Alex Honnold : hors catégorie.

 

 

Pourquoi Alex Honnold se met aussi à la course à pied ?

 

Alex Honnold

La rédactionLa rédaction

28 décembre 2022

 4 minutes

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Grimpeur de légende, Alex Honnold s’avère être un coureur aussi rapide que discret. Son dernier exploit en date ? La HURT (Honnold Ultimate Red Rock Traverse), un challenge combinant 56 kilomètres, 23 sommets, 14 ascensions, pour plus de 7000 mètres de dénivelé positif en un peu plus de 32 heures. Interviewé par Outside, il dévoile comment et pourquoi il combine performance extrême en escalade et course à pied.

« Je n’ai jamais été un grand coureur », nous avoue Alex Honnold, 37 ans. Certes, son niveau en la matière n’égale pas ses performances en escalade, son sport de prédilection, mais il est tout de même venu à bout de deux marathons et deux 50 km. En novembre dernier par exemple, le grimpeur a couru les cinquante kilomètres du Red Rock Canyon, terminant à la cinquième place, en 5h23. Un ultra organisé dans le Nevada, aux Etats-Unis, autrement dit, pratiquement dans son jardin. De quoi faciliter la logistique, surtout avec un bébé à la maison.

« Courir, c’est facile » détaille le grimpeur. « Parce que tu peux couvrir très rapidement une grande distance, le tout de façon relativement décontractée ». Bien sûr, courir est facile. Surtout si on compare ça à l’ascension, en solo intégral, d’El Capitan, le plus gros monolithe d’Amérique du Nord.

En octobre dernier, Alex Honnold a bouclé la HURT (Honnold Ultimate Red Rock Traverse, plutôt bien nommée : « Hurt » signifiant en anglais « faire/avoir mal ») ), un challenge stupide qu’il a concocté lui-même en combinant 56 kilomètres, 23 sommets, 14 ascensions, pour plus de 7000 mètres de dénivelé positif en un peu plus de 32 heures, près de chez lui, du côté de Las Vegas. La course étant plus pour le grimpeur un moyen de couvrir rapidement de longues distances qu’un outil d’entraînement destiné à l’escalade.

« Ce n’est tout simplement pas très utile pour progresser en escalade, parce que ça fatigue beaucoup », nous confie-t-il. Sans compter que « juste après avoir couru, je grimpe très mal « . Voilà qui nous rassure : Alex Honnold lui aussi a des limites !

« C’est un mouvement tellement fondamental »

Mais le grimpeur n’a jamais oublié ce que lui a confié un jour Corand Anker, son ami avec lequel il grimpe aussi parfois : l’alpiniste mettait un point d’honneur, à l’époque où ses enfants étaient encore jeunes, de courir un ultramarathon et de gravir El Capitan (le grand mur de 1000 mètres dans le parc national du Yosemite) une fois par an. Un défi personnel qu’Alex interprète comme un bon indicateur de condition physique de base. Rappelons tout de même qu’en escalade, il s’agit d’un objectif pour lequel la plupart des grimpeurs s’entraînent pendant des années et qu’en course à pied, seul 0,03% de la population américaine atteint !

Pour s’entraîner dans la perspective de sa longue traversée, Alex Honnold s’est retrouvé plus d’une fois à miser sur le « fast and light », autrement courir aussi légèrement équipé que possible pour gagner en vitesse. Du trail running, quoi. Une étiquette qui passe carrément au-dessus de la tête du grimpeur car pour lui, ce qui compte, c’est l’efficacité. « En fait, si je courais aussi vite, c’était souvent pour rentrer à temps dîner à la maison », se souvient-t-il. « La perspective d’un bon repas a d’ailleurs motivé la plupart de mes performances ! « , dit-il en riant.

« J’ai toujours eu beaucoup de respect pour les coureurs et la course en général », souligne-t-il. Il regrette d’ailleurs de ne pas avoir pris l’option athlètisme au lycée, elle lui aurait sans doute donner une meilleure base en aérobie, confie-t-il. . « Le mouvement de la course est tellement fondamental. M’y mettre aujourd’hui est sans doute ma façon de compenser un peu, maintenant que je suis adulte ».

« J’ai toujours eu la caisse pour marcher en montée toute la journée, mais la course me met vraiment KO »

Impossible cependant pour Alex d’estimer son volume d’entraînement en course à pied. Tout est fait aux sensations. Etonnant, quand on sait qu’il calcule tout avec précision lorsqu’il s’agit d’escalade. Il garde tout de même une approche générale : 5 à 6 km plusieurs fois par semaine, et quelques sorties à deux chiffres en montagne. occasionnellement un footing pendant les jours où il est en récup grimpe. Tout cela s’est construit sur des années d’entraînement aérobiques non spécifique autour de sa pratique de l’escalade et des marches d’approche en direction des falaises.

En guise d’entraînement spécifique pour son défi des 50 km, il a fait « une unique sortie longue » sur terrain plat. J’ai toujours eu la caisse pour marcher en montée toute la journée, mais la course me met vraiment KO ». On peut s’interroger si un entraînement plus spécifique ne l’aiderait pas à surmonter ce ressenti, mais cela pourrait aussi nuire à ses performances en escalade.

Interrogé sur son travail mental, et notamment sur le recours en course à pied à des outils qu’il utiliserait en escalade, Alex Honnold nous a répondu qu’il n’en avait pas vraiment besoin. « Là, il s’agit surtout d’aligner les kilomètres », explique-t-il. Reste que même si la course lui semble relativement facile (par rapport à un solo à des centaines de mètres au-dessus du vide), il admet avoir traversé des moments difficiles pendant ces 50 km. « Je ne peux pas vraiment dire que j’aie l’impression de voler », raconte-t-il. « J’aimerais bien que courir ne soit que joie sans effort, mais non, ce n’est pas exactement comme ça que ça se passe… ”

Le grimpeur a également appris à utiliser l’équipement de course, notamment les guêtres et les flasques. Mais aussi, sur certaines sorties très verticales, un gilet de course léger ; sans parler des gels et autres collations que connaissent bien les coureurs d’ultra. Cela dit, s’il a bien l’intention de se tenir à son défi annuel « El Cap and Ultra » à la Conrad Anker, ne comptez pas le voir de sitôt au départ de la Western States (161 km, 6000 D+).

« Je ne courrai jamais sérieusement », précise Alex qui a l’intention de s’en tenir à ses quelques sorties par semaine (au maximum), et ne se montre nullement tenté d’adopter le volume de course nécessaire pour passer la barre des 50 kilomètres.

Photo d'en-tête : Jimmy Chin

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