Se nourrir en pleine conscience

 

Quand on part en montagne, alors qu'on sait qu'on va marcher plusieurs heures, on ne prend quasiment rien à manger : un biscuit montagne, fait maison par Nathalie et une pomme. C'est en fait largement suffisant. L'organisme possède bien assez de réserves énergétiques. On part avec 1 litre d'eau chacun ou du thé en hiver. 

Maintenant, qu'en est-il lorsqu'on mange au sommet d'une montagne après avoir marché pendant des heures, et que dans un état contemplatif lié aux paysages et au repos du corps, l'esprit se retrouve dans un calme profond ? 

C'est là que j'ai appris,vraiment, à manger en pleine conscience. Pendant une bonne partie de ma vie, j'ai mangé pour me remplir, juste pour le plaisir de la satiété.

"Ah, j'ai bien mangé" est une expression qui désigne fortement le fait d'être "calé" et non d'avoir "bien" mangé.

Bien manger peut donc signifier :

Qu'on a le ventre plein.

Ou alors que la nourriture et les plats étaient de grande qualité.

Ou alors, enfin, que l'individu a mangé en pleine conscience.

De quoi s'agit-il ? 

De réaliser, totalement, que cette nourriture est à bénir, que la terre nous donne ce dont nous avons besoin, que la chair de cette pomme est emplie de soleil et des sucs de la terre, qu'il faut en délecter le cadeau, le mâcher et le mâcher encore, sans le quitter des yeux, intérieurement, en sentir les parfums et les goûts, la densité de la matière, faire en sorte que chaque bouchée soit considérée comme la dernière, l'ultime repas avant la mort, et honorer la vie qui est là.

Lorsque j'étais jeune, je mangeais comme un aspirateur et je pesais 65 kilos à 14 ans. J'en pèse 55 aujourd'hui et je vais avoir 55 ans. Chose étrange, j'ai découvert cette conscience de manger après être devenu végétarien comme si le fait de ne plus manger d'animaux morts, je ne me sentais plus obligé de me dépêcher de les avaler. Même si rien n'était conscient. 

Mais ça l'est aujourd'hui.

Alors, je suis debout sur un rocher et je contemple le paysage avec un regard évanescent, poreux, voyageur et je me délecte de cette pomme que je sens ruisseler en moi. 

Et je remercie la terre du présent. 

 

 

 

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