Tu n'est pas Je.
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/11/2012
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Je reviens parfois sur ce texte. Je sais dans quel état je l'ai écrit. Pas plus de dix minutes. Une révélation soudaine. La compréhension fulgurante de ces deux entités en moi, cette lutte constante de "Tu" qui prend forme dans les réseaux humains, les relations sociales, les identifications rapportées et les regards qui nous empoisonnent.
L'oubli de "Je" qui ne peut être saisi que lorsque "Tu" s'efface.
Une lutte qu'il faut mener jusqu'à son terme pour vivre soi-même et mourir comme un nouveau-né.
Qui es-Tu toi qui m'étouffe sous tes certitudes
Entassées comme autant de fêlures
Tu as établi ta souveraineté au royaume des altitudes
Miasmes enluminés d'infinies convenances,
Soumissions passives, vicieuses accoutumances,
Qui es-Tu pour vouloir ainsi me perdre alors que Je t'héberge
Tu as voulu te nourrir des amitiés soudoyées,
Honorer les vénérations, les reconnaissances
Te gaver sans répit des amours passés,
Tu as cru prendre forme, pâte malléable
Abandonnée langoureusement aux caresses versatiles
Tu réclamais ta pitance le cœur éteint
Et l'ego malhabile, prêt à t'humilier pour calmer ta faim,
L'euphorie anarchique te servait de remède et
Tu refusais d'écouter en ton sein
Vibrer une âme éteinte qui tendait vers sa fin
Tu as rogné le Temps comme un poison pervers
Avide d’espoir et gangréné de remords
Mais la Vie a trouvé la faille et t'a mené vers le tombeau
Nulle crainte pour elle Tu n'étais qu'un vaisseau
Tu pouvais bien sombrer dans les abysses lointaines
Elle était l'Océan, Tu te croyais capitaine
Au creux des montagnes mouvantes Tu as eu peur enfin
Tes pensées se sont tues et Je suis revenu
De mon corps paralytique ont jailli des lumières
Des étreintes amoureuses ruisselant de semence
Palpitations d'univers comme autant de naissances
J'ai compris les douleurs car Tu n'étais plus là
Dressé à la barre d'un navire perdu Tu n'avais pas le choix
Ta solitude morbide t'emplissait de morve
Il fallait que Tu craches toutes tes nuisances
Pour échapper enfin aux avides noirceurs
Je ne t'en veux pas Tu sais,
Tu as fait ce que Tu croyais juste
Le courant était bien trop fort pour toi
Je te tends la main désormais
Il n'y a plus rien à fuir, ni peur à nourrir
Le Temps que Tu vénérais te privait des instants
Le Temps que Tu as gâché n’en a plus pour longtemps
Il n’est qu’illusion même si Tu ne comprends rien
Tu as rejoint ton âme et Tu t'y sens bien
Laisse -toi porter
La Vie sait ce dont elle a besoin
L'Océan n'existe que là où Je me trouve
Cesse de regarder les horizons éteints
Ils ne sont que chimères et Tu t'épuises pour rien
Je suis là maintenant et Tu peux t'abandonner.
Tu es mort pour ton bien.
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