néfastes sur la vessie et même sur les reins. 

Le résultat de la prise de sang a été sans appel : prostatite aigue et je me suis retrouvé en blocage complet, plus une goutte. Un taux de PSA très élevé, une infection majeure de la sphère urinaire. La médecin a essayé de m'installer une sonde urinaire et elle n'a jamais réussi à passer l'obstacle de la prostate. Direction les urgences. Je suis passé devant tous les gens qui attendaient. Situation d'urgence immédiate. 
Je ne souhaite à personne de connaître la mise en place d'une sonde urinaire quand la prostate a la taille d'une boule de pétanque. C'est en tout cas l'impression que j'en avais puisque je la sentais jusque contre la paroi du rectum. L'infirmière a été obligée de "passer en force"... Neuf cent millilitres d'urine se sont vidés et ça a été un très gros soulagement... Retour à la maison, rdv avec l'infirmière à domicile pour le suivi et la mise en place de la poche de nuit, surveillance d'éventuelles surinfection. Je dormais donc avec une large poche en complèment de la poche de jour sur laquelle j'étais branché. Mais on ne dort pas bien du tout avec une sonde urinaire...

Huit jours plus tard, la médecin généraliste a considéré que c'était suffisant, que le traitement antibio avait fait son efffet, le taux de PSA était bien redescendu, je n'avais plus de traces d'infection. Elle a enlevé la sonde et je suis rentré.

Deux heures plus tard, j'étais de nouveau en rétention. Retour aux urgences.

Je n'avais toujours pas vu d'urologues, les trois de l'hôpital avaient pris leurs congés en même temps mais un urgentiste m'a expliqué que ça prenait fortement la direction d'une intervention chirurgicale, que cette fois, j'allais garder la sonde jusqu'au 22 août et qu'on l'enlèverait. Pour une dernière tentative. 

Le 22 au matin, l'infirmière est passée à la maison et a retiré la sonde. J'avais enfin obtenu un RDV avec un urologue de l'hôpital à 14 heures. A midi trente, j'étais dans la salle d'attente et je prévenais une infirmère que j'étais de nouveau en rétention et que je ne tiendrai pas. Vu ma tête, elle a appelé le chirurgien sur son portable et je l'ai entendu dire : "Vous le sondez immédiatement". 

Troisième sonde... Depuis la deuxième, j'avais déjà des filaments de sang qui s'évacuaient. Grosse, grosse fatigue, je n'en voyais pas le bout de cette galère...

Le chirurgien est arrivé et il m'a expliqué deux, trois choses que je savais déjà (j'avais lu tous les sites hospitaliers spécialisés en urologie). Il m'a fait un toucher rectal.

 "Prostate à 90, on opère, plus le choix, vous ne vous en sortirez pas, même avec des mois de sonde et de toute façon, ça n'est pas envisageable. J'opère avec la méthode HOLEP, au laser."

De toute façon, pour moi, c'était le laser ou rien et j'étais prêt à aller à Limoges où le laser est utilisé. La chirurgie "classique" n'est pas du tout conseillée pour une opération de la prostate. Le laser découpe, rabote, allège, il passe par le canal de l'urêtre, par les voies naturelles comme disent les médecins. Et c'est sous anesthésie générale. Le chirurgien me donne la date de l'opération : le 16 octobre. Je le regarde, sidéré. 

"La liste d'attente est énorme, il n'y a pas assez d'appareils, pas assez d'urologues, pas de place, le service est surchargé et c'est partout pareil. Mais je vous  mets en tête de liste en cas de désistement, j'ai bien conscience que vous n'en pouvez plus."

En 20 jours, j'avais perdu trois kilos et ça se voyait sur mon visage émacié, les traits tirés.

Deux jours plus tard, je reçois un appel de l'hôpital.

"Il y a eu un désistement, le docteur vous opère mercredi matin. Vous avez un RDV avec l'anesthésiste lundi matin. Il faut une prise de sang et une analyse d'urine, vous ferez tout ça à notre laboratoire et on aura les résultats pour l'opération."

J'en aurais sauté de joie si je n'avais pas eu une sonde et une poche à urine. Je suis donc rentré le mercredi matin à 7 heures, le lendemain de mon anniversaire, et j'ai été opéré à 14 heures. Une heure trente d'anesthésie. Une nouvelle sonde pour évacuer le sang et les copeaux restants. Branché sur du sérum qui passait directement dans la verge et ressortait avec le liquide rosé...Antalgiques contre la douleur. le laser est plus gros qu'une sonde...Et son usage est très, très irritant. 

Etonnamment, je suis sorti le lendemain soir. L'évacuation du sang a été rapide et l'éclaircissement des urines était rassurant. Et merveille absolue, je n'avais plus de sonde pour la première fois depuis le 31 juillet. J'urine du sang en début et en fin de miction mais ça n'est presque plus douloureux. Et c'est un jet puissant, ce qui ne m'était pas arrivé depuis six ans. 

Je n'ai pas de fuites urinaires comme ça se produit habituellement. Le chirurgien l'explique par mon bon état musculaire, périnée et sphincter. Le sport, le sport...Ces éventuelles fuites sont de toute façon provisoires et peuvent même être traitées par une rééducation chez un kiné.

A savoir aussi que l'opération de la prostate (énucléation laser prostatique) génère à 90 % une éjaculation rétrograde, c'est à dire que le sperme remonte dans la vessie au lieu d'être évacué. Pour ma part, ça ne me pose aucun problème. L'éjaculation rétrograde n'entrave aucunement l'orgasme et elle est même enseignée dans la pratique du tantrisme par un contrôle de la respiration et une conscientisation de l'énergie. Cette éjaculation rétrograde, lorsqu'elle est volontaire, procure un état prolongé de l'érection, ce qui est bien évidemment bénéfique pour la partenaire comme pour l'homme. On reprendra ça plus tard :) 

Donc, ce que je retire de cette expérience médicale, c'est qu'il n'est pas bon de s'accommoder d'une prostate faiblissante et qu'il vaut bien mieux anticiper une opération avant de se retrouver en rétention urinaire.

Si j'avais su...

A vous de voir chers collèges masculins.  

 

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