L'émerveillement

"Notre devoir le plus impérieux est peut-être de ne jamais lâcher le fil de la Merveille. Grâce à lui je sortirai du plus sombre des labyrinthes". Christiane SINGER

 

 

Le plus sombre des labyrinthes. La période actuelle n'a pas, pour moi, la géométrie d'un labyrinthe car dans un labyrinthe, il existe une issue et donc une délivrance. Il n'y a pas d'issue à la voie dans laquelle l'humanité s'est engagée. Il n'y a aura pas de délivrance mais une sanction. Il s'agira par contre d'une délivrance pour la nature, pour la planète, pour la vie ou tout du moins, pour ce qui n'aura pas disparu. Je m'érige contre les individus qui se contentent de dire que la Terre vivra très bien sans le poids écrasant de l'humanité car c'est ignorer les milliards d'animaux et de plantes qui auront disparu, non pas naturellement, mais qui auront été éliminés. Cette "délivrance" ne surviendra qu'au terme d'une hécatombe. Elle est déjà en cours. Il est clair par contre que la période qui suivra la fin de l'hégémonie humaine sera profitable à la nature. Car c'est vers cette fin que nous allons. C'est pour moi une certitude. Il ne manque que le délai. Les raisons de ce déclin majeur et irréversible sont si nombreuses qu'il ne reste qu'à tenter d'identifier celle qui sera la plus "efficace". Pour ma part, c'est le déréglement climatique car c'est celui qui englobe l'ensemble de la planète. Les autres motifs ne seront que des conséquences.

Que vient faire l'émerveillement dans ce scénario ? Il est ce qui me permet de vivre sans que la conscience du désastre en cours ne devienne mortifère.

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L'ÉMERVEILLEMENT AU CŒUR DE LA SAGESSE.

 

 12 Jui 2019

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L'émerveillement exprime un étonnement qui jaillit en l'être humain face à ce qui dépasse son entendement. La capacité de s'émerveiller possède le parfum de la candeur et la profondeur de la sagesse. Elle intensifie notre état de présence, allège notre cœur et revigore notre intelligence.

L’émerveillement, cet éblouissement fait d'étonnement et d'admiration, défini un certain regard porté sur le monde plus que le caractère plus ou moins merveilleux de l'objet regardé. Les photographes par exemple savent bien qu'une très légère variation de l'angle de l'objectif peut suffire pour que l'objet le plus banal se transmue en merveille. Nul besoin, pour rentrer dans l'émerveillement, de contempler quelque chose de grandiose ou d'admirable. Cet état peut jaillir subitement de la contemplation des choses les plus simples en apparence, car la réalité a toujours le pouvoir de surprendre.

On peut dire que la philosophie commence précisément avec la capacité de s'émerveiller considérée comme l'expérience fondatrice de la pensée. Selon Socrate, la philosophie n'a d'autre origine que la capacité de s'émerveiller. Et Aristote enseignait que "ce fut l'émerveillement qui poussa les premiers penseurs aux spéculations philosophiques".

Progressivement, toutefois, l'émerveillement a été considéré comme une étape "primitive" du déploiement de la pensée. Pour certains philosophes comme Cicéron, Horace et plus Descartes, celui qui veut connaître le monde doit se discipliner et cesser de s'émerveiller au risque de ne jamais accéder à la vérité. Au XVIIIème siècle, l'esprit critique et la raison scientifique s'érigent en valeurs absolues en Occident, tandis que l'émerveillement est considéré comme un trait peu évolué de la pensée, propre à l'enfance ou aux peuples "arriérés".

Au tournant du XIXème siècle, en rupture avec la visions scientifique, les romantiques réenchantent le monde et font de ce dernier une source d'étonnement plus que d'analyse. Pour eux, loin de nier la raison, l'émerveillement la dépasse dans l'intuition poétique. Dans la contemplation émerveillée des choses simples, l'essence pure de tous les savoirs, capable d'inonder de délice le cœur de l'Homme.

Certains êtres semblent accéder plus aisément à la saisie poétique du monde que d'autres. Comme le rappelle l'écrivain et aventurier Sylvain Tesson "dans la plus aride des steppes, les contemplateurs trouveront toujours à s'émerveiller". L'émerveillement serait-il alors un ravissement spontané qui jaillit subitement et qui ne peut pas se commander, ou bien pouvons-nous contrôler, voire libérer, notre capacité à nous émerveiller ? Certes, les poètes et certains génies saisissent la beauté de chaque instant, sans raison, comme une grâce. C'est ce qu'illustre très bien le haïku, forme poétique japonaise traditionnelle où le poète paraît se contenter de voir le monde apparaître, en exprimant et célébrant l'évanescence des choses. Une lande enneigée en hiver, le bond d'une grenouille dans une mare, le soupir du vent nocturne, un corbeau qui s'envole en croassant, il n'en faut pas plus pour être au cœur de la création, de son mystère et de sa parfaite harmonie.

L'émerveillement ne se provoque donc pas, mais il peut être convoqué par une certaine disponibilité mentale. Il est possible de choisir de s'ouvrir à tout ce qui entre dans notre champ de vision, soit un objet sublime et somptueux soit un détail trivial et modeste. Le fait de cultiver l'admiration au quotidien nous donne ainsi accès à un émerveillement adulte plus profond et fécond que la naïveté première de l’enfance. Cette "naïveté seconde" retrouve l'innocence sur un mode plus élevé, purifié. Ni fuite hors des conditions de vie routinières ni rêverie niaise où s'abriter peureusement de la réalité, l'émerveillement mature nous rendrait capables d'établir une relation plus vibrante et plus intense. 

 

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