Pourquoi écrire ?

 

 

Coeurouvertwhite 1« Si tu n’es pas toi-même, qui pourrait l’être à ta place. » C’est de Henry David Thoreau, précisa-t-elle. Et je ne veux pas me détacher de ça. C’est pour ça que j’écris. Je pense que seule cette démarche permet d’extraire de soi l’essentiel. Les pensées sont insuffisantes, elles sont trop volages. Si vous cherchez à les développer avec vos semblables, elles se perdront en cours de route parce qu’elles opteront pour la confrontation ou l'adhésion ou même la séduction et cette intention, conflictuelle ou imitative, vous arrachera à vous-mêmes. Les arborescences créées par les échanges verbaux vous éloigneront irrémédiablement de la révélation que contenait le message initial, celui qui est au cœur de l’individu. Rien ne peut se faire hors de la solitude existentielle. Les mots écrits seront des balises, des scalpels, les outils de l’autopsie. Lorsque j’écris, ce sont les mots qui créent le courant de l’exploration, ils se renforcent les uns les autres. Il ne s’agit plus seulement de pensées mais de sculptures. Tout reste gravé et la contemplation des architectures déclenche immanquablement le désir de reprendre le burin et de tailler encore et encore dans la masse. Sans ces écrits, les pensées se sont évanouies depuis bien longtemps déjà et il faut tout reprendre au début. L’apathie spirituelle de l’humain est entretenue par cette dictature de la parole, un flot éternel qui ne supporte aucun barrage. L’écrit individuel, l’autopsie solitaire, le dépeçage des pensées et l’élimination systématique des bavardages immatures, voilà ce qui m’importe et nourrit la fièvre bienheureuse de mes plongées intérieures.

 

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