Qu'un humain sur la Terre
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/10/2016
- 2 commentaires
Au-dessus des montagnes, j’ai vu gonfler dans les nues des vaisseaux de pluie qui rêvaient d’océan,
J’ai entendu dans le murmure des pierres l’étreinte des continents,
Le parfum des cieux vibrait de la lumière des étoiles
J’ai nagé dans les airs froids comme un vaisseau sous ses voiles
J’ai tant bu le soleil que mes os brûlaient d’allégresse
J’ai léché la sueur sur mes lèvres comme un assoiffé en détresse
Les gouttes salées dans mes yeux amplifiaient l’incendie
J’ai traversé les horizons comme des comètes au ralenti
Les étoiles filantes de la nuit me lançaient des clins d’œil
L’écume des vagues tombées des pluies perlaient le vert des feuilles
Des oiseaux voltigeurs encourageaient mes envols
Je devinais dans mes muscles leurs arabesques folles
J’ai senti sous ma peau les frissons des écorces au lever du jour
J’ai salué les grands arbres qui balisaient mon parcours
La sève qui montait de la terre nourrissait mon tronc
Mes alvéoles pulmonaires gobaient l’air au plus profond
J’ai dansé sous les cieux jusqu’au tourbillon du bonheur
Quand le carrousel de la vie déploie ses couleurs
Des mélodies inconnues embaumaient mes regards
Des murmures de lave, des chants de papillons, la course des lézards
Tous les quantiques de l’Univers comme un Dieu rieur
Quand il s’amuse de son pouvoir créateur
J’ai béni cette vie euphorique comme on accueille un nouveau-né
Je l’ai serrée si fort que mon cœur s’est emporté
Les fleuves de sang dans mes veines sont sortis des grands fonds
Inondant les terres asséchées et déposant des limons
Toute fatigue oubliée il ne restait nulle plainte
Et les cellules irradiées bandaient sous l’étreinte
Je me suis assis au sommet des montagnes
Et j’ai ri dans mon âme
Ma respiration emplissait l’Univers
Dans le silence du monde j’entendais tourner la Terre
Alors j’ai crié mon amour et le ciel a vibré
J’ai crié mon amour si longtemps que la Terre s’est figée.
Dans un battement de paupières je me suis vu rêver
J’ai ouvert les yeux sur le ciel, j’étais allongé.
Je me suis redressé et j’ai aperçu dans les vallées lointaines les fumées des usines
Les moteurs des avions déchiraient les cieux comme des lames assassines
La rumeur des humains montait dans un cri sans fin
Et l’Univers lui-même semblait menacé
Comme un flot de pensées attaquant le divin
Des armées de barbares enfourchant des fusées
J’ai pleuré ma détresse et mon ventre s’est noué.
J’ai eu froid soudainement comme un hiver intérieur
Je devais redescendre, je n’étais qu’un humain
J’ai absorbé les lieux dans une grande bouffée d’air
Je tenterai de survivre sans tout consumer
Commentaires
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- 1. Thierry Le 27/10/2016
Merci Josette :) -
- 2. Josette Le 27/10/2016
Sans mots, tant tout est dit.... Merveilleux monologue d'un coeur en alchimie !
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