Violences urbaines

Oui, je sais, ça n'a rien de positif, rien de réjouissant, rien de lumineux. C'est juste un fait.

Et je le poste ici car si un jour, la suite de "LES HEROS SONT TOUS MORTS" est publiée (deux tomes finis, le quatrième en construction dans ma tête), quelqu'un aurait envie de me dire que ce que je décris est exagéré, je lui répondrais que les recherches que j'ai faites sur les violences urbaines ne relèvent pas de mon imagination. Ce sont des études publiées sur des sites officiels de gendarmerie et du ministère de l'intérieur. Même ici, dans le département de la Creuse, les deux gendarmes avec lesquels j'ai discuté, me témoignent d'une accélération du processus dans les quelques petites villes. Je vous laisse imaginer la situation dans les grandes villes. Paris, Lyon, Marseille, Grenoble, Lille etc ...

 

Rixes entre bandes rivales : "On note une évolution de la gravité des violences depuis une trentaine d'années", constate un sociologue

 

Alors qu'un garçon de 14 ans est mort après une rixe dans les Yvelines dans la nuit de samedi à dimanche, Thomas Sauvadet explique que de plus en plus d'adolescents des quartiers populaires adoptent les méthodes du banditisme.

Article rédigé par

franceinfo

Radio France

Publié le 27/11/2022 19:43

 Temps de lecture : 3 min.

Une zone sécurisée par la police nationale à Epinay-sous-Sénart (Essonne), après une rixe mortelle, en février 2021. Photo d'illustration. (PH LAVIEILLE / MAXPPP)

Une zone sécurisée par la police nationale à Epinay-sous-Sénart (Essonne), après une rixe mortelle, en février 2021. Photo d'illustration. (PH LAVIEILLE / MAXPPP)

Il y a un rapprochement entre "le milieu des bandes de jeunes et celui des voyous avec achat-vente de cannabis, d'armes, des tentatives de meurtre, les séquestrations, les actes de torture", estime dimanche 27 novembre sur franceinfo Thomas Sauvadet, sociologue, maître de conférences à l’Université Paris-Est Créteil après la rixe survenue à Coignières dans les Yvelines au cours de laquelle un garçon de 14 ans est mort. "On note une évolution de la gravité des violences entre bandes rivales depuis une trentaine d'années", affirme ce spécialiste des bandes de jeunes et des trafics de stupéfiants dans les quartiers de la politique de la ville.

franceinfo : Le phénomène de bandes rivales n'est pas nouveau mais est-ce qu'il a tendance à augmenter ?

En termes de volume, c'est difficile de voir une évolution mais on peut noter une évolution au niveau de la gravité de ces violences et ce depuis une trentaine d'années. La théorie qu'on partage avec différents collègues, c'est qu'il y a un rapprochement dans beaucoup de quartiers - notamment des quartiers prioritaires de la politique de la Ville mais pas uniquement - entre le milieu des bandes de jeunes qui étaient traditionnellement du côté de la virilité - un monde plutôt ouvrier - et celui des voyous, avec le chômage et le monde du trafic de stupéfiants. Il y a des liens de plus en plus fréquents entre les bandes de jeunes et le milieu des voyous avec achat-vente de cannabis, d'armes, des tentatives de meurtre, les séquestrations, les actes de torture... Des actes autrefois réservés au milieu des voyous et qu'on retrouve aujourd'hui dans le milieu des bandes de jeunes qui ont parfois 14, 15 ou 16 ans.

Est-ce qu'on n'est pas encore un peu un enfant à 14 ans ?

En sociologie, on parle d'adolescence mais il y a aussi des bandes d'enfants âgées entre 7 et 10 ans où on ne retrouve pas ces phénomènes-là mais où il y a un apprentissage de la violence avec des coups de bâtons, des lance-pierres, etc. Ensuite, entre l'adolescence et jusqu'à la vingtaine c'est vraiment là où on constate le plus grand nombre de bagarres de bandes. Après la vingtaine, ça se tasse : soit les jeunes sortent du monde des bandes, soit ils continuent leurs carrières délinquantes dans le monde des voyous.

Qu'est-ce qui motive ces bandes ? C'est une guerre de territoire ou bien encore d'influence ?

Les bandes de jeunes en milieu populaire ce sont souvent des garçons qui viennent de familles du quartier en difficulté avec des problèmes familiaux, scolaires ou professionnels et qui se regroupent pour investir l'espace public. C'est ce qui différencie la bande du groupe de pères : la privatisation de l'espace en disant "C'est chez nous, c'est notre quartier, c'est notre terrain de foot, c'est notre rue, c'est notre banc public..." Ça créé des conflits avec l'environnement - auparavant régulés par les adultes - et donc il y a une montée en puissance de ces bandes de jeunes qui affirment leur culture de bandes.

Les réseaux sociaux ont-ils amplifié le phénomène ?

Les réseaux sociaux ont aggravé le phénomène avec tout ce qui est lié aux provocations, aux mises en scène, avec les possibilités d'échanges d'informations pour les regroupements. Ça peut concerner plus de monde qu'auparavant. Et puis il y a aussi une culture de bandes liée au milieu des voyous mais aussi liée au milieu du rap et notamment du gangsta rap et ce même dans des villes relativement tranquilles, parfois même dans des villages ou dans des beaux quartiers parisiens. On peut y voir des jeunes qui consomment cette culture de bandes, valorisée par des stars du milieu très populaires. Il y a donc toute une industrie, toute une culture et tout ça peut monter à la tête d'un ado de 14 ans même s'il n'habite pas dans un quartier prioritaire de la ville d'Ile-de-France.

 

 

 

 

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