Décroissance contre "vouloir d'achat".

La décroissance se présente en deux volets :

  1. Comme slogan remettant en cause le consensus pour la croissance (économique entre autres). Il s'agit alors d'un « mot-obus » pour défier, entre autres, l'économisme, c'est-à-dire la croyance que toute économie doit augmenter la valeur de ses échanges et productions pour éviter la crise ou le désastre. Le but est aujourd'hui de lancer un débat de société.
  2. Comme processus concret en direction d'une société soutenable (juste et écologique…).

C'est ce deuxième volet qui est développé ici.

La décroissance est une démarche individuelle et collective fondée sur une réduction :

  • de la consommation directe et indirecte de matières, énergies et espaces (décroissance physique),
  • de la capacité d'acquisition de matières, énergies et espaces (décroissance économique). Il est trop risqué qu'une capacité d'acquisition se transforme en une consommation effective, sous la forme d'un « effet rebond ».

Principes

Cette décroissance doit être:

  • soutenable (supportable). La croissance dans un monde fini nous amène à une décroissance subie composée de crises, voire d'effondrements. L'idée de la décroissance soutenable est de nous épargner cette décroissance « insoutenable », cette « croissance ratée ».
  • équilibrée (en proportions harmonieuses). Pour éviter les crises et pour que personne ne soit exclu, trois processus doivent se combiner simultanément : réduction de la consommation (du « vouloir d'achat »), réduction de la production et partage (du travail notamment).
  • démocratique (pouvoir à tous les humains). La réorganisation à différents niveaux de la société et le partage requièrent davantage de « démocratie » : plus participative et directe.
  • conviviale (prenant en compte l'intérêt d'autrui autant que le sien), écologique (respect des écosystèmes), sociale (respect entre humains), positive, culturelle (…) La décroissance matérielle (physique) et économique doit laisser la place à de nombreuses autres croissances (qualitatives en grande partie) : des relations désintéressées, du temps pour soi et pour les autres, de l'équité, de la santé, de la chaleur humaine, de la nature, de la sécurité, de l'art, de la perception de ce qui nous environne, de la poésie, de l'empathie et ceci dans une grande variété...
  • équitable (du latin oequitas, égalité). Elle s'applique en premier lieu aux 20% favorisés de ce monde vivant principalement dans les pays industrialisés, mais concerne tout le monde lorsqu'il s'agit de « décoloniser l'imaginaire » lié aux modèles consuméristes et productivistes. Il s'agit d'une décroissance différenciée de façon à tendre vers une société plus juste dans les pays industrialisés et mondialement.
  • innovante (introduisant des nouveautés). Il s'agit d'une remise en cause de la situation actuelle (faite notamment d'autoroutes et des centrales nucléaires...), afin de créer un futur fondé sur une moindre consommation de ressources, dans lequel l'innovation a intégré la notion de limite, plutôt que de tenter de s'en soustraire. Certaines innovations feront l'objet de débats démocratiques et seront refusées si elles font fi de limites éthiques ou écologiques (OGM, Nucléaire, Nanotechnologies, etc.).
  • diversifiée. Le but de la décroissance est d'atteindre une société soutenable où chaque mode de vie est unique tout en étant potentiellement généralisable et partageable. L'urgence et la gravité des problèmes éco-sociaux impliquent des démarches à portée et échéance diverses. La diversité se comprend aussi en terme de croyance ou non-croyance idéologique ou spirituelle sans qu'aucune ne soit mise en avant.
  • ciblée et globale. Elle n'implique pas une décroissance à tous les niveaux pris séparément: les alternatives agricoles, énergétiques ou de transport soutenables (etc.) doivent croître, mais en créant une réduction plus importante des portions agricoles, énergétiques ou de transport non-soutenables de l'économie.
  • locale. Elle est fondée sur des économies de proximité ouvertes, mais se mesure à un niveau global. À ce titre une décroissance locale qui entraîne une croissance ailleurs ou dans le futur n'est pas une décroissance.
  • transitoire. Elle doit constituer une étape jusqu'à une société soutenable, juste, durable écologiquement, démocratique, participative, répondant aux besoins humains, localisée, d'une grande diversité culturelle, écologique et ethnique en chaque lieu, globale, ouverte, et dont l'économie est stationnaire. Cette société soutenable constitue une « utopie réalisable sans cesse renouvelée » dont les caractéristiques précises se réajustent au fur et à mesure.

J'ai un peu peur que cette crise financière, économique et sociale ne soit qu'une opportunité manquée...

"Simplicité volontaire"

http://fr.ekopedia.org/Simplicit%C3%A9_volontaire

La simplicité volontaire est une attitude qui existe depuis des millénaires, même si le terme est très récent. Il y a 2500 ans, Socrate vivait une existence très simple et il croyait que celui qui possédait peu était plus près des dieux et de l'univers. Les Philosophes Cyniques, ainsi qu'Épicure prônaient déjà la simplicité dans l'Antiquité. Les communautés monastiques furent les premières organisations de vie à choisir volontairement la frugalité et à pratiquer l'autosuffisance. Saint François d'Assise, "l'unique parfait chrétien depuis Jésus" selon Ernest Renan, est aussi considéré comme un modèle de simplicité volontaire. Plus récemment, on peut trouver la trace de cette posture en Europe dans les écrits de Léon Tolstoï et de John Ruskin (Unto This Last), et en Amérique du Nord dans les écrits de Henry David Thoreau (Walden). La vie de Gandhi est un exemple de simplicité.

Aujourd'hui, ce qui est devenu petit à petit un mouvement est représenté, entre autres, par les Compagnons de Saint François ou encore les Communautés de l’Arche de Lanza del Vasto, inspiré par Gandhi, lui-même inspiré par Thoreau et Ruskin. On le retrouve aussi au Québec, province du Canada, sous l'influence de penseurs comme Serge Mongeau et des éditions Écosociété. On peut enfin ajouter comme une des voix actuelles de cette pensée, Pierre Rabhi, agroécologiste et écrivain, et André Gorz, penseur qui prône l'autolimitation des besoins et des consommations.

Premiers emplois de l'expression

En 1936, l'on trouve pour la première fois l'expression "simplicité volontaire" (simple living) dans un article de Richard Gregg, un disciple de Gandhi, qui reprend les idées principales de celui-ci. Cet article passa inaperçu lors de sa première parution et n'eut d'impact que lors de sa réédition en 1974.

L'expression "simplicité volontaire" est connue depuis le livre du même nom publié en 1981 par Duane Elgin[1]. Ce courant se développe depuis les années 1980 dans plusieurs pays industrialisés.

Serge Mongeau, médecin quelques années, puis écrivain et éditeur est considéré comme le père de la simplicité volontaire au Québec par son volume La simplicité volontaire, publié en 1985.

Principes

L'idée est de chercher la simplification pour améliorer sa qualité de vie. Cette philosophie de vie est née de la constatation que la consommation n'apporte pas le bonheur, mais que seule la spiritualité apporte le bonheur véritable, que nul ne peut nous ôter. Dans la société de consommation, on consacre son temps à gagner toujours plus d'argent pour satisfaire des besoins matériels. Le principe de la simplicité volontaire est de moins consommer, donc d'avoir moins besoin d'argent et moins besoin de travailler. En vivant en dessous de ses moyens, on gagne alors du temps pour ce qui est important pour soi.

La simplicité volontaire n'est pas la pauvreté ni le sacrifice. C'est un choix de vie délibéré. Mais elle peut représenter une aide pour des personnes ayant des difficultés financières.

Arbre

La simplicité volontaire, dans le sens où elle limite la consommation de biens matériels, contribue à ralentir la destruction des ressources naturelles. De la même façon, le refus du gaspillage permet d'économiser l'eau, l'électricité et toutes les formes d'énergie.

La simplicité volontaire peut être critiquée sur le fait qu'il ne s'agit que d'actions individuelles (voire individualistes) qui ne sont pas en mesure de changer la société. Mais la simplicité volontaire n'a pas l'ambition de changer le monde, simplement de favoriser la réflexion pour changer sa façon de vivre. De plus, elle permet d'agir immédiatement sans devoir attendre que les gouvernements cessent de tergiverser. Les actions individuelles peuvent sembler comme une goutte d'eau dans l'océan, mais comme le disait si bien Mère Térèsa, si nous n'agissons pas, cette goutte d'eau ne se rendra pas jusqu'à l'océan. En réalité, c'est la somme de toutes les actions individuelles qui permettra de créer un monde meilleur et la simplicité volontaire représente un chemin privilégié pour arriver à cette fin.

L'un de ces spécialistes, Mark A. Burch, explique que la simplicité volontaire peut s'appliquer également à des domaines moins matériels comme les activités, les relations, les souvenirs. L'idée est de vivre mieux avec moins. Or, il n'y a pas que les objets qui nous encombrent! On peut même penser que c'est en ayant l'esprit désencombré que l'on est alors capable d'appliquer la simplicité volontaire sur les objets qui nous entourent, car nous savons alors ce qui a vraiment de l'importance pour nous.

À l'heure actuelle, la simplicité volontaire constitue un mouvement social assez marginal, mais la "vie simple" présente plusieurs avantages que l'on gagnerait à découvrir. Aussi, elle pourrait être associée à des bienfaits importants pour la santé et la recherche scientifique gagnerait certainement à s'y intéresser dans une perspective de santé publique.

Exemples de remise en cause de ses habitudes

La simplification commence par remettre en cause les habitudes prises parfois sous l'influence de la publicité et de la télévision. Mais a-t-on vraiment besoin de 20 détergents différents (un pour chaque type de surface)? A-t-on besoin de 10 crèmes de beauté différentes (une pour chaque partie du corps)? A-t-on besoin du dernier lecteur DVD sorti sur le marché? La simplicité volontaire est une démarche propre à chacun qui commence par la définition de ses vrais besoins et envies.

C'est aussi alléger sa vie de tout ce qui l'encombre et privilégier l'Être plutôt que l'Avoir. La simplicité volontaire valorise les relations humaines et la solidarité : l'entraide permet en effet de résoudre bien des problèmes. On peut citer l'exemple des systèmes d'échanges locaux (SEL) basés sur le troc.

Pratiquer le désencombrement. Par exemple, ne garder que les papiers vraiment importants et les livres que vous adorez. Vous avez alors besoin de moins de meubles de rangement, de moins d'espace, et donc de moins de produits d'entretien.

Le service public est utile quand on veut se simplifier la vie. Le recours aux transports collectifs, aux piscines ou bibliothèques publiques évite des achats (par exemple l'achat d'une voiture).

La simplicité volontaire implique souvent de chercher l'autosuffisance, c'est-à-dire faire soi-même au lieu d'acheter, par exemple en jardinant, cuisinant, cousant, de même qu'en construisant ou retapant sa maison.

L'idée est aussi de privilégier la valeur d'usage : avoir pour avoir n'a aucun intérêt. N'ayez que des choses que vous utilisez vraiment. Un livre que vous n'avez pas relu depuis dix ans, c'est un livre qui aurait plutôt sa place dans une bibliothèque. Un vêtement que vous n'avez pas porté depuis un an pourrait être déposé dans une association. Vous allez rapidement vous rendre compte qu'en fait vous n'avez pas besoin de grand-chose!

 

 

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