Tu n'est pas Je.

Je reviens parfois sur ce texte. Je sais dans quel état je l'ai écrit. Pas plus de dix minutes. Une révélation soudaine. La compréhension fulgurante de ces deux entités en moi, cette lutte constante de "Tu" qui prend forme dans les réseaux humains, les relations sociales, les identifications rapportées et les regards qui nous empoisonnent.

L'oubli de "Je" qui ne peut être saisi que lorsque "Tu" s'efface. 

Une lutte qu'il faut mener jusqu'à son terme pour vivre soi-même et mourir comme un nouveau-né.


 

Qui es-Tu toi qui m'étouffe sous tes certitudes

Entassées comme autant de fêlures

Tu as établi ta souveraineté au royaume des altitudes

Miasmes enluminés d'infinies convenances,

Soumissions passives, vicieuses accoutumances,

Qui es-Tu pour vouloir ainsi me perdre alors que Je t'héberge

Tu as voulu te nourrir des amitiés soudoyées,

Honorer les vénérations, les reconnaissances

Te gaver sans répit des amours passés,

Tu as cru prendre forme, pâte malléable

Abandonnée langoureusement aux caresses versatiles

Tu réclamais ta pitance le cœur éteint

Et l'ego malhabile, prêt à t'humilier pour calmer ta faim,

L'euphorie anarchique te servait de remède et

Tu refusais d'écouter en ton sein

Vibrer une âme éteinte qui tendait vers sa fin

Tu as rogné le Temps comme un poison pervers

 Avide d’espoir et gangréné de remords

 Mais la Vie a trouvé la faille et t'a mené vers le tombeau

Nulle crainte pour elle Tu n'étais qu'un vaisseau

Tu pouvais bien sombrer dans les abysses lointaines

Elle était l'Océan, Tu te croyais capitaine

Au creux des montagnes mouvantes Tu as eu peur enfin

Tes pensées se sont tues et Je suis revenu

De mon corps paralytique ont jailli des lumières

Des étreintes amoureuses ruisselant de semence

Palpitations d'univers comme autant de naissances

J'ai compris les douleurs car Tu n'étais plus là

Dressé à la barre d'un navire perdu Tu n'avais pas le choix

Ta solitude morbide t'emplissait de morve

Il fallait que Tu craches toutes tes nuisances

Pour échapper enfin aux avides noirceurs

Je ne t'en veux pas Tu sais,

Tu as fait ce que Tu croyais juste

Le courant était bien trop fort pour toi

Je te tends la main désormais

Il n'y a plus rien à fuir, ni peur à nourrir

Le Temps que Tu vénérais te privait des instants

Le Temps que Tu as gâché n’en a plus pour longtemps

Il n’est qu’illusion même si Tu ne comprends rien

Tu as rejoint ton âme et Tu t'y sens bien

Laisse -toi porter

La Vie sait ce dont elle a besoin

L'Océan n'existe que là où Je me trouve

Cesse de regarder les horizons éteints

Ils ne sont que chimères et Tu t'épuises pour rien

Je suis là maintenant et Tu peux t'abandonner.

Tu es mort pour ton bien.

 

 

blog

Ajouter un commentaire