Vertiges de l'amour en montagne
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/07/2018
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Quatre jours dans le massif du Dévoluy. Quasiment personne, sept personnes croisées en tout sur des sommets. Des papillons en pagaille, des sauterelles par milliers dans les alpages, des chamois surpris de voir des bipèdes, des gypaètes majestueux, des chevreuils, des marmottes, des vautours, les petits passereaux qui vivent encore là-haut, un lieu préservé, l'eau potable des torrents de montagne, des chemins balisés ou des montées "à vue", en terrain d'aventure, les fameuses "randonnées du vertige".
Et le silence absolu de la nuit, des étoiles plein les cieux. Et nous deux. Que du bonheur.
L'Obiou. Une montagne unique, incomparable, puissante, complexe. Troisième fois qu'on monte au sommet mais cette fois, on a emprunté une voie un peu particulière puisqu'il faut grimper dans des passages si étroits qu'on doit enlever le sac à dos et le hisser avec la corde ! Trois personnes au sommet dont un gars qui était monté pour sauter avec une "aile"...Terriblement impressionnant...Quelques secondes de chute libre et puis un vol plané avant d'ouvrir le parachute...
Et puis, la recherche compliquée d'une grotte au fond de laquelle on trouve un mur de glace. Des pentes raides, des éboulis, des couloirs ruiniformes où il faut rester très concentré. Pas grand-monde dans le secteur. Comme dans tout le massif d'ailleurs.
En quatre jours et des paquets de kilomètres, on a vu très, très peu de randonneurs. Et pourtant, cette nature est d'une beauté à couper le souffle. Des torrents le soir pour se baigner et le lac du Sautet dans son écrin. Des chamois, des papillons multicolores, le silence, le camion posé au bout des pistes forestières, une solitude incroyable.
Le Grand Ferrand est avec l'Obiou le sommet emblématique du Dévoluy. La voie normale emprunte déjà quelques passages escarpés mais comme on la connaissait déjà, on est parti dans un autre itinéraire. Plus compliqué... Bon, très clairement, à plusieurs endroits, la chute est interdite et on était soulagé quand on est sorti des gradins herbeux, terreux et couverts de pierrailles pour rejoindre la voie normale. La corde était plus symbolique qu'autre chose vu qu'il n'y a pas d'ancrage vraiment "béton" même en utilisant des coinceurs et des sangles. "Terrain d'aventure", comme on dit ou "randonnée du vertige".
Alors, on a cherché, on a pris notre temps, on s'est assuré au mieux, le regard attentif sur soi et sur l'autre et on est allé en haut. "Le tunnel de la cloche" qui traverse la paroi et débouche dans la falaise est un moment à part...La suite, sur les arêtes, est effectivement une randonnée du vertige...Grandiose.
Des heures de marche, juste Nathalie et moi, un biscuit au sommet, rien d'autre, plus aucun besoin de nourriture en journée de marche, quelques mots, la recherche de l'itinéraire, l'étude de la carte, la recherche d'une trace, d'un cairn, le bonheur de l'effort long et du corps en action.
Le privilège de vivre tout cela à deux. Vertiges de l'amour.
JARWAL le lutin est toujours avec moi, Là-Haut.
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