Asservir les générations futures
- Par Thierry LEDRU
- Le 28/04/2025
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La semaine dernière, j'ai supprimé de ma page Facebook, trois ami-e-s qui présentaient les photos de leurs derniers voyages. Je n'en peux plus de cette violence aveugle.
David Van Reybrouck, historien, est notamment l’auteur de deux ouvrages consacrés à l’histoire coloniale ("Congo. Une histoire", et "Revolusi. L’Indonésie et la naissance du monde moderne").
Interview au Süddeutsche Zeitung (extraits)
"Le lien entre les colonisations d’hier et d’aujourd’hui réside dans le fait que l’on pénètre dans un espace donné et que l’on s’y comporte comme si cet espace n’appartenait à personne, et comme si l’on ne faisait de mal à personne en agissant de la sorte. Comme si l’on pouvait spolier pour servir son seul intérêt.
Que vous appréhendiez l’espace en question d’un point de vue temporel ou géographique ne fait aucune différence. Nous traitons l’avenir comme une terra incognita.
[En d’autres termes, nous exploitons notre propre descendance ]
- "Nous traitons les générations futures comme nous avons traité autrefois les communautés autochtones, en les malmenant sans pitié, comme si, plus tard, elles n’allaient pas avoir besoin des ressources dont nous les privons aujourd’hui. Qu’il s’agisse d’un air pur, de sols fertiles ou encore de matières premières.
Les sociétés occidentales se comportent toutes à cet égard d’une manière autocratique : nous prenons ce dont nous avons besoin aujourd’hui sans le moindre égard pour l’avenir du pays."
- "L’être humain fait montre d’une capacité de refoulement tout à fait étonnante lorsqu’il s’agit de défendre son petit confort. À cet égard, je juge notre attitude plus condamnable que celle de nos ancêtres car nous, nous savons ce que nous faisons.
Les anciens colonialistes avaient encore l’argument de dire qu’ils apportaient quelque chose aux peuples sous-développés, la civilisation, la foi, le savoir-faire, toutes sortes de justifications invoquées aujourd’hui. Ils ont fait miroiter à ces peuples une situation gagnant-gagnant.
(...
Nous savons que les ressources sont limitées et que notre attitude porte gravement préjudice à d’autres humains – nos propres petits-enfants. Mais, au lieu d’appuyer sur la pédale de frein, nous étendons nos colonies toujours plus loin."
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