EDF et l'EPR

 

Selon l’agence Reuters, l’Autorité de sûreté nucléaire s’apprête à donner son feu vert pour l’utilisation de la cuve du nouveau réacteur nucléaire de Flamanville. Cet avis est capital pour permettre un démarrage en 2018.

Les réacteurs 1, 2 et 3 de Flamanville, le 16 novembre 2016.

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Les réacteurs 1, 2 et 3 de Flamanville, le 16 novembre 2016. / CHARLY TRIBALLEAU/AFP

La cuve du réacteur nucléaire qu’EDF construit à Flamanville, dans la Manche, est apte à être utilisée, estime un rapport de l’Institut national de radioprotection est de sûreté nucléaire (IRSN). Malgré la présence de concentrations excessives de carbone pouvant affaiblir l’acier de la cuve du réacteur, celui-ci peut être exploité en toute sécurité, même s’il devra être surveillé pendant toute sa durée de vie, dit le rapport.

L’agence Reuters en a obtenu une copie et en publie des extraits : « Le rapporteur considère que l’anomalie ne remet pas en cause l’aptitude au service du fond de la cuve sous réserve que les contrôles prévus par EDF soient adaptés de manière à pouvoir détecter l’ensemble des défauts », dit le texte.

L’IRSN demande en outre que ces contrôles qu’elle réclame soient effectués de manière anticipée par rapport à la première visite normalement prévue au bout de 10 ans : « L’utilisation du couvercle actuel de la cuve du réacteur EPR de Flamanville ne saurait être envisagée au-delà de quelques années de fonctionnement sans que les contrôles nécessaires n’aient été mis en œuvre », y est-il écrit. (J'aurais aimé savoir ce qui sera envisagé quand il faudra changer ce couvercle ou même la cuve entière...)

Décision officielle en juillet

L’IRSN, est le service technique de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il a été consulté pour donner un avis sur les travaux de construction du réacteur nucléaire de nouvelle génération, de type EPR (réacteur à eau pressurisée), à Flamanville.

Fin 2014, Areva a en effet détecté une concentration excessive en carbone dans l’acier du fond et du couvercle de la cuve, une pièce essentielle pour la sécurité. La cuve sert de barrière contre la radioactivité.

Des tests ont été conduits pour vérifier que, malgré cette anomalie, la cuve présentera toutes les garanties de sûreté lors du fonctionnement. Un groupe d’experts indépendants doit maintenant débattre de ce rapport, les 26 et 27 juin, pour formuler une opinion. Puis l’ASN, s’appuyant sur ces différents avis, doit rendre une décision au début du mois de juillet.

À LIRE : Les inquiétantes « anomalies » découvertes dans l’usine d’Areva au Creusot

Réorganisation de la filière nucléaire

Un avis négatif sur la possibilité d’utiliser la cuve aurait obligé à de lourds travaux. C’était donc des milliards d’euros supplémentaires et plusieurs années de retard pour ce chantier qui a déjà connu un allongement des délais et une envolée des coûts.

L’EPR de Flamanville est en voie d’achèvement. Il doit en principe démarrer à la fin de 2018. Cet avis était donc très attendu, d’autant plus qu’il est également essentiel pour permettre la remise en ordre de la filière nucléaire française. Il est en effet une condition sine qua non pour que la Commission européenne donne son accord au rachat de l’activité réacteurs d’Areva, qui a conçu l’EPR, par EDF, prévu à la fin de 2017.

Ce rachat a été acté alors qu’Areva a subi de lourdes pertes, ces dernières années. L’État, son principal actionnaire, a donc décidé à la fois une recapitalisation et la cession de certaines activités à EDF, à la fois partenaire historique et concurrent.

(Peut-on considérer qu'aucun élément financier entre EDF, Areva et l'Etat n'est venu contrecarrer l'indispensable certitude de cette "sécurité" ?)

 

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