De l'enfant à l'adulte

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Le regard de la mère est suspicieux, celui de l'enfant est curieux.

L'expérience de vie contribue inévitablement au regard qu'on lui porte.

Dans l'enfance, la curiosité n'a pas encore été transformée, bridée et affadie par l'expérience. 
 

C'est étrange comme il en est de même pour l'humain. Il y a des regards qui en disent long.

Les expériences douloureuses ne mènent pas inévitablement à la suspicion, la méfiance, la crainte et autres émotions limitantes.

C'est juste le saisissement et la compréhension des expériences qui nourriront le regard aimant envers la vie ou le regard inquiet envers l'existence.

Il m'est très important de préserver mon regard d'enfant. Curieux et fasciné, émerveillé et bienheureux et non méfiant, amer ou rancunier.

Je ne changerai rien à la réalité des faits mais la décision m'appartient de subir cette réalité ou de m'en nourrir, de la fustiger ou de l'accueillir.  

La réalité n'est en rien responsable de mon état intérieur.

Je suis responsable du regard que je porte à la réalité. 

"Que l'importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée", écrivait André Gide. 

La première fois que j'ai saisi ce que cette phrase signifiait, c'est en voyant les montagnes. Un séjour de ski de fond dans le Jura. J'avais quatorze ans. Les autres jeunes ne voyaient pas la même chose que moi. Vraiment pas. 

Là, j'ai compris que le saisissement de la réalité dépendait de mon regard et que l'interprétation de cette réalité pouvait être considérablement éloignée de celle des autres individus.
La réalité reste la même. Ce sont les gens qui diffèrent. 

Mon regard sur la montagne a changé. Pas l'amour que je leur porte mais la façon de vivre cet amour. 

Les montagnes sont toujours les mêmes.

C'est mon regard d'enfant qui a évolué. 

La différence essentielle, aujourd'hui, c'est que je n'éprouve plus cette soif inextinguible de l'euphorie de mon corps, là-haut. 

C'est en moi et je peux retrouver cet espace, intérieurement, n'importe quand. Sans même penser à des images de sommets ou de vallées, de glaciers ou de parois. C'est une "ambiance"...Et ça n'est pas racontable. Ou alors, il faudrait que j'écrive un autre roman. 

 

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