Sténose canalaire lombaire

J'avais 25 ans.

Je venais d'être opéré d'une première hernie discale. Opération ratée. 

Dépression. Mon rêve de devenir guide de haute montagne s'effondrait. On n'entre pas à l'école de ski et alpinisme de Chamonix avec un dos détruit. 

De 55 kilos, je suis monté à 85.

Puis, je me suis reconstruit, lentement. 

J'ai quitté la Bretagne pour les Alpes.

A trente-sept ans, cette hernie qui continuait à me faire souffrir s'est dédoublée. L4/L5/S1.

Paralysie de la jambe gauche. Un chirurgien m'a opéré en me prévenant des risques. Risques immédiats mais aussi sur le long terme.

J'ai repris la marche, lentement. Puis les sommets.

A quarante-quatre ans, tout a recommencé. Paralysie, morphine, des douleurs à devenir fou. Le chirurgien a proposé une opération qui me condamnait, soit au fauteuil roulant, soit à la perte de ma jambe gauche, soit à pouvoir remarcher, sans doute avec une canne mais en tout cas, en abandonnant toute idée de sport.

J'ai refusé.

C'est une médium magnétiseuse qui m'a sauvé.

Aujourd'hui, j'ai soixante ans et les risques qui m'avaient été énoncés se réalisent. 
J'ai une sténose du canal lombaire. Ossification du ligament jaune si importante que j'ai une excroissance en bas du dos, au niveau des hernies. Comme une bosse dure et qui grossit. Les nerfs sont comprimés.

Mon mollet gauche s'atrophie depuis trois ans. C'est même devenu visible à l'oeil nu. 

Des crampes nocturnes, l'obligation de me lever et d'aller marcher. 

Le matin, mon bassin est douloureux, pris dans un étau. Je dois faire des étirements bien précis, des mouvements que j'ai fini par mettre au point tout seul. De toute façon, aucun kiné n'y peut rien. 

La progression est inéluctable. 

Le diagnostic le plus sombre est celui de la perte de mobilité de la jambe gauche, une paralysie partielle, voire totale. Les nerfs se nécrosent. Je perds peu à peu la sensiblité dans certains orteils du pied gauche.

On vient de rentrer, on a passé six jours sur les sommets en Ariège. 8000 mètres de dénivelée, 90 kilomètres, des sorties de 6 à 8 heures.

Je marche, je cours, je grimpe. Et ce sont les montagnes qui me tiennent debout. Je m'appuie contre elles.

Tant que je mettrai un pied devant l'autre, je n'arrêterai pas. Et si je tombe là-haut et ne me relève pas, le décor me convient. 

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