Le Fipronil ou l'hypocrisie des marchands
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/11/2025
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Je voudrais que tous ces chimistes crèvent des poisons qu'ils fabriquent, que tous les marchands les accompagnent dans leur agonie, je voudrais que tous les politiciens qui mangent dans la main des financiers se cancérisent.
"Je vais vous parler d’un produit qu’on appelle le Fipronil.
Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais vos abeilles, elles, s’en souviennent.
ACTE 1 — Le poison parfait
Le Fipronil, c’est un insecticide neurotoxique, conçu pour dérégler le système nerveux des insectes.
Mais il a une autre spécialité : il empoisonne la chaîne alimentaire.
Les études sont claires :
Il provoque des convulsions, des atteintes du foie et des reins,
Il agit comme un perturbateur hormonal,
Et chez les abeilles, il détruit la mémoire de vol, la communication, la reproduction, bref, tout ce qui fait une ruche vivante.
Résultat ? Des ruches entières s’effondrent, silencieusement. Et pendant qu’on accuse les frelons asiatiques, le véritable assassin, lui, s’appelle BASF Saint-Aubin-lès-Elbeuf.
ACTE 2 — Interdit chez nous, exporté ailleurs
Car oui, tenez-vous bien :
le Fipronil est interdit d’usage agricole en Europe depuis 2017.
Mais il est toujours produit en France.
À Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en Normandie, derrière les murs d’une usine BASF, on fabrique ce pesticide interdit.
Pas pour nos champs, bien sûr !
Non, pour l’export.
C’est “légal”, disent-ils.
On n’a pas le droit de l’utiliser ici, mais on a le droit de l’expédier là-bas.
Autrement dit : “Trop dangereux pour nos abeilles, parfait pour les leurs.”
Et tant pis si les populations locales en crèvent, ou si la molécule finit dans les rivières tropicales.
ACTE 3 — Les abeilles du Sud meurent pour nos biscuits
Le Fipronil part en Indonésie, pour les plantations d’huile de palme.
Il part aussi au Brésil, pour la canne à sucre.
Et là-bas, il fait le même carnage : abeilles foudroyées, biodiversité lessivée, sols stérilisés.
Mais, attention, le plus beau, c’est le retour :
le sucre et l’huile produits avec ce poison… reviennent chez nous.
Ils reviennent dans vos biscuits, vos desserts, vos sauces, vos shampoings.
Et l’Union européenne, dans sa grande sagesse bureaucratique, vient même de doubler le seuil de résidus autorisés dans ces produits importés.
Autrement dit : on sait qu’il y en a plus, alors on relève la tolérance.
ACTE 4 — Le marché du cynisme
On appelle ça le libre-échange.
Moi, j’appelle ça le libre empoisonnement.
Grâce au futur accord Mercosur, les échanges entre l’Europe et l’Amérique latine seront encore facilités :
le sucre du Brésil entrera sans droits de douane jusqu’à 180 000 tonnes par an,
et nos usines pourront exporter leurs pesticides sans presque aucune taxe.
Vous la sentez, la petite odeur d’hypocrisie ?
On interdit ici, on vend ailleurs, et on réimporte la conséquence, estampillée “conforme”.
C’est du commerce triangulaire, version chimique.
ACTE 5 — L’empoisonnement réglementaire
Tout ça, bien sûr, dans le respect des lois.
Car les lois, chez nous, sont faites pour protéger les industriels — pas les abeilles.
On a remplacé le “principe de précaution” par le “principe de dérogation”.
Et on ose encore parler de “transition écologique”, pendant qu’on laisse circuler librement un insecticide classé “trop dangereux pour nos sols”.
ACTE FINAL — Le poison du double standard
Alors, on fait quoi ?
On arrête de jouer les vierges effarouchées pendant qu’on fabrique des bombes chimiques en douce ?
On continue de prêcher la sobriété pendant qu’on vend la mort en barils ?
Si c’est interdit chez nous, ça doit être interdit à la vente tout court.
Si c’est dangereux pour nos abeilles, c’est dangereux pour les leurs.
Et si on tolère ça encore, alors nous ne valons pas mieux que ceux qui profitent du désastre.
Les abeilles n’ont pas de syndicats.
Elles ne signent pas d’accords commerciaux.
Elles crèvent, en silence.
Pendant ce temps, on se gave de sucre à bas prix, importé à “0 % de droits de douane”… et à 100 % de honte.
Ce poison, c’est notre hypocrisie distillée.
Et il est temps d’en être malades pour de bon — mais cette fois, moralement.
Martine Montvernay REVOL
« Leur chimie, notre chimio » : plus de 300 manifestants ont manifesté devant le site BASF près de Rouen
Plus de 300 militants, notamment à l’appel de la Confédération paysanne, ont manifesté ce lundi matin, à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, contre l’agrochimiste, accusé d’y produire, pour l’exportation vers l’Amérique du Sud, du fipronil, un pesticide interdit en Europe.
Opération coup de poing hier matin à l’appel de la Confédération paysanne, du Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest, Cancer colère, Faucheurs volontaires et Soulèvements de la Terre, devant le site de production de produits phytosanitaires de BASF à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen (Seine-Maritime). | CHARLES BURY / OUEST-FRANCE
Ouest-France https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/leur-chimie-notre-chimio-plus-de-300-manifestants-ont-manifeste-devant-le-site-basf-pres-de-rouen-e4895bcc-c3c2-11f0-8509-2c0807403e46
Guillaume LE DU. Publié le 17/11/2025 à 18h26
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Il est interdit d’utiliser cet insecticide dans les champs en Europe. Mais ça n’empêche pas le fipronil de continuer d’y être produit. C’est ce qu’auraient constaté des membres des militants de la cause environnementale, ce lundi 17 novembre, en s’introduisant dans l’usine BASF de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, près de Rouen.
« Une inspection citoyenne », a indiqué Thomas Gibert, porte-parole national de la Confédération paysanne, une des cinq organisations avec le Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest , Cancer colère , Faucheurs volontaires et les Soulèvements de la Terre , à l’origine de cette action coup de poing. « Dans l’usine, nous avons trouvé des stocks de substances actives du fipronil destinés au marché export, principalement l’Amérique du Sud. Mais les biens alimentaires, traités avec ce pesticide interdit, sont ensuite autorisés en Europe dans le cadre d’accords de libre-échange. Comme le Mercosur… »
L’important dispositif policier déployé a mis fin, dès potron-minet, à l’intrusion des activistes qui avaient revêtu une combinaison blanche. Deux d’entre eux ont été arrêtés pour « outrage » et « rébellion », selon la préfecture de Seine-Maritime. « Des coups de matraque ont été donnés et des gaz lacrymogènes lancés », a regretté Thomas Gibert.
Regroupés devant les grilles de l’usine, plus de 300 manifestants (« 500 agriculteurs et citoyens » selon le comptage des organisateurs), aidés d’une dizaine de tracteurs, d’antiques Fiat ou Delfino 35 mais aussi des John Deere ou Case flambant neufs, ont bloqué les entrées et les sorties jusqu’à 12 h 30. Les manifestants avaient accroché des banderoles BASF exportateur de poison , Fipronil = mort , Leur chimie, notre chimio … pour rappeler que les pesticides posent un « problème majeur de santé publique ».
Des rejets de polluants dans la Seine
Parmi les victimes présentes, Gisèle Garreau. L’agricultrice retraitée de 64 ans avait fait le déplacement depuis le centre Bretagne, pour témoigner des conséquences néfastes des pesticides : « J’ai arrêté de travailler à 57 ans à cause de la maladie de Parkinson provoquée par la roténone, un insecticide qu’on utilisait sans précaution particulière ». Sa demande de reconnaissance en maladie professionnelle a été acceptée mais elle conteste le taux d’indemnisation : « Je reçois 200 € par mois. »
Face aux sécheresses récurrentes, les politiques régionales de gestion de l’eau doivent-elles devenir plus contraignantes pour l’agriculture et l’industrie ?
« Dans ma commune, quand ils ont épandu le prosulfocarbe (un herbicide), ça sentait à 900 mètres à la ronde », a témoigné Joris Soenen, assis sur son tracteur devant le site de BASF. « Cette pollution coûte 100 000 € à Biocer, ma coopérative, car ça pollue les cultures bio (tournesol, sarrasin) environnantes », a affirmé le céréalier et producteur de lait bio du Bec-Thomas (Eure).
Les manifestants ont mis en cause d’autres pollutions comme celle des PFAS. En janvier, plusieurs associations avaient dénoncé l’impact du site normand de BASF sur l’environnement avant de porter plainte en juin. Elles affirmaient que cette usine détenait le « record français, et de très loin, de rejets de TFA dans la Seine », un polluant éternel de la famille des PFAS.
BASF a indiqué qu’un plan mené depuis janvier a permis « une réduction de 85 % des émissions de TFA. » Ce lundi, dans un communiqué, la direction de BASF France a dénoncé « des intrusions, des dégradations de matériels, des comportements pouvant porter atteinte à la sécurité du site et des attitudes d’intimidation à l’égard des personnels » et a annoncé son intention de déposer plainte.
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