Qu'un humain sur la Terre

 

Au-dessus des montagnes, j’ai vu gonfler dans les nues des vaisseaux de pluie qui rêvaient d’océan,

J’ai entendu dans le murmure des pierres l’étreinte des continents,

 

Le parfum des cieux vibrait de la lumière des étoiles

J’ai nagé dans les airs froids comme un vaisseau sous ses voiles

 

J’ai tant bu le soleil que mes os brûlaient d’allégresse

J’ai léché la sueur sur mes lèvres comme un assoiffé en détresse

 

Les gouttes salées dans mes yeux amplifiaient l’incendie

J’ai traversé les horizons comme des comètes au ralenti

 

Les étoiles filantes de la nuit me lançaient des clins d’œil

L’écume des vagues tombées des pluies perlaient le vert des feuilles

 

Des oiseaux voltigeurs encourageaient mes envols

Je devinais dans mes muscles leurs arabesques folles

 

J’ai senti sous ma peau les frissons des écorces au lever du jour

J’ai salué les grands arbres qui balisaient mon parcours

 

La sève qui montait de la terre nourrissait mon tronc

Mes alvéoles pulmonaires gobaient l’air au plus profond

 

J’ai dansé sous les cieux jusqu’au tourbillon du bonheur

Quand le carrousel de la vie déploie ses couleurs

 

Des mélodies inconnues embaumaient mes regards

Des murmures de lave, des chants de papillons, la course des lézards

 

Tous les quantiques de l’Univers comme un Dieu rieur

Quand il s’amuse de son pouvoir créateur

 

J’ai béni cette vie euphorique comme on accueille un nouveau-né

Je l’ai serrée si fort que mon cœur s’est emporté

 

Les fleuves de sang dans mes veines sont sortis des grands fonds

Inondant les terres asséchées et déposant des limons

 

Toute fatigue oubliée il ne restait nulle plainte

Et les cellules irradiées bandaient sous l’étreinte

 

 

Je me suis assis au sommet des montagnes

Et j’ai ri dans mon âme

Ma respiration emplissait l’Univers

Dans le silence du monde j’entendais tourner la Terre

Alors j’ai crié mon amour et le ciel a vibré

J’ai crié mon amour si longtemps que la Terre s’est figée.

 

Dans un battement de paupières je me suis vu rêver

 

J’ai ouvert les yeux sur le ciel, j’étais allongé.

Je me suis redressé et j’ai aperçu dans les vallées lointaines les fumées des usines

Les moteurs des avions déchiraient les cieux comme des lames assassines

La rumeur des humains montait dans un cri sans fin

Et l’Univers lui-même semblait menacé

Comme un flot de pensées attaquant le divin

Des armées de barbares enfourchant des fusées

 

J’ai pleuré ma détresse et mon ventre s’est noué.

J’ai eu froid soudainement comme un hiver intérieur

Je devais redescendre, je n’étais qu’un humain

 

J’ai absorbé les lieux dans une grande bouffée d’air

Je tenterai de survivre sans tout consumer

 

 

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Commentaires

  • Thierry
    • 1. Thierry Le 27/10/2016
    Merci Josette :)
  • Josette
    • 2. Josette Le 27/10/2016
    Sans mots, tant tout est dit.... Merveilleux monologue d'un coeur en alchimie !

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