Pouvoir d'achat

Attention et concentration

 

 

L'enseignement se concentre sur la croissance des connaissances mais pas sur le développement du connaissant. L'objectif inavoué est de conditionner les individus à une agitation extérieure qui consiste déjà à accumuler. Les connaissances permettront d'obtenir un niveau social favorable à la continuité de cette accumulation. L'individu s'est construit sur ce schéma.

"Toujours plus" disait François de Closet, il y a longtemps déjà.

Rien, dans ce fonctionnement, ne contribue à la croissance intérieure. Il n'y a aucune connaissance de Soi mais l'hégémonie sans cesse renforcée de l'ego dans le conflit permanent des compétitions sociales. "Toujours plus" et surtout plus que l'autre.

Mes élèves qui comparaient leurs résultats et voulaient avoir plus que l'autre.

Le salarié qui veut avoir une augmentation.

Le PDG qui veut développer son entreprise.

Le candidat aux présidentielles qui veut avoir plus de voix que ses opposants.

"Toujours plus".

Jusqu'à être beaucoup moins. Intérieurement. Puisqu'il n'y a plus aucun regard, aucune observation, aucun recul, aucune réflexion. Juste ce tourbillon incessant.

Seule importe la "considération extérieure", le regard que les autres poseront sur cette réussite sociale qui consiste à accumuler.

J'ai connu, quand j'étais petit, un vieux monsieur, François, un ancien "Poilu". Il vivait tout seul dans les bois. Il avait une connaissance extraordinaire de la forêt. Il vivait de la pêche, de son jardin. Une petite pension de blessé de guerre...Je l'aimais infiniment. Je n'ai jamais oublié ni son visage, ni sa voix. Il m'a beaucoup appris. Non pas uniquement des connaissances liées à la nature mais également une connaissance intérieure...

"Ecoute la forêt, Thierry."

Je ne comprenais pas. Mais j'écoutais. On marchait en silence. Il vivait dans une toute petite maison en pierres. Une simplicité d'ermite. Il n'en était pas malheureux. Toujours le même pantalon, un pull de marin, un bonnet. Je l'aidais à faire son bois de chauffage.

Oh, comme je l'ai aimé.

Il est mort, une nuit, dans son lit. J'avais onze ans.

Il en savait bien plus que tous les savants. Il n'avait aucun pouvoir d'achat mais il possédait un profond pouvoir de vivre. De vivre en paix. Et donc à l'intérieur. La croissance extérieure ne l'intéressait aucunement. 

Qu'est-ce que le pouvoir d'achat ?

Le pouvoir d'achat correspond à la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter.  Le pouvoir d’achat dépend alors du niveau du revenu et du niveau des prix. L’évolution du pouvoir d’achat correspond donc à la différence entre l’évolution des revenus des ménages et l’évolution des prix. Si la hausse des revenus est supérieure à celle des prix, le pouvoir d’achat augmente. Dans le cas contraire, il diminue.

«  L’important n’est pas de vivre mais de vivre bien »

 

Socrate

 

Mais, justement ce "vivre bien" est depuis longtemps associé à la nécessité d'avoir du pouvoir d'achat et non du pouvoir de vivre. Nous sommes piégés parce que nous vivons, ici, en France et dans tous les pays "occidentalisés" dans une inévitable recherche de la "puissance financière", une puissance qui confère bien souvent à la difficulté financière et cette difficulté financière limite d'autant le pouvoir de vivre parce que le conditionnement à la vie matérialiste nous fait ressentir cette épreuve du manque d'argent comme une condamnation à ne pas "vivre bien".

La boucle est bouclée et c'est comme une corde de pendu qui nous étrangle.

A moins de la retirer et de descendre de l'escabeau social.

Et de prendre le risque de la marginalité, de l'incertitude, de l'exclusion parfois. 

Je sais, aujourd'hui, que si j'avais vingt ans et que j'avais le regard de mon expérience de vie, je ne deviendrai pas instituteur comme je l'ai été. Je ne serai pas salarié à temps plein. Je construirai une BAD (base de vie durable), je viserai l'autonomie, je ferai des "petits boulots", du troc, j'essaierai d'apprendre de multiples choses, et non pas des choses d'ordre professionnelle : la connaissance des plantes, le bricolage, la permaculture, la construction, tout ce qui pourrait contribuer à mon autonomie, à ma liberté, à mon pouvoir de vivre. Je passerai des heures à penser ou à rêver, à contempler ou à courir, des heures aussi à ne rien faire mais à le faire bien. 

C'est en entrant dans le temps de la retraite que j'ai pu observer à quel point cette vie de salarié, cette vie professionnelle est une abomination. J'ai fait comme mes parents, j'ai fait comme mes amis d'école, j'ai fait ce que la société marchande m'a enseigné.

Aujourd'hui, j'ai un certain "pouvoir d'achat", un pouvoir qui m'a permis d'acheter une nouvelle maison, un très grand terrain, un nouveau fourgon. Je vis bien, financièrement.

Mais si je n'avais pas fait attention à vivre bien intérieurement, je sais que je ne serai pas heureux. 

 

 

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