Récupérateur d'eaux pluviales
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/04/2021
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On a un puits sur le terrain. C'était une condition indispensable dans nos recherches. Mais on s'est inscrit pour participer à cet achat groupé. L'idée nous plaît énormément dans la démarche communautaire et bien entendu dans l'objectif de ne plus perdre toutes les eaux pluviales. L'eau est déjà un élément incontournable. Mais elle est condiérablement gaspillée. Sans doute parce qu'elle est si facilement accessible qu'un grand nombre d'individus en ont oublié sa richesse. Qu'en sera-t-il lorsque son accès deviendra fortement problématique ? On verra sans doute ces mêmes personnes se plaindre.
La plainte est parfois le comportement de ceux qui n'anticipent rien, de ceux qui, par insouciance, ne se préparent pas, ne se projettent pas, n'envisagent rien de ce qui pourrait atteindre leur fonctionnement quotidien.
Réchauffement climatique : commandes groupées de cuves d'eau de pluie sur le plateau de Millevaches
Pour s’adapter au réchauffement climatique, le Parc Naturel Régional de Millevaches lance une commande groupée de récupérateurs d’eau de pluie, pour les habitants des 124 communes du territoire.
Publié le 19/04/2021 à 19h14 • Mis à jour le 20/04/2021 à 12h15
Un récupérateur d'eau de pluie installé dans le jardin de Yann Wioland, habitant de Meymac. • © Yann Wioland
Depuis le 1er avril 2021, les habitants du plateau de Millevaches peuvent s’inscrire pour commander une cuve à eau, et ce jusqu’au 31 mai. Une initiative du Parc Naturel Régional pour acheter à plusieurs et bénéficier de tarifs préférentiels. Tous les citoyens des 124 communes du territoire peuvent y participer. Le dispositif s’inscrit dans un programme national d’adaptation au changement climatique, en lien avec l’Ademe (Agence de la transition écologique).
Pendant trois ans, plusieurs projets comme celui-ci seront lancés par le PNR. Le Parc veut réaliser un achat groupé de vélos électriques mais sa première mesure commence cette année, avec des cuves d’eau. "Elles permettront de récupérer l’eau de pluie car sur notre territoire il pleut beaucoup. L’eau pourra être utilisée dans les jardins ou pour nourrir les animaux", explique Manon Campenet, chargée de mission TEPAS (territoire à énergie positive) au PNR Millevaches. "C’est une façon de s’adapter à notre climat. Car malgré une pluviométrie double par rapport au reste de la France, 1200 contre 650 millimètres cubes d’eau tombée cette année, le plateau de Millevaches souffre lui aussi de sécheresse", ajoute Cécile Geay, responsable du pôle animation territorial au sein de PNR Millevaches.
Le PNR menacé par les manques d’eau répétés
Le plateau de Millevaches n’est pas épargné par le manque d’eau. Pourtant ce territoire qu’on présentait comme "le château d’eau de la France" a des soucis à se faire pour les années à venir. Sur le territoire, 8 000 sources sont recensées. Il y a aussi 2,15 kilomètres de cours d’eau par kilomètre carré, alors que la moyenne en Bretagne s’élève à 1,06. Les zones humides sont très importantes sur le plateau, 20% de zone humide sur le PNR contre 2,5% dans le reste de la France. Ce sont les tourbières qui stockent l’eau, "dans 1m3 de tourbière, on a 1 mètre cube d’eau" explique Guillaume Rodier, responsable du pôle gestion de l’espace.
Jamais on avait eu un problème de quantité d’eau sur le territoire mais tout a changé. Les premières canicules arrivent en 1976, puis en 2003 et en 2019, les premiers assecs de cours d’eau sont constatés, même en pleine tourbière.
Guillaume Rodier, responsable du pôle gestion de l’espace du PNR Millevaches
Un phénomène inédit, répété en 2020. "On avait des couches de sol avec 0 degré d’humidité ", s’exclame Guillaume Rodier.
Pour lui, cette situation révèle la fragilité du territoire. "Cela pose la question de la durabilité des espèces et de certaines activités humaines : agricole et sylvicole. Certaines plantations ont subi de gros dégâts à cause de la sécheresse et certains parasites sont apparus comme le scolyte qui s‘attaque aux épicéas."
Aujourd’hui, les précipitations sont faibles et le vent participe à l’assèchement. S’il ne pleut pas d’ici juin, la situation peut s’avérer critique pour l’activité humaine.
Les gestes écoresponsables
Yann Wioland habite à Meymac, avec sa femme, ses deux enfants et ses deux poules, "elles font partie de la famille" ironise t-il. Depuis 15 ans, les questions environnementales l’intéressent et c’est en famille qu’il réalise au quotidien des gestes plus écologiques. Ce passionné de jardinage, fait partie des inscrits à la commande groupée de récupérateur d’eau de pluie. Chez lui, il en a déjà deux, de 300 litres chacun mais ce n’est pas suffisant.
On a besoin d’eau pour notre potager et on n’a pas envie de gaspiller celle du réseau. On préfère utiliser de l’eau de pluie en raccordant des cuves aux toitures du jardin. Notre potager fait 50 mètres carré alors on a besoin de 1 000 litres d’eau par semaine.
Yann Wioland, Habitant de Meymac
Il faut être inventif lance Yann. "L’installation des cuves, c’est une adaptation au changement climatique et les commandes groupées du parc, l’occasion d’avoir des prix plus bas."
Cet habitant du plateau se rend bien compte du réchauffement climatique. "C’est de plus en plus fréquent de ne pas avoir de pluie pendant deux semaines consécutives, et même en plein hiver." Mais, lui et sa famille n’ont pas attendu avant de mettre en place des gestes plus respectueux de l’environnement.
En plus du tri sélectif, des déchets organiques donnés aux poules, de travaux d’isolation, de réduire le chauffage la nuit pour privilégier les couettes chaudes, de consommer local, de favoriser des éponges végétales ou recyclées, d’utiliser une plaque à silicone pour remplacer le papier cuisson… économiser l’eau est aussi un des enjeux principaux.
"On ne laisse pas couler le robinet d’eau quand on fait la vaisselle et quand on se brosse les dents. On scrute notre consommation d’eau et on compare à la moyenne nationale. On est en dessous." Yann teste la permaculture pour éviter de trop arroser le potager et en plus, des récupérateurs installés dans le jardin, il en aimerait un gros. "J‘en aimerais bien un, enterré, qui récupérait l’eau de pluie de la maison, pour les toilettes ou pour la douche. Plutôt que d’utiliser l’eau potable pour une chasse d’eau qui consomme en moyenne 10 litres d’eau..."
Pour Guillaume Rodier, responsable du pôle gestion de l’espace du PNR Millevaches, le changement climatique est une "aubaine" pour réfléchir et changer nos pratiques.
Il faut arrêter de détruire les zones humides et trouver des solutions pour capter l’eau. Ces commandes groupées, c’est un petit pied à l’étrier mais c’est une réflexion globale qu’il faut avoir.
Guillaume Rodier, responsable du pôle gestion de l’espace du PNR Millevaches
Il souhaiterait aller plus loin avec des récupérateurs d’eau sur des grands bâtiments comme sur des stabulations par exemple, pour abreuver les vaches. "Ce devrait être obligatoire de récupérer l’eau des toitures", conclut-il.
Margaux Blanloeil
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