La réforme des rythmes scolaires, acte II… Après une écriture dans la douleur du décret Peillon, la mise en place serait tout aussi difficile. C'est en tout cas ce que déplore le SNUipp Paris trois semaines après la rentrée. Le principal syndicat d'enseignants du primaire, qui tirait la sonnette d'alarme la semaine dernière, rencontre aujourd'hui le recteur de Paris, François Weil. Au menu: des revendications concernant les locaux et la sécurité.
«La catastrophe annoncée a malheureusement lieu», estime Jérôme Lambert, secrétaire départemental du SNUipp75, sur la base des premières remontées d'une enquête menée auprès des quelque 660 écoles de Paris (une centaine de réponses à ce jour). En ligne de mire: «l'alternance de jours irréguliers» -les mardis et vendredis, le temps des apprentissages s'achève à 15 heures et laisse la place aux activités périscolaires, tandis que l'organisation des lundis et jeudis est inchangée-, qui aurait des répercussions catastrophiques notamment sur les enfants de maternelle. «En une journée, ils peuvent voir passer pas moins de quatre intervenants, la maîtresse, les animateurs de la cantine, ceux des activités périscolaires et ceux des ateliers proposés après 16h30!» poursuit le syndicaliste. Évoquant une «arythmie scolaire», il décrit des élèves d'élémentaire «fatigués, désorientés et inquiets dès qu'on évoque la sortie des classes». Un élément que nombre d'enseignants constatent sur le terrain. «A 15h, beaucoup d'élèves me demandent s'il est l'heure de goûter, si le déjeuner est déjà passé…» raconte une professeur des écoles du XVe arrondissement.
Parallèlement, le syndicat dénonce des problèmes de locaux, avec des salles de classe que les enseignants partagent désormais avec les animateurs et des problèmes de sécurité, avec une «circulation des adultes et des enfants incessante, difficile à contrôler».
Pour la Mairie de Paris, «les enfants bénéficient d'ateliers éducatifs de qualité»
«Il me paraît malhonnête intellectuellement de prétendre tirer le bilan d'une réforme de si grande ampleur au bout d'à peine trois semaines d'application», a rétorqué Colombe Brossel, adjointe du maire de Paris en charge de la vie scolaire, par voie de communiqué. «Je m'étonne que le SNUipp Paris (…) ose parler d'une rentrée catastrophique alors même que comme j'ai pu le constater aujourd'hui encore en visitant une école, les enfants bénéficient d'ateliers éducatifs de qualité qui se déroulent bien», explique l'élue PS. Il est clair que, dans d'autres écoles parisiennes, certains parents ne partagent pas son avis. Car la qualité des activités varie énormément d'un arrondissement à l'autre. Sur les questions de sécurité, elle explique que la Mairie n'a jamais «transigé». «Il existe à ce jour un système de contrôle des plus stricts en ce qui concerne les sorties qui ont lieu sur le temps périscolaire», affirme-t-elle.
«Madame Brossel pratique la langue de bois attendue dans le cadre d'une campagne électorale», ironise Jérôme Lambert, qui, depuis les grèves parisiennes de février 2013, incarne l'opposition des enseignants à cette réforme. Les enseignants et l'ensemble des personnels payent aujourd'hui l'addition du passage en force de Bertrand Delanoë et du recteur de Paris.»
Le syndicat, qui, au niveau national, exige une réécriture du décret, posera aujourd'hui ses revendications auprès du recteur: trouver d'autres locaux pour les activités périscolaires, disposer d'une liste à jour des enfants restant aux activités périscolaires et des personnels habilités à rentrer dans l'école. Il rencontrera le lendemain la Mairie de Paris.
La capitale fait partie du petit 20 % de communes ayant choisi de mettre en place la réforme Peillon dès septembre 2013. Une décision purement politique, destinée à «sauver le soldat Peillon», selon le SNUipp Paris. Un choix «pour améliorer les conditions d'accueil des écoliers», selon la mairie. «Une mesure de justice sociale», selon le recteur.
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