Le Bien et le Mal (4)

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"C'est quoi le mal?

 

 

-Tout ce qui va à l'encontre de mes valeurs dès lors que mes valeurs ne font pas de mal.

 

- Le mal est donc assujetti a tes propres valeurs si j'ai bien compris. Comment sais-tu que tes propres valeurs ne font pas de mal?-

-Je cherche constamment à le savoir. Et si cela cause du mal pour quelqu'un ou quelque chose, j'essaie de savoir si cela est de mon fait ou de sa responsabilité. Mais de penser que tout bien de l'un peut être le mal d'un autre ou vice versa, je n'y crois pas et je le récuse parce que c'est la porte ouverte à tout et son contraire. Oui, je pense que je suis capable d'identifier le bien du mal, non pas un bien personnel mais universel et de la même façon, je pense que je suis capable d'identifier le mal qui me concerne et le mal universel.

Lorsque j'ai décidé de quitter ma classe, c'était pour combattre un plan ministériel qui ne respectait absolument plus mes valeurs mais en voulant perpétuer ce que je jugeais comme étant le bien pour mes élèves, je leur ai aussi fait du mal en les laissant. Et j'ai passé des mois à démêler l'écheveau de cette prise de responsabilité. Bien ou mal ? .....

Il s'agissait d'un mal pour mes élèves que j'abandonnais en cours d'année mais ce mal pour eux avait pour objectif la cause de tous les autres, c'est à dire de l'enseignement lui-même, l'enseignement tel que je le conçois. Est-ce qu'il était juste, bon et utile que je cesse mes fonctions pour ne pas valider par mes actes un projet que je rejetais ou aurais-je dû m'en tenir à ma responsabilité présente d'enseignant ?

J'ai mis longtemps à répondre et c'est en moi que j'ai trouvé la réponse, c'est à dire dans mon corps. Tout ce qui est parti en vrille sous le poids de la colère, toutes les somatisations qui se sont peu à peu amplifiées, elles auraient été bien plus lourdes encore si j'avais obéi à l'Etat.

Je sais ce que représente le dilemme du bien et du mal et je m'attelle consciencieusement à le résoudre lucidement. A ma façon, à ma raison.

Quant aux préceptes spirituels qui voudraient que le bien et le mal ne soient que des exhalaisons d'ego formatés, oui, c'est une évidence. Tout n'est qu'interprétation morale, éducative, sociétale, tout est embué par les haleines, parfois fétides, des anciennes pensées, de tout ce qui a été inséré dans le cerveau malléable de l'enfant, puis de l'adolescent, puis de l'adulte. 

Mais lorsque, enfin, tu en prends conscience, le filtre des pensées raisonnées s'élargit, le courant lucide emporte les sédiments, le flot s'éclaircit... 

La conscience ouvre les murs et là, on voit apparaître des lois incontournables, des règles immuables, même quand elles sont considérablement bafouées.

 

Il convient par conséquent d'analyser chaque situation au regard de l'idée qu'on se fait du bien, un bien universel et non individuel.

Si je prends l'exemple du régime carné, il se pose deux questions :

*Est-ce qu'il est bien ou juste que je m'offre le plaisir de la viande dans mon assiette ?

Si je réponds au regard de mon désir, la réponse est positive. 

Si je réponds au regard de la mort de l'animal sacrifié pour cette assiette, la réponse est négative.

Le "oui" est une réponse individuelle.

Le "non" est une réponse universelle.

Cette réponse est universelle dans le sens où elle concerne des millions d'être vivants. Et les animaux sont fondamentalement des êtres vivants et non essentiellement de la viande dans une assiette.

Le bien ne peut qu'être universel. 

Les industriels de l'agro-alimentaire qui s'enrichissent en détruisant la forêt amazonienne pour y mettre des ruminants et les céréales pour les nourrir agissent pour leur bien. Leur bien en tant qu'individu pour répondre aux désirs des consommateurs qui veulent se faire du bien...

Et ils n'ont tous aucune idée du bien universel.

Est-ce que l'exploitation des ouvriers dans ces régions est un bien réel ? Eux ne se posent pas la question : ils veulent juste avoir de quoi vivre et moi, je parle d'eux, confortablement assis chez moi, au chaud et bien nourri. Oui, je sais, c'est indécent. Je ne peux donc m'occuper réellement que de ce qui me concerne, ce sur quoi je peux intervenir. C'est là que doit s'étendre mon analyse du bien et du mal.

 

Le désir assouvi qui fait du bien à l'individu seul pour lui-même est une conséquence d'un système:

1) Celle d'une éducation formatée qui doit faire croire qu'elle s'attache à la "liberté" pour chacun d'explorer ses désirs.

2) Ces mêmes désirs étant par la même le moteur de la croissance des Etats.

3) Ces mêmes Etats se portant garants et responsables de l'éducation des enfants...

Voilà pourquoi il arrive un moment où on ne peut plus obéir. 

 

Quant à ceux et celles qui pensent vraiment que l'éducation est du ressort des parents, qu'ils se demandent si les valeurs et les idées qu'ils cherchent à inculquer leur appartiennent vraiment, ont toutes été passées au tamis de la conscience, que rien qui ne sera transmis n'entre dans la dimension du conditionnement, de l'habitude, du rejet ou de la tradition...

Non pas que tout soit forcément néfaste mais tout n'est pas conscient. Et c'est là que le mal prend sa source : dans tout ce qui n'est pas conscient.

Personnellement, je suis loin d'en avoir fait le tour. 

 

Le désir des individus entretient donc la croissance, soi-disant, pour le bien de tous. 

Alors, qu'au final, ce désir de chacun entrave le bien de l'ensemble.

Les Kogis le savent et chaque individu oeuvre au bien de tous et trouve son accomplissement dans cette mission. 

J'en reviens toujours aux Kogis. Tout me ramène vers eux.  

Et combien les connaissent ?

Sur le bien et le mal, Ils pourraient nous en apprendre beaucoup. 

"Tout ce qui fait du mal à la Terre ne peut pas faire de bien à la vie ni donc aux humains."

Le bien en devient dès lors limité dans son extension individuelle par les atteintes universelles.

Et nous, occidentaux voyons dans cette entrave, une atteinte à notre liberté d'individus. Tout le problème est là. A vouloir être libres d'assouvir nos désirs, nous condamnons l'ensemble à dépérir.  

Le temps viendra où le bien universel devra être rétabli. Il reste à savoir si cela se fera volontairement ou pas. 

 

 

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