Sexualité essentielle ( sexualité sacrée)
- Par Thierry LEDRU
- Le 21/01/2016
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Sexualité essentielle et sexualité sacrée
La sexualité est une manifestation naturelle, saine et joyeuse de notre force de vie
Alain Boudet
Dr en Sciences Physiques, Thérapeute psycho-corporel, Enseignant
Résumé: La sexualité est une manifestation naturelle, saine et joyeuse de notre force de vie. Or bien souvent son expression est entravée ou détournée par des sentiments ou des idées reçues tels que honte, culpabilité, interdiction du plaisir, vide affectif, ressentiments et préjugés vis-à-vis du sexe opposé. Nous pouvons évoluer vers une sexualité épanouie en prenant conscience que ces sentiments sont issus de notre passé et peuvent être remplacés par le lâcher-prise, l'humour, l'attention aux sensations présentes, la légèreté et la joie. Vivre une sexualité connectée à notre moi véritable, c'est savourer la pratique sexuelle avec naturel, simplicité, innocence et émerveillement. Des indications pratiques sur les préliminaires, la maitrise de l'éjaculation, la respiration, sont suggérées. Dans une relation durable dans l'amour et la confiance, des phénomènes énergétiques subtils se déclenchent au moment de l'orgasme, favorables à la santé physique et mentale des deux partenaires. Au delà du plaisir réciproque, l'acte sexuel est un chemin d'accès à l'éveil spirituel qui a été reconnu et enseigné chez de nombreux peuples anciens, puis occulté et diabolisé. Nous sommes en train de le redécouvrir.
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La sexualité est omniprésente dans les médias et sur internet et une abondante documentation en livres, journaux et articles est disponible à son sujet. Alors pourquoi vous proposer un article de plus sur la sexualité?
Je vous répondrai: Pourquoi êtes-vous en train de lire cet article sur la sexualité? Pourquoi en avez-vous eu l'envie ou la curiosité, alors qu'il en existe déjà une pléthore? Vous seul le savez, mais je peux supposer que vous aspirez à découvrir de nouvelles facettes de la sexualité, car elle fascine et reste encore mystérieuse. Peut-être n'êtes-vous pas complètement en paix avec elle, nous sommes tellement imprégnés d'interdits, de honte, d'excès, d'abus, de manipulations, de confusion. L'abondance d'informations parfois contradictoires sur ce sujet le rend encore plus confus et ne satisfait pas forcément votre questionnement profond. Il se peut donc que vous éprouviez le besoin de faire le point. Où vous situez-vous dans cette masse de pratiques, de conseils, d'enquêtes et de théories?
Je n'aurais jamais pris le temps de rédiger cette étude approfondie si j'avais eu comme seule intention de répéter ce qui est dit ailleurs sur Internet. J'ai éprouvé le besoin de faire une synthèse critique de tous les aspects fragmentaires sous lesquels on nous présente la sexualité: assouvissement de besoins physiologiques, méthodes pour accéder au plaisir, décalages fréquents des points de vue des hommes et des femmes, et d'autres aspects moins connus sur l'expansion spirituelle pendant l'union sexuelle.
Cette synthèse à vocation éducative ne se limite pas à vous guider pour vivre votre sexualité de façon agréable et satisfaisante. Ce serait déjà excellent, mais nous irons plus loin. Nous toucherons la nature même de notre être. Nous nous interrogerons: Quelle est la place, la fonction de la sexualité pour nous réaliser dans notre aspect le plus magnifique? Comment participe-t-elle au déploiement de tous nos potentiels? Comment nous relie-t-elle à nos profondeurs et à l'univers?
Par ce questionnement, cette étude rejoint mes autres études sur la réalisation de soi, telles que L'enfant intérieur, La spiritualité ou Le pouvoir des émotions. De même que dans ces dernières, j'ai reformulé le langage habituellement employé, réadapté les informations, je les ai synthétisées, parfois ré-interprétées, pour qu'elles deviennent des pistes de réflexion suffisamment compréhensibles par le plus grand nombre. Je les ai voulues consistantes et ancrées dans la vie pour qu'elles ne restent pas des pensées mortes encombrant le mental, mais ouvrent des perspectives exaltantes pour l'épanouissement de toutes et de tous dans un monde que nous réinventons.
"Sexualité", "sexe", qu'est-ce que ces mots vous évoquent?
Pour nous engager dans cette exploration, je vous propose de porter un moment votre attention sur ce qui se passe en vous lorsque nous évoquons lasexualité et le sexe. Observez comment votre tête, votre corps, réagissent. Observez sans aucun jugement, sans chercher à savoir si c'est bien ou si ça devrait être autrement. Observez honnêtement, avec bienveillance envers vous-même. Vos réactions vous indiqueront où vous en êtes, par exemple si vous êtes à l'aise ou non. Il est primordial que vous vous acceptiez tel que vous êtes avec ces réactions, tout en sachant que vous pouvez décider d'évoluer vers une sexualité plus épanouie, si vous le souhaitez bien sûr, en vous laissant guider par ce que nous développons dans ce texte.
Pour vous aider à percevoir vos réactions, voici quelques questions et suggestions:
- A la pensée du sexe et de l'activité sexuelle, éprouvez-vous de la curiosité, de l'envie, de l'excitation, de la joie, de l'indifférence, de la répulsion, du mépris, de la répugnance, de la peur, de l'angoisse? Il est possible que cela vous évoque des expériences malheureuses, honteuses, humiliantes ou traumatisantes.
- Si l'on vous demande de parler de votre sexualité, de vos désirs, d'exprimer votre opinion à ce propos, éprouvez-vous de la gène? Vous réagissez peut-être par le silence, par un rire nerveux ou par une blague qui vous permet d'esquiver.
- Vous sentez-vous serein ou sereine vis à vis de votre sexualité? Ou bien, vous êtes peut-être dans l'un des cas suivants.
- Vous connaissez bien le sujet, vous avez suffisamment lu, mais vous n'êtes pas à l'aise. Il ne suffit pas de savoir, il y a certaines choses à creuser en vous sur votre personnalité et cet article vous donnera des pistes.
- Il y a des aspects de la sexualité que vous connaissez mal et que vous aimeriez explorer.
- Vous estimez que vous avez déjà beaucoup de connaissances intellectuelles et théoriques, mais il vous est difficile de faire le lien entre ces connaissances et votre vécu personnel. Dans ce cas, il serait indiqué que vous puissiez avoir des explications pratiques et vivantes supplémentaires. Cet article vous parle de vous, de ce que vous êtes, non de théorie.
- Vous êtes attiré(e) par la sexualité, mais en même temps, vous avez des difficultés avec le plaisir, quelque chose en vous le repousse.
- Vous avez des difficultés sexuelles avec votre ou vos partenaires et vous vous demandez pourquoi. Cet article vous proposera des pistes de réflexion approfondies et parfois originales.
- Vous avez une pratique sexuelle satisfaisante, mais elle ne correspond pas à ce qu'on voit couramment dans les films. Cela vous rend perplexe, et peut-être même frustré(e). Nous verrons que les films exposent une version déformée de la sexualité, ce sont des clichés.
- Vous craignez que votre comportement sexuel spontané ne convienne pas à votre partenaire, ou ne conviendrait pas à un(e) futur(e) partenaire quel qu'il ou elle soit. Pour être aimé(e) et apprécié(e), vous croyez que vous devrez vous comporter d'une autre façon, selon des modèles qui ne vous plaisent pas forcément, mais qui vous semblent nécessaires: les filles sont comme ceci et réagissent comme ceci, et les garçons comme cela. Nous verrons qu'avoir des idées préconçues sur les uns et les autres et sur la sexualité n'est pas une bonne façon de procéder. Le dialogue entre partenaires est bien plus profitable.
- Vous pressentez que la sexualité est bien plus que l'obtention d'un plaisir à deux, mais vous permet de toucher d'autres aspects profonds et inconnus de votre être et vous aimeriez explorer cette réalité. Nous le ferons.
Dans cet article, nous examinerons la place du plaisir dans la relation sexuelle, ce qui l'entrave et ce qui le favorise. L'acte sexuel est avant tout un acte relationnel et à ce titre, il est porteur de toutes les difficultés et de toutes les joies que l'on rencontre dans tous les domaines relationnels. Nous montrerons qu'au delà du plaisir, l'acte sexuel est un chemin d'accès à l'éveil spirituel.
Les représentations sociales de la sexualité nous laissent désorientés
Notre comportement sexuel est fortement influencé par ce qui nous a été inconsciemment suggéré par notre environnement depuis notre enfance: parents, frères et s?urs, copains, copines, enseignants, journaux, films, télé, radio, images publicitaires, et plus récemment internet. Même si l'attitude de nos parents a été de ne pas vouloir aborder le sujet, ils nous ont de toute façon transmis une attitude vis-à-vis du sexe par leur positionnement.
Nous sommes globalement conditionnés à adopter des comportements conventionnels par les représentations sexuelles que notre société véhicule: images de la femme, de l'homme, de la séduction et de la sexualité. Malgré des variantes personnelles, nous sommes imprégnés de ces valeurs et de ces clichés. Hélas, ils ne nous mènent pas souvent vers le meilleur de nous-mêmes. Ils sont essentiellement orientés vers la création de besoins artificiels qui nous incitent à acheter et à consommer, à moins qu'ils n'aient comme but de nous distraire superficiellement, de nous détourner de nous-mêmes pour nous empêcher de découvrir qui nous sommes vraiment.
Avant les années 60, la sexualité était tabou. Il était malvenu d'en parler librement autour de soi ou dans les médias. Depuis la situation a changé. Certains et certaines ont osé parler librement, revendiquer leur droit au plaisir. Les femmes ont rejeté la contrainte de "devoir conjugal" qu'on leur imposait, ont exprimé leurs sensations, leurs désirs et leur plaisir sexuel dans leur spécificité féminine. On a découvert que les carcans religieux et patriarcaux auxquels on s'efforçait d'obéir avec peine, drame et souffrance, bridaient l'épanouissement sexuel et étaient fondés sur un pouvoir abusif. Les m?urs se sont décomplexées et les gens se sont détendus. Il y a eu une évolution positive vers lareconnaissance du fait que la sexualité est partie intégrante, essentielle et épanouissante de nous-mêmes.
Mais comme le balancier était allé trop loin du côté de l'interdit, il est revenu en force du côté de la licence. Compte tenu de la répression antérieure, c'était inévitable. La licence s'est alors manifestée comme un défoulement excessif, au point que la sexualité est devenue une nouvelle obsession. Attention, je ne suis pas en train de suggérer une morale à suivre, loin de là. Chacun se cherche selon sa propre voie. J'incite simplement à découvrir la voie d'une sexualité qui nous procure un sentiment d'enrichissement et de plénitude, ce qui n'est généralement pas le cas de la sexualité obsessionnelle et défoulante.
La rencontre sexuelle ne bénéficie pas de références saines
Dans cette recherche, nous sommes peu aidés par les modèles de comportement représentés dans les médias.
On aurait pu croire que la "libération" de la sexualité irait de pair avec la créativité [dans la pratique sexuelle]. Or ce dont se plaignent les gens - et plus particulièrement les femmes - c'est de la standardisation des comportements sexuels. La raison en est que les pratiquants agissent "comme dans les films"; ils appliquent ce qu'ils ont vu sur les écrans... Il faut dire que le X constitue le seul "enseignement "dispensé; il n'existe en effet aucun film d'érotisme, c'est-à-dire une ?uvre où la sexualité aurait un sens et une esthétique, qui porterait à élever les consciences. (Dr. Leleu, Sexualité, la voie sacrée)
Bien que la sexualité soit omniprésente dans l'industrie du divertissement (télé, cinéma, spectacles, internet), on y montre principalement des attitudes qui ne fonctionnent pas dans la vie réelle: par exemple la femme dit oui tout de suite, comme si elle n'attendait que ça et elle jouit immédiatement. Le phénomène internet a multiplié et facilité l'accès à d'innombrables scènes pornographiques dans lesquelles les personnes sont représentées comme avides de sexe en tout genre. Les femmes y sont traitées de salopes et de chiennes comme si elles aimaient être insultées. C'est dramatique pour les adolescents dont ce canal constitue l'entrée en matière de sexualité. Ils n'ont pas de références saines, c'est-à-dire respectueuses des personnes. C'est ainsi qu'à l'extrême (comme nous l'a montré une actualité récente), ils arrivent à croire qu'organiser une "tournante" est chose normale (une fille subit le viol de plusieurs garçons successivement).
Des milliers de pages exposant des vidéos amateurs de scènes érotiques sont accessibles gratuitement sur internet.
Une surprenante caractéristique des m?urs sexuelles est un retour au machisme ou son exacerbation. Mépris et domination de la femme se traduisent par des propos et des attitudes dégradants, agressifs et violents envers elle; le comble de l'avilissement étant les "tournantes". Cette dégradation des relations entre la femme et l'homme peut être mise sur le compte du modèle d'information sexuelle dont disposent les jeunes: des films pornographiques où la femme est présentée comme une poupée jouissante soumise à l'homme ou comme "une chienne qui ne pense qu'à ça". Ce qui renforce la peur qu'ont les hommes de l'émancipation de la femme et, par contrecoup, leur désir de la soumettre... (Dr. Leleu, Sexualité, la voie sacrée)
Toutefois, au fond d'eux, les gens sentent bien que quelque chose ne va pas et que cela ne correspond pas à leur nature, mais ils ne savent pas pourquoi et comment. Ils sont donc désorientés face au sexe, tout spécialement les adolescents.
[Les adolescents] ne savent plus ce qui est à faire ou à ne pas faire. Ils ont perdu la hiérarchie des désirs et des demandes... Ils ne savent pas ce qui est ou non compatible avec la dignité humaine. (Dr Leleu, Sexualité, la voie sacrée)
L'éducation sexuelle
Il est donc urgent qu'une véritable éducation sexuelle soit mise à la disposition de tous, en commençant par l'école. Les quelques cours scolaires sur ce sujet n'abordent que la physiologie et la biologie. Ils ne sont pas un apprentissage sur soi-même et sur l'autre. L'école faillit lamentablement à dispenser une véritable éducation qui inclurait la connaissance et la maitrise de nos émotions et des relations avec les autres. Elle préfère, à quelques nuances près, bourrer notre crâne de savoirs intellectuels que l'on devra apprendre par c?ur et ressortir le jour de l'examen (rien ne change malgré de nombreux rapports et expériences positives à ce sujet depuis les années 50 - voir le dossier Éducation).
Nos enfants, nos adolescents, et par conséquent nous-mêmes qui l'avons été, nous manquons terriblement d'un apprentissage sur l'épanouissement de l'être et de sa sexualité. Il n'existe pas d'enseignement sexuel orienté vers la réalisation de soi et la plénitude (voir des développements dans l'article L'éducation sexuelle).
Notons toutefois que des exceptions peuvent être trouvées dans des initiatives privées, telles que le site web Éducation sexuelle, ou encore la publication de très bons livres éducatifs (certains sont indiqués en fin d'article). Ils ont l'immense mérite d'inciter au respect et à l'amour de l'autre. Ils mettent l'accent sur l'écoute de soi et de son partenaire, la fantaisie, l'agrément, le détachement du souci de la performance. Cependant ils restent peu diffusés, particulièrement chez les adolescents qui préfèrent l'internet et la radio.
De plus, il est rare de les voir aborder le sujet du sens de l'acte sexuel: car l'acte sexuel est bien plus que se donner du plaisir réciproque, c'est réunifier en soi ses énergies masculines et féminines, c'est se découvrir dans toutes ses dimensions en connexion avec sa nature profonde.
La sexualité comme défoulement émotionnel
Les adolescents représentés dans la série de photographies de Larry Clark ne semblent pas heureux et cherchent des échappatoires dans la sexualité et la drogue.
Pour certains d'entre nous, la vie semble n'avoir aucun sens. Le monde environnant est froid, dur et impitoyable. Nous avons été conditionnés à l'idée qu'il faut lutter pour obtenir de la considération et de quoi subsister. Chacun se trouve donc seul face à lui-même. Ceux qui abordent le monde avec ce regard sont tentés de s'engouffrer dans la sexualité comme dans un refuge contre la solitude et le désarroi, dans l'espoir d'y trouver une niche de chaleur humaine.
D'autres vivent leur quotidien coincés par des charges et des devoirs plus ou moins stressants, plus ou moins désagréables ou épuisants. Ils voient le temps défiler sans profiter de la vie. L'orgasme constitue une exception, une parenthèse: ils sentent un courant de vie intense couler dans leur corps. C'est comme un rappel que la vie existe.
D'autres encore se sentent seul(e)s et en manque affectif. La rencontre sexuelle occasionnelle leur donne l'impression fugitive plus ou moins consciente de combler leur vide affectif. Ces moments ne sont que des bouffées d'air qui permettent de supporter le reste. Ils ne règlent rien sur le fond.
En prêtant attention à notre ressenti après l'acte sexuel, il est facile de nous rendre compte si la rencontre sexuelle n'est qu'une compensation, un pis-aller, une illusion destinée à occulter un besoin plus profond ou si elle résulte d'une attirance amoureuse et d'un échange authentique. L'acte sexuel accompli dans le cadre d'une relation d'amour véritable crée un sentiment d'assouvissement, de plénitude, de sérénité et de bonheur. On en ressort grandi et dilaté.
Au contraire, dans le cas d'une compensation illusoire, une fois l'orgasme passé on est à nouveau seul face à soi-même, et face à l'autre qui n'a été qu'un complice passager. L'acte n'a pas étanché la soif de vivre. Il en reste un sentiment de manque, de tristesse, de nostalgie, de vide. Alors, on en redemande pour retrouver cette brève sensation de vie. La sexualité est utilisée comme une drogue pour fuir son malaise (voir Drogues et développement spirituel). Elle se transforme peu à peu en une addiction et une obsession.
ATTENTION: Pour éviter les fausses interprétations et bien faire comprendre l'intention de cet article, il est important de préciser que je ne décris pas une sexualité que je taxerais d'inadéquate ou même mauvaise, pour la remplacer par une bonne sexualité qui serait considérée comme un modèle à atteindre. Ici, il ne s'agit ni de modèle, ni de morale. Mon intention est d'attirer l'attention sur notre état d'âme, de vérifier si nos actions sont en accord avec nous-mêmes ou si elles obéissent à des codes de conduite qu'on se croit obligé de suivre. J'invite à faire connaissance avec les ressources dont nous disposons pour se sentir mieux.Je suggère que chacun trouve lui-même ce qui lui convient et choisisse ce qui est le meilleur pour son épanouissement.
Satisfaire le besoin de sexe
Certaines rencontres sexuelles, habituellement de la part des hommes, n'ont d'autre but que de trouver une partenaire pour satisfaire leurs pulsions. Dans ce cas, la femme est considérée comme un objet dont il faut tirer le maximum de jouissance, sans qu'il soit nécessaire d'éprouver un sentiment envers elle. Ce vide affectif est déploré par les femmes, y compris les adolescentes. "Les garçons ne pensent qu'à baiser!" déplore l'une d'entre elles; une autre s'indigne: "A notre premier rendez-vous, il ne m'a même pas embrassée, il a voulu qu'on le fasse par derrière tout de suite."(Dr Leleu, Sexualité, la voie sacrée)
Les hommes justifient parfois ces comportements par des prétextes erronés. Ils croient que le sexe fonctionne de cette manière, car ils l'ont vu dans les films. Ils se font leur cinéma intérieur et se disent que si la femme dit non, c'est qu'elle veut dire oui, parce qu'elle aime qu'on aille la chercher de force (la femme peut parfois être confuse à ce sujet, à cause d'un fort besoin d'être aimée). Ce sont des idées toutes faites et sans fondement sur ce que l'autre aime et pense. On peut remarquer qu'une telle attitude néglige l'écoute de l'autre, le dialogue, la communication vraie.
Il n'est pas dans mon intention de juger de tels comportements, mais de vous inviter à vous demander s'ils vous satisfont. Vous laissent-ils un sentiment de frustration et de tristesse, ou de contentement et de plénitude? Si les deux partenaires y trouvent contentement et plaisir, alors cela indique qu'ils vivent ce qui est juste pour eux d'expérimenter.
Évacuer les tensions
Les hommes mettent souvent leurs envies impérieuses de sexualité sur le compte de leur instinct sexuel et de leurs besoins physiologiques. C'est une réponse trop facile et trop superficielle qui fait l'impasse de leur ressenti profond. S'ils y prêtent attention, sans écarter l'influence de l'instinct, ils pourront détecter d'autres influences dominantes issues de leur personnalité. Il s'agit souvent du besoin de défouler des tensions vives, autrement dit de se lâcher. Leur corps est tendu par le contrôle de soi (voir Psychologie biodynamique). On les a éduqués à être toujours à la hauteur, être forts, ne pas faillir. En conséquence, ils ont appris à se contrôler, à ne pas exprimer leurs émotions et leurs doutes. Leur corps en porte l'empreinte.
Le trop-plein de tensions peut être évacué par différents moyens, mais les hommes ont peu d'occasions de se relâcher. Ils le font au travers des conflits et des accès de colère, ou dans les sports où ils dépassent leurs limites. Dans les sports de l'extrême, ils vont au bout de leurs tensions pour lâcher et sentir enfin de fortes pulsions de vie. Un autre moyen de les ressentir est l'orgasme.
L'orgasme est pratiquement le seul moment de leur vie quotidienne où ils font l'expérience du lâcher-prise complet. Ils s'y abandonnent un bref instant avec délice, sans que cela aille à l'encontre de leur image de mâle. Ils peuvent alors sentir les forces de vie couler dans leur corps comme la sève de l'arbre.
Honte et estime de soi
À l'inverse du sexe débridé, de nombreuses personnes sont réticentes à vivre leur sexualité. Certaines personnes ne sont pas du tout attirées par la sexualité et trouvent un équilibre sans sexualité. Pour celles-là, tout va bien. Mais pour les autres, il s'agit de blocages dus à une éducation enfermante ou à des troubles et abus vécus dans le passé. Leurs pulsions de vie leur attirent vers la sexualité, mais elle est repoussée parce qu'elle leur fait peur. Elles s'aventurent toutefois dans la sexualité pour "faire comme tout le monde". Mais elles la vivent avec retenue, habitées par leurs doutes, leurs réserves et leurs appréhensions.
À beaucoup, on a inculqué l'idée que la sexualité est défavorable à notre épanouissement, qu'elle est dégradante et risque de nous entrainer dans une spirale descendante; que se livrer à la sexualité, c'est entrer dans le vice, ressembler à une prostituée, donner de soi une image honteuse et une mauvaise réputation.
Cette honte a été inculquée par des siècles de diabolisation de la sexualité par les institutions religieuses, associée à la diabolisation du corps, des sensations de plaisir, de la femme et des énergies féminines. Même si par la pensée nous comprenons que la sexualité est l'expression normale de l'énergie de vie comme la nature nous en offre l'exemple, il reste au fond de nous une sorte de crispation, un réflexe de quelque chose de mal, de honteux, de coupable qui nous conduit à la destruction et la perdition. Le corps conserve inscrit en lui ces injonctions. Une observation honnête et rigoureuse de ces résurgences, associée à une bienveillance tendre envers soi aidera à les dissoudre (voir L'enfant intérieur).
D'autres ont honte de l'image de leur corps intégralement nu. Se montrer dans son intimité la plus complète n'est pas forcément facile. Il se peut que vous craignez de ne pas correspondre à l'image que vous aimeriez donner, par peur de ne pas être suffisamment attirant(e). Vous doutez de vous, de vos proportions, de vos rondeurs, de vos seins, de l'aspect de vos parties génitales. On vous a peut-être inculqué la pensée que les organes génitaux sont quelque chose d'inférieur, de laid. Voir vos parties génitales et celles de l'autre en détail peut susciter de la gène, du dégout, ou une curiosité que vous jugez malsaine. En clair, vous ne vous aimez pas tel(le) que vous êtes et vous avez peur du jugement de l'autre (voir Se mettre à nu). Comment pourriez-vous vous adonner à la rencontre sexuelle dans la joie et la confiance si vous ne vous aimez pas vous-même?
D'autres formes de honte nous encombrent. C'est par exemple la comparaison avec les autres. Je n'ai pas envie de sexualité alors que tout le monde autour de moi ne parle que de ça et semble l'apprécier au plus haut point. Je suis anormal(e). Je ne correspond pas à ce que décrivent les films et les copains. A mon âge, je suis encore vierge, et j'en conçois une mauvaise estime de moi, une honte de moi. Non, vous n'êtes pas anormal(e) ni déméritant(e). Bien au contraire, vous pouvez vous féliciter de suivre votre chemin personnel, vous osez être fidèle à vous, vous avez le courage d'écouter et suivre votre voix intérieure plutôt que les sirènes extérieures. Soyez-en fier(e).
Une autre source de honte et de sous-estime de soi est l'absence de plaisir: J'ai fait l'amour pour faire comme tout le monde, mais je n'en ai pas éprouvé de plaisir. Cela fait déjà des années que je fais l'amour et je n'ai pas encore connu le plaisir. Puisque tout le monde a du plaisir, c'est que je suis nulle. Bien entendu ce type de raisonnement est faux. Le plaisir n'a rien à voir avec vos performances ou vos mérites. Il découle du type de relation que vous avez, c'est une alchimie à deux. Il est très influencé aussi par l'idée qu'on s'en fait. Peut-être même ne le ressentez-vous pas parce que vous l'attendez sous une autre forme, par exemple explosive alors que le vôtre est doux et léger.
J'ai discuté avec un nombre incalculable de femmes qui pensaient ne jamais pouvoir jouir, alors qu'elles connaissaient régulièrement et facilement l'orgasme. D'autres ont appris à connaitre leur corps et ce qu'il aime, ce qui implique de respecter son rythme. Avoir un orgasme peut devenir très simple: il suffit d'apprivoiser son corps, de se détendre, de découvrir ce qui vous excite, et comment. Si vous souffrez de problèmes personnels ou émotionnels qui semblent interférer avec le plaisir sexuel, alors il serait bon d'y travailler en parallèle. (L. L. Paget, L'orgasme sans tabou)
Le manque de plaisir peut résulter d'une interdiction inconsciente. J'ai du plaisir, mais je n'ai pas le droit, c'est indécent et inconvenant. Dans ce cas le plaisir est stoppé dès qu'il pointe son nez. Là encore, ces injonctions sont issues d'une éducation de la peur qui se transmet de génération en génération.
D'autres sont à l'aise avec la sexualité, éprouvent du plaisir, l'apprécient, mais refusent certaines pratiques courantes parce qu'elles les dégoutent. Par exemple, le sexe oral. Moi, une femme convenable, vais-je m'abaisser à lécher le sexe d'un homme, être léchée par lui? De même pour le plaisir en solitaire. On vous a dit que la masturbation était non seulement répréhensible, mais nocive à la santé physique et mentale. Tout cela est le résultat de la diabolisation de la sexualité.
La honte et la sous-estime de soi sont des poisons qui sabotent votre vitalité et vous détournent de la joie de vivre. Une façon de vous en libérer est d'abord de reconnaitre qu'ils sont actifs en vous. Il est bon que vous puissiez en parler, si possible avec votre partenaire. Échangez librement chacun à votre tour sans interrompre l'autre sauf peut-être pour lui demander des précisions. C'est une excellente pratique pour approfondir votre relation et intensifier votre amour. Parler de vos difficultés, de vos peurs, de vos désirs.
Respectez-vous. Accueillez-vous tel que vous êtes: avec vos désirs, vos peurs, vos limites, vos résistances. Ne vous forcez jamais à pratiquer quelque chose qui vous déplait, même si vous pensez que vous devriez dépasser votre résistance. Ne vous jugez pas.
Les ombres de la personnalité embrouillent notre sexualité
L'exemple précédent de la honte nous a familiarisés avec le fait que certains traits négatifs inscrits dans notre inconscient viennent s'interposer de façon inattendue et intempestive dans notre vision et notre pratique de la sexualité. La relation sexuelle peut mettre à jour des accumulations émotionnelles et des préjugés qui l'empêchent de se développer librement, obscurcissant sa fonction originelle. Par exemple on peut rencontrer: perte de sens, incapacité à s'abandonner, culpabilité, interdiction du plaisir, peur de déplaire, jugements négatifs sur le corps et la sexualité, et d'autres que nous décrivons ici.
La peur d'être soumis à la femme
Merci à Laetitia Tixier
La plupart des hommes portent les stigmates de leur relation avec leur mère. S'ils ont eu la chance d'avoir une mère qui leur a accordé toute sa confiance, si elle a reconnu en eux une graine de vie qu'elle a arrosée et laissé croitre selon sa nature, ils ont été magnifiquement préparé à une vie et une sexualité épanouies. Mais si le garçon a été soigneusement surveillé et contenu dans un espace étroit de liberté au nom de sa sécurité, si sa mère désirait le garder pour elle et lui demandait constamment des marques d'attention, ou si elle le modelait selon la vision qu'elle avait d'un homme, alors la mère est devenue une menace pour le garçon qui, devenu adulte, aura probablement des craintes inconscientes de s'abandonner vraiment à une femme dans la relation sexuelle.
S'abandonner à la femme résonne pour lui comme se soumettre au féminin. Il ne peut le faire que jusqu'à un certain degré et conserve une vigilance et un réflexe de contrôle. Mais il a toujours le pouvoir d'en prendre conscience et de décider de le transformer, avec l'aide de sa partenaire.
Beaucoup d'hommes ont peur d'être engloutis par la puissance de la femme. C'est une peur ancestrale, qui est transmise à l'homme depuis des siècles dans la société occidentale. C'est cette peur qui a entrainé les hommes à reléguer la femme au second rang, à la minimiser, voire l'humilier et la détruire. De ce fait, le féminin qui à l'origine s'offre généreusement, s'est recroquevillé en quelque chose de protégé, de secret, de mystérieux, qu'on ne peut plus voir en face, en toute transparence. Ce côté sombre et inconnu lui donne un aspect encore plus menaçant et ne fait que renforcer la peur.
L'aspect sombre et mystérieux du féminin qui se protège a généré certains fantasmes angoissants pour l'homme qui se représente la femme comme une castratrice, une mangeuse d'hommes. Il révèle ainsi qu'au fond de lui, il reconnait qu'elle peut exercer un pouvoir sur lui et le soumettre à ses désirs, même s'il affiche le contraire extérieurement. Sur le plan du fantasme sexuel, le vagin avale le pénis et le maintient sous son pouvoir. Il existe une imagerie dans laquelle le vagin est pourvu de dents. Le Vagina dentata apparait dans les mythes de presque toutes les cultures quelle que soit la religion dominante. Encore récemment (2008), le filmTeeth de Mitchell Lichtenstein met en scène un jeune fille qui découvre que son vagin mord quiconque souhaite en abuser.
Le ressentiment envers l'homme
La femme peut avoir de nombreuses raisons d'en vouloir à l'homme. Elle porte les stigmates de la relation avec son père, qui peut lui avoir manqué d'amour (froideur, absence, autoritarisme, séduction, humiliation, violence, ou à l'inverse héros ou sauveur irremplaçable...). Elle est aussi marquée par des siècles dedomination masculine où elle a été rabaissée et violentée.
Nombreuses sont les femmes qui ont subi des abus sexuels sous une forme ou une autre, parfois seulement en intention, mais nettement ressentie comme une intrusion. Les cas les plus fréquents se produisent avec des proches de la famille ou des connaissances, mêlés à des sentiments ambigus et coupables si une certaine amitié ou estime a pu se développer antérieurement avec l'abuseur. Un grand nombre de ces femmes se sentent salies et éprouvent de la honte. Ces épisodes sont inscrits en elles comme une terreur de l'homme, ou une trahison, avec parfois un désir de vengeance inconsciente. Très souvent, la femme oublie cet épisode d'abus, car il était trop douloureux de le supporter. Son esprit s'en est protégé en l'oubliant.
A l'occasion de l'union sexuelle, ces sentiments négatifs peuvent ressurgir sous une forme détournée. Par exemple par le manque de désir ou par des dérèglements organiques comme la vaginite.
Le manque de désir résulte parfois de mécontentements dans la vie de couple. Un exemple: la femme est déçue par son conjoint parce qu'il est souvent absent de la maison. Le manque de désir est sa punition inconsciente envers l'homme.
Les jeux de manipulation et de séduction
Une femme peut accepter de faire l'amour avec son partenaire, même si elle n'en pas envie, par peur de ne plus être aimée si elle refuse. Elle espère donc qu'en échange son partenaire lui sera reconnaissant et lui procurera sécurité et amour. Si, malgré son peu d'enthousiasme, elle accepte en riant, sur un mode ludique et aimant, cela ne crée aucune gène. Où la difficulté nait, c'est si elle accepte contre son gré, avec amertume. Quant à l'homme, il joue un jeu comparable s'il réagit avec colère ou amertume au refus de sa partenaire. L'amertume va ronger le couple.
Généralement, nous sommes conditionnés depuis l'enfance à ne recevoir des gratifications et de l'attention de la part de nos parents que si nous satisfaisons à leurs exigences. Par exemple, si nous leur sourions, si nous sommes sages, silencieux et immobiles, si nous avons de bonnes notes scolaires. Cela s'appelle de l'amour conditionnel, parce qu'on reçoit l'amour sous condition, ce qui à vrai dire n'a rien de l'amour. C'est un marché, un commerce: tu me donnes ton attention, même si tu n'en as pas envie, et alors je te gratifie aussi de mon attention ou d'un cadeau.
Adultes, nous fonctionnons encore beaucoup à notre insu selon ce marchandage, par conditionnement. Nous acceptons de faire des choses parce que nous pensons que nous en serons gratifiés par de l'argent, de la considération ou par l'estime des autres. Il se peut que la relation sexuelle intervienne aussi dans ces transactions. En acceptant de nous comporter en désaccord avec notre nature profonde ou notre être intérieur, nous ne sommes plus vrais, nous nous trahissons nous-mêmes et nous trompons l'autre. C'est au fond une manipulation subtile et inaperçue.
Manipuler, c'est man?uvrer pour amener l'autre à agir selon notre souhait, par exemple par la séduction, en le "prenant par les sentiments", par la menace (de ne pas accéder aux désirs de l'autre, etc.). Nous le faisons presque instinctivement sans nous en rendre compte, par conditionnement.
Il n'y a pas lieu de nous culpabiliser si nous découvrons que nous avons employé une dose de manipulation. Il suffit juste de repérer le jeu, de le reconnaitre, d'en parler à l'autre et d'en rire.
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