Une leçon de plus

Il y a une semaine, je me suis fait mal au dos pendant une séance de sport avec mes élèves. J'ai voulu leur montrer comment ne pas se réceptionner à la suite d'un saut de muret. Je n'aurais pas dû. Le dos n'a pas aimé. J'ai senti un pincement puis je n'ai plus fait attention. J'ai continué la séance avec mes élèves et je cours toujours avec eux. 

Jeudi, dans la journée, j'ai vraiment pris conscience que ça allait mal se mettre...

Nathalie m'a longuement massé et c'est toujours bénéfique mais pendant la nuit, j'ai senti que tout était en train de se bloquer. Le matin, quand j'ai voulu me lever pour démarrer la cafetière, j'ai fait trois pas et je suis retourné m'effondrer sur le lit.

Une brûlure très violente, une irradiation qui ranima aussitôt des bourrasques de souvenirs très sombres. Je suis resté un long moment totalement hagard, dans une incompréhension énorme et toutes les pensées qui jaillissaient étaient nourries par une peur sidérante.

Une sixième hernie discale ? L'opération était quasiment irréalisable il y a douze ans. Elle le sera toujours. Voire pire encore avec l'ossification du ligament jaune qui se dresse en bas de mon dos comme une crête...Je suis tombé dans une alternance fiévreuse entre le drame et une issue heureuse, entre l'incertitude énorme de la chirurgie et une guérison miraculeuse.

Je me suis demandé plusieurs fois pendant la journée si je ne devais pas partir aux urgences. Je sais, par expérience, combien le seuil haut de la douleur n'est finalement jamais atteint et à quel point cette ascension est un cauchemar...

Aucun médecin généraliste de disponible. J'obtiens par téléphone une ordonnance avec de la codéïne. De quoi tenir le week-end.

Il faut que je vois une amie ostéo avant de décider de quoi que ce soit. Il faut que je puisse me lever...

La codéïne fait son effet et je profite de l'accalmie pour essayer d'étirer la colonne, en restant allongé. L'effort d'étirement augmente la douleur du nerf mais au bout d'un moment, la douleur qui suit est moins forte. Je vais faire des exercices similaires plusieurs fois dans la journée.

Ce qui a changé rapidement et qui a sans doute été déterminant pour la suite, c'est le fait que je me sois détaché des souvenirs sombres, que je sois parvenu à ne pas me laisser submerger par les peurs réactivées. Etre dans l'instant et agir en conséquence, voilà le chemin à prendre.

Rien de ce qui avait eu lieu n'était inévitablement reconductible, rien de ce qui pouvait advenir ne contenait de certitudes. Je devais me concentrer sur l'instant et ce qu'il contient, le nourrir de visions positives non pas dans une illusion néfaste mais à travers des faits : mes trois dernières hernies discales n'ont pas été opérées et j'ai fini par reprendre le sport. Je peux le refaire, je sais que c'est possible. 

Il est donc néfaste de laisser le passé brider l'instant.

Il est tout autant néfaste de s'illusionner en imaginant des guérisons miraculeuses.

J'ai le droit par contre de me nourrir de ce que j'ai réussi à faire autrefois. Je sais que je peux guérir.

Cela étant réglé, je peux laisser mon corps organiser la réparation du système défaillant. Les pensées invalidantes et les émotions anciennes n'ont aucune raison d'être en cet instant.

Je ne sais pas où je vais mais, là, je sais où je suis. 

 

 

 

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