De Marc-Aurèle au SMS (école)

« Jcroi kon devré fer 1 brek… »

 

http://www.fxbellamy.fr/blog/2016/04/30/jcroi-kon-devre-fer-1-brek/

Education

 

« Sa va dps samedi ? G1 truc a te dir jcroi kon devré fer 1 brek… »

Manuel scolaire 5ème, 4ème, 3ème, éditions Nathan.

Voilà, la réforme du collège devient concrète.

Cette semaine, les enseignants découvrent, effarés, les manuels scolaires conformes aux injonctions ministérielles, préparés dans l’improvisation totale pour la rentrée prochaine. C’est un cours de maths remplacé par un sondage dans la classe sur les discriminations. C’est la littérature et la langue françaises sacrifiée pour des « punchlines » et des SMS. C’est l’immense aventure des sciences qui s’achève dans une curiosité morbide pour la mort de Claude François dans sa baignoire.

Immense tristesse, immense colère aussi. J’ai la rage au fond du cœur de voir ce délire devenir réalité, avec la collaboration honteuse d’éditeurs serviles et lâches, dans le silence des médias et dans la passivité générale – si l’on excepte la complicité coupable de l’enseignement privé.

Tous ceux qui coopèrent à cette immense dévastation, à ce mensonge, à ce délire, j’espère qu’ils ont un peu honte, au fond d’eux mêmes. Et j’espère, envers et contre tout, que cette réforme n’ira pas jusqu’au bout. Parce que ce n’est pas possible… Ils n’ont pas le droit. Nous n’avons pas le droit.

L’école n’a qu’une seule mission : élever les élèves qui lui sont confiés. Chacun d’entre eux porte en lui quelque chose d’exceptionnel, et chacun d’entre eux a droit au meilleur de ce que nous avons reçu. De quel droit allons-nous priver les générations qui viennent de la beauté, de la grandeur, de l’intelligence ? De quel droit condamnons-nous ces enfants à ne plus rien comprendre de leur propre histoire, de leur langue, de leur culture ? Quand la conjugaison est remplacée par l’approximative « impression » des temps, quand toute la maîtrise de la langue consiste à faire de bonnes vannes et à casser avec sa copine, qu’espérons-nous faire grandir chez nos élèves ?

Le manuel « Le livre scolaire », ici reproduit, comporte une phrase de Abd Al Malik qui résume à elle seule toute cette réforme du collège : « A force de vouloir se faire rue, on est devenu caniveau. »

A force de vouloir se faire rue, on est devenu caniveau.

Voilà à quoi ressemble une civilisation qui meurt.

Je voudrais crier partout ma tristesse pour ces enfants qu’on sacrifie… Qui ne trouveront à l’école que ipads, des SMS et des anecdotes people – tout ce qu’ils connaissent déjà en fait, bien mieux que nous, d’ailleurs, et ils nous trouveront bien ridicules de vouloir leur apprendre le « swag ».

Je voudrais crier ma tristesse pour ces gamins condamnés à la pauvreté culturelle par l’école, le lieu même qui aurait dû être pour eux le chemin de l’évasion vers ce qu’il y a d’universel, d’intemporel – les grands textes, les grandes œuvres, les grandes découvertes, tout ce qui fait grandir le cœur, tout ce qui élargit le regard… Pour ces talents qu’en chacun d’eux nous condamnons à la médiocrité.

Quand j’avais sept ou huit ans, mon grand-père m’a offert l’Anthologie de la poésie française, de Georges Pompidou, et il m’a dit : « Si tu veux être heureux dans la vie, il faut apprendre deux vers par jour. » Je l’ai fait. Il avait raison. J’ai découvert un savoir, une saveur de la vie que je ne soupçonnais pas, que le quotidien ne donne pas. Je n’ai pas tout compris bien sûr – pas tout entier, pas tout de suite… Mais c’était beau. C’était grand. Et finalement, c’est tout simplement que ce qu’il y a de beau, de grand, se dépose dans un cœur d’enfant pour l’enrichir, par le cœur. Mais qui maintenant aura encore la chance d’apprendre un peu de poésie – par cœur ?

Maintenant que le sujet des manuels de littérature, c’est : « jcroi kon devré fer 1 brek… »

Voilà à quoi ressemble une génération qui renonce à transmettre.

J’ai tant de tristesse au cœur…

Pourquoi ne nous réveillons-nous pas ?

François-Xavier Bellamy

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Bio

 

"Il est toujours difficile de se présenter, mais cela fait partie du passage obligé pour qui veut ouvrir un blog… Je m’en acquitte en quelques lignes.

Après des études secondaires à Versailles, j’ai choisi d’enseigner la philosophie, et je suis entré en classes préparatoires à Paris. J’ai poursuivi ma formation à l’Ecole Normale Supérieure de Paris, jusqu’à l’agrégation de philosophie.

Parallèlement à mes études, j’ai eu l’occasion de participer à deux cabinets ministériels, auprès du Ministre de la Culture et de la communication, puis du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. J’ai préféré ensuite ne pas prolonger cette voie pour revenir à mon projet initial. Je n’ai jamais appartenu à un parti politique.

J’ai exercé depuis mon métier d’enseignant dans plusieurs lycées de l’enseignement public, avant d’être affecté en khâgne à Paris. Des zones défavorisées à la prépa littéraire, j’ai eu la chance de rencontrer des élèves aux profils très variés ; partager avec eux l’aventure de la recherche de la vérité est la plus belle expérience qui m’ait été donnée.

En 2008, à 22 ans, j’ai été élu maire adjoint à Versailles, délégué à la jeunesse et à l’enseignement supérieur, sur la liste (sans étiquette) de François de Mazières. Je conduis ce mandat parallèlement à mon métier ; c’est un engagement quotidien, passionnant, au sein d’une équipe très active unie par le sens du service.

Ce sens du service, je l’ai appris notamment dans le scoutisme, où j’ai cherché à le transmettre pendant plusieurs années, en prenant la responsabilité d’une nouvelle unité fondée sur la pédagogie de la mer. J’ai été responsable national du scoutisme marin, et je pratique toujours la voile aussi souvent que je le puis.

De cette expérience de la mer, je voudrais conserver l’habitude de garder son cap, la liberté de mouvement jusque dans la tempête, et la faculté intérieure de s’émerveiller."

 

François-Xavier Bellamy

 

COMMENTAIRES :

  1. Jean Happel

    30 avril 2016 à 15 h 36 min (UTC 1) Lier vers ce commentaire

    Répondre

    Ah oui, c’est affligeant!
    Mais « se réveiller », c’est signer toutes les pétitions pour l’abrogation de la réforme et les diffuser massivement !
    La dernière en date ( 16 avril 2016 ) est celle de l’Association des Professeurs de Lettres ( apolitique et non-syndicale). Pétition synthétique et directe :
    « Je demande l’abrogation du décret portant réforme du collège. » On la trouve sur http://www.aplettres.org.

    Dans le même ordre d’idées, voici un post trouvé sur facebook ( Collectif de parents BABEL ):

    Petit message posté sur la liste ADEAF ce matin en réponse à la collègue de Pont d’Ain dont la bilangue est menacée, maintenue par continuité, mais ouverte aux seuls élèves de primaire qui ont eu de l’allemand… bilan, sur 16 élèves faisant de l’allemand en primaire, seuls 4 souhaiteraient poursuivre l’allemand, les autres n’y auront pas droit ! La principale envisage donc de ne pas donner la totalité des 2h fléchées pour la bilangue de continuité parce qu’ils ne sont pas assez nombreux… et ne voulait même pas laisser la parole à la collègue en CA.
    Allez, on ne se laisse pas bouffer, il faut se débarrasser de ces fonctionnaires serviles qui agissent contre l’intérêt des élèves !

    Bonjour à toutes et tous,

    – interpellez et faites interpeller sur ces sujets Mme Kott (coordonnées trouvables par moteur de recherche Internet),

    – écrivez et faites écrire les parents directement au président de la République, il y a une page contact sur le site de l’Elysée, et pour un courrier postal, quelque soit son format et son poids, il n’y a pas à affranchir,

    – n’oubliez pas de faire écrire directement au ministère aussi, puisqu’ils osent raconter qu’il y a peu de protestations, que tout se passe bien !

    – interpellez et faites interpeller les députés et sénateurs du coin, les maires, ils peuvent faire voter des résolutions, poser des questions…

    – Mais il faut surtout que les parents se bougent, il s’agit de l’avenir de leurs enfants ! Et qu’ils contactent la presse pour exprimer leur désaccord, montrer le vrai visage de cette « réforme ».

    – Et mettez systématiquement en copie l’ambassade d’Allemagne, car la pression diplomatique ne doit pas baisser, les mensonges ministériels doivent être dénoncés, avec illustrations concrètes. Le mépris de la ministre s’exerce sur nous mais aussi sur les partenaires allemands qu’elle prend pour des imbéciles en inventant des chiffres au fur et à mesure.

    Ne lâchons rien, au sein même du ministère, les doutes sur la possibilité d’appliquer la réforme à la rentrée se font jour, un recul serait même en préparation, vous avez remarquer qu’on n’entent plus Robine ?

    Donc c’est le moment de pousser en nous (re)manifestant par écrit, les parents sont en train de s’allier au niveau national, des collectifs et des pétitions voient le jour partout, (re)prenez contact avec les parents. Ils ne doivent pas se limiter aux interlocuteurs immédiats, chefs d’établissement, directeurs académiques, recteurs, c’est de l’avenir de leurs enfants dont il s’agit, trop important pour le laisser entre les mains de fonctionnaires serviles dont la carrière passe trop souvent avant l’intérêt général, payés pour ne pas faire de vagues !

    Allez, courage, la ministre a une page Facebook, un blog, l’Elysée a un site, et vous trouvez facilement les contacts de vos députés et sénateurs, des journalistes locaux. Nuit debout et les manifs du 1er mai peuvent être un bon moyen de sensibiliser l’opinion publique.

    Amic’allemand,

    Frédéric

  2. corto74 (@corto74)

    30 avril 2016 à 16 h 44 min (UTC 1)

    Répondre

    Bonjour ,

    Puis-je reprendre ce billet sur mon blog ?
    Merci d’avance

    1. admin

      30 avril 2016 à 16 h 48 min (UTC 1)

      Répondre

      Bien sûr ! Merci beaucoup.

      1. corto74 (@corto74)

        30 avril 2016 à 17 h 30 min (UTC 1)

        Répondre

        C’est fait, merci à vous
        et tant que j y suis je vous colle dans ma blogroll
        cdlt
        Corto

        http://corto74.blogspot.fr/2016/04/reforme-du-college-tristesse-pour-ces.html

  3. Chasseguet

    30 avril 2016 à 17 h 10 min (UTC 1)

    Répondre

    Les français doivent enfin comprendre. La lutte est en ce moment inégale. Il faut virer tout ce monde et mettre en place une droite musclée, une vraie. il y a place entre l’UMP et le FN. Avec la multiplicité des candidatures il y a place pour un Président de salut public, un vrai, nous pouvons, nous devons l’élire, nous sommes nombreux à le vouloir mais il en faut un qui se présente. Il faut espérer que l’on va multiplier les « Rendez-vous de Béziers » pour trouver notre candidat qui ne soit pas de la droite molle. Et surtout que les EGO s’effacent pour sauver la France.

  4. Hubert Machard de Gramont

    30 avril 2016 à 18 h 10 min (UTC 1)

    Répondre

    Merci pour ce « coup de gueule » ! Je pense que ce fait nouveau (la sortie des premiers manuels de collège) mérite d’être très largement diffusé, évidemment au niveau des parents et des enseignants. Puis-je moi aussi reprendre votre article sur mon blog ? Merci.

    1. admin

      30 avril 2016 à 18 h 36 min (UTC 1)

      Répondre

      Oui, bien sûr ! Merci pour votre soutien.

  5. Damien

    30 avril 2016 à 20 h 32 min (UTC 1)

    Répondre

    Citation du jour issue du Diable probablement (1977) du grand Robert Bresson :

    « Comment finissent les civilisations ? … C’est quand tout devient con en accéléré… »

    Que dire d’autre ?

  6. Marie

    30 avril 2016 à 21 h 48 min (UTC 1)

    Répondre

    Quelle affligeante nouvelle. Je pense profondément que si elle humilie le cœur des enseignants elle blessera très vite celui de chaque élève qui tiendra dans ses mains un livre scolaire de la sorte. Ressentir la culture de son pays en danger est une des pires sensations. C’est une partie de soi-même que l’on laisse se recouvrir de poussières et petit à petit disparaître. C’est l’histoire qui suffoque et laisse place à un paysage bien triste. Inondé par le médiatique, submerger par les formes intellectuelles les plus basses nous courons à la perte de notre propre joie, de notre propre épanouissement. Nous perdons ce qu’il y a de plus beau dans l’héritage de l’humanité, la culture. Élève de terminale, je me sens entièrement concernée et j’espère que de nombreux autres élèves continueront à prôner haut et fort la valeur ô combien immense de la culture française.

  7. ben

    30 avril 2016 à 22 h 23 min (UTC 1)

    Répondre

    Moi aussi j’ai mal à la France et à une jeunesse qu’on maintient dans la certitude qu’elle est incapable de faire mieux que cela.
    Heureusement que beaucoup de professeurs ne respectent pas ces manuels. Mais quoi faire pour que cela change ? A part qq lettres ou mails, la diffusion des livres de JF Chemain ou autre dans ma boite, je me sens un peu impuissant…
    On défile quand ??

  8. Pierre

    30 avril 2016 à 22 h 48 min (UTC 1)

    Répondre

    La Révolution française fut préparée par la distribution de pamphlets.

    Mon épouse italienne rentre d’un saut chez ses parents… avec des petits livres à 1,9 Euro à couverture cartonnée (édition latin-italien ou grec-italien) qu’on trouve au kiosque à journaux (!!) : Sénèque – Il est facile de vivre longtemps si tu sais comment faire (La brièveté de la vie). Plutarque : L’art d’écouter.

    Que penser de l’idée de monter une opération de distribution massive de petits classiques de ce genre à la sortie des lycées et collèges ? Ce sont des livres pleins de bon sens – selon le type de traduction retenue, ils peuvent être faciles d’accès. Avec une approche un peu non conventionnelle, proposer aux jeunes de l’oxygène. Certains prendront, d’autres pas. Mais la force de ces écrits, adressés à des temps parfois difficiles, sauront convaincre par eux même…

     » La plupart des jeunes-gens exercent leur langue avant d’avoir exercé leurs oreilles et semblent croire qu’il est un art de bien dire et des règles pour l’apprendre, mais qu’il nest besoin ni de règles ni de méthode pour savoir écouter avec fruit. Qu’en résulte-t-il ? Semblables aux oeufs de certains oiseaux, qui ne contiennent qu’un germe imparfait et incapable de vie, leurs discours, dépourvus de sens et de réflexion, sont de vains sons qui frappent les airs » rappelle Plutarque.

    1. sl

      5 mai 2016 à 2 h 12 min (UTC 1)

      Répondre

      opération de distribution massive de petits classiques de ce genre à la sortie des lycées et collèges : tout ou presque finira dans les poubelles, je pense.

  9. Pierre

    30 avril 2016 à 22 h 57 min (UTC 1)

    Répondre

    Il me semble aussi indispensable de rappeler que ces réformes posent la question du respect du Droit à l’éducation tel qu’il est défini depuis 1948 dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi que ses développements en Europe ainsi que lors des conférences internationales : voir icihttps://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_%C3%A0_l%27%C3%A9ducation

    N’étant pas juriste je ne peux fournir d’argument précis. Néanmoins on peut percevoir que les programmes, tels qu’ils se présentent ou en tout cas tels que déclinés dans les ouvrages mentionnés, posent la question du droit d’accès à l’éducation et à l’instruction – volontairement occultés par les auteurs.

    Ces procédés peuvent faire penser à une véritable volonté de couper les populations, les jeunes en particulier, des matériaux indispensables pour leur formation et l’élaboration d’une pensée. C’est la remise en question des fondements de notre société démocratique. Qu’on ne nous dise pas qu’il faut s’adapter au niveau des élèves : les jeunes professeurs dans les banlieues démontrent qu’ils peuvent intéresser des jeunes à des sujets complexes.

  10. Sportelli

    1 mai 2016 à 6 h 33 min (UTC 1)

    Répondre

    Merci monsieur. J’ai partagé cet article sur ma page FB.

  11. JLM

    1 mai 2016 à 10 h 42 min (UTC 1)

    Répondre

    Bonjour,

    excusez-moi de troller, mais j’en ai marre.

    La politique qui est menée a été décidée par le peuple souverain.
    Vous y avez contribué en votant – vraisemblablement – pour F. Hollande.

    Peut-être serez-vous plus à gauche la prochaine fois.

    Cordialement quand même,

    1. Fxb

      1 mai 2016 à 16 h 05 min (UTC 1)

      Répondre

      Bonjour,

      Je ne sais pas comment vous pouvez prétendre savoir pour qui j’ai voté en 2012… Curieux.

      Quoiqu’il en soit, cela n’a rien à voir. Même élu, François Hollande n’a pas reçu de mandat pour achever l’éducation nationale. D’ailleurs, ce n’est ni lui, ni la ministre, ni le parlement qui ont écrit cette réforme ; elle n’a d’ailleurs jamais fait l’objet d’aucun vote. Ce déficit démocratique fait largement partie du problème.

      Et quel que soit mon vote de 2012, nous avons le droit d’en parler. La démocratie ne consiste pas à réfléchir une fois tous les cinq ans…

  12. FANGER

    1 mai 2016 à 11 h 00 min (UTC 1)

    Répondre

    Un collectif d’enseignants se bat depuis 20 ans pour une école de qualité et dénonce les dérives délétères de l’éducation nationale : Sauver Les Lettres : http://www.sauv.net

  13. DERVILLE

    1 mai 2016 à 12 h 15 min (UTC 1)

    Répondre

    Comen ksé kon va noT les LV en FranC desormé ???

  14. FANGER

    1 mai 2016 à 12 h 32 min (UTC 1)

    Répondre

    Une collection de manuel scolaire dont les auteurs sont rentrés en résistance : Terre des Lettres
    Je copie-colle ce message de :
    ‎Alexandre Fiebig‎ de Défense et illustration des langues grecque et latine
    26 mars ·
    Hommage et soutien à Catherine Hars, Anne-Christine Denéchère, Claire-Hélène Pinon et Véronique Marchais, les auteurs de Terre des Lettres.
    Terre de Lettres, le vrai manuel de Français de la résistance à ‪#‎college2016‬, n’a que le bouche à oreille. Parlez-en, diffusez largement ce premier document, entièrement conçu et réalisé par les bons soins du groupe « Défendons (sans maugréer) les langues anciennes » et approuvé par Véronique Marchais.
    Entre le déshonneur du discours de Nathan, en substance « N’ayez pas peur, la réforme va très bien se passer, d’ailleurs, nous sommes là pour vous accompagner.», et l’intégrité morale des résistants et combattants de la première heure, les auteurs de Terre des Lettres, qui ont passé l’année à se battre pour préserver la qualité et le contenu du manuel, sans rien céder sur tout ce que cette réforme a de démagogique et de ravageur, ont refusé le déshonneur de faire allégeance aux textes de #college2016, qu’ils ont combattus et combattent encore.
    Leurs positions leur ont coûté la possibilité de promouvoir leur travail sur le même plan que les autres, alors la promotion, nous avons décidé d’y prendre une part active. Si vous pensez que nos 4 magnifiques collègues ont bien fait de tenir leurs positions, défendez-les avec nous, faites-le savoir, car c’est rien moins que leur existence qui se joue cette année.
    Tout ce qu’elles ont refusé de faire (manuel de cycle, travail à partir du socle, littérature jeunesse…), l’éditeur Nathan l’a fait faire par d’autres auteurs, dans une autre collection. L’an prochain, il n’en restera qu’une.
    Méditons les propres mots de Véronique Marchais : « Je vous jure qu’avec ou sans promo, je me battrai de toutes mes forces pour que ce soit nous, et pas un torchon qui réunit tout ce que j’abhorre. Et je compte un peu (euh… en vrai ? beaucoup) sur vous pour ça. »
    Terre de Lettres, le vrai manuel de Français de la résistance à #college2016, n’a que le bouche à oreille. Parlez-en, diffusez largement ce premier document.
    En espérant que vous trouverez là, Jean-Paul Brighelli, matière à faire savoir ce qui se trame dans le secret de certains éditeurs scolaires, qui eux, ont choisi le déshonneur, et auront la résistance, voire le boycott.
    Version pdf pour large diffusion : https://goo.gl/GbrBGe

  15. LARREUR Mariette(née VALANTIN)

    1 mai 2016 à 13 h 58 min (UTC 1)

    Répondre

    J’avoue que je suis horrifiée de ce qui se passe en ce moment pour l’avenir de mes arrière-petits enfants et les autres ! Comment pourront-ils faire des études qui demandent une bonne orthographe, une culture scientifique et aussi la possibilité d’apprendre une autre langue étrangère !
    J’ai 81 ans, bien entendu comme tout un chacun (e) ,parfois j’ai dun doute en orthographe , je vérifie avec un gros Larousse, BESCHERELLE, « le française Correct » de Maurice GREVISSE etc..

    Merci Monsieur François -Xavier BELLAMY

  16. corinne

    1 mai 2016 à 15 h 36 min (UTC 1)

    Répondre

    Luc Ferry a fait un parallèle intéressant entre la structure politique et l école. Apprentissage sans comprendre pour les totalitarisme, destruction des règles car l enfant va tout réinventer pour les sociétés anarchistes…et la démocratie où l individu choisit ses lois et les respecte…. l école républicaine où on étudie les règles données par les maitres et on se les approprie par les exercices….l école républicaine a disparu …. et la démocratie?

  17. Valentine

    2 mai 2016 à 8 h 26 min (UTC 1)

    Répondre

    Bonjour,

    Je ne suis pas en faveur de cette réforme, loin de là, et je comprends l’esprit de votre texte.
    Cependant, dans ce cas précis, l’exercice ne vise pas à étudier le SMS, mais à écrire une lettre qui développe les sentiments et arguments de la rupture. Il s’agit donc, justement, de faire compléter, élaborer, tout ce qu’il y a d’insuffisant et de lacunaire dans le SMS…
    Est-ce si scandaleux que l’accroche de cet exercice d’écriture traditionnel (écrire une lettre pour exprimer et expliquer des sentiments) soit constituée d’une forme de message quotidienne et évidente pour les élèves? D’autant plus que, pour aboutir à cet exercice, il faut très probablement avoir fait lire et travailler des exemples de lettres littéraires, d’amour, ou de rupture (je pense à celles de Flaubert, Hugo, Georges Sand et Musset…), comme on le fait, encore une fois, de façon traditionnelle et qui figurent souvent dans les manuels scolaires, et même ceux post-réforme (comme on peut les consulter chez différents éditeurs qui commencent à les mettre en ligne).
    Encore une fois, je crois que le SMS n’est ici qu’une accroche pour amener les élèves vers autre chose, un texte plus riche et un exercice de la pensée plus développé: ce n’est après tout qu’une ruse pédagogique de base!
    Ne nous servons-nous pas tous, parents et enseignants, du SMS au quotidien? Pourquoi sa simple existence serait-elle bannie des manuels scolaires, du moment qu’il s’agit justement de dépasser cette forme rapide de communication?

    Je crois qu’il y a dans cette réforme des conséquences plus pernicieuses à combattre (diminutions horaires lentes mais continues, aide en classes entières, latin, etc) que de s’angoisser sur un exercice banal dont de nombreux exemples figurent d’ailleurs dans les manuels ancienne mouture.

    Très cordialement, nonobstant!

    1. Fxb

      2 mai 2016 à 8 h 58 min (UTC 1)

      Répondre

      Merci pour votre message.

      Le fait qu’il s’agisse de rédiger une lettre de rupture, et non d’en rester au seul SMS, n’enlève absolument rien au fait que le contenu même de l’exercice soit dramatique, précisément, indépendamment de sa forme. Il consiste à supposer qu’un élève de 5ème a par définition 1) un smartphone et 2) un couple, qu’il s’agit de rompre…

      Quand à la forme, tout simplement… qu’est-ce que cette langue déstructurée vient faire dans un manuel de littérature française ? Il n’y a pas longtemps encore, on proposait aux élèves de répondre à Roxane avec Cyrano, ou à Rodrigue avec Chimène. Au collège, je me souviens d’une rédaction où je devais convaincre Ulysse d’avoir confiance en Pénélope. Cela donnait quand même un peu plus de hauteur d’esprit et de richesse de sentiments que ce sujet affligeant, non ?

      D’ailleurs, je serais très intéressé d’avoir les exemples de ce type d’exercice que vous dites banal dans des manuels précédents. Ils n’étaient pas parfaits, c’est certain ; mais là je crois qu’on franchit un seuil dramatique. Il n’y a d’ailleurs pas que cet exemple-ci pour s’en convaincre, malheureusement…

      Merci encore pour votre commentaire.

      1. isabelle crespel

        4 mai 2016 à 10 h 09 min (UTC 1)

        Répondre

        Et je me demande bien ce que va pouvoir raconter l’élève qui a 13 ans n’a pas eu de petit ami/amie, et pourquoi pas les deux?

        Cerise sur le gâteau, il/elle va sentir « anormal » de ne pas être en couple…. A 13 ans????? Au secours!
        La situation va devenir gênante et honteuse pour lui/elle.

        Mes enfants ont en marre qu’on les prenne pour des idiots. Ce n’est pas leur langage. Même les téléphones refusent d’écrire ce charabia et essaient et de corriger en « bon » français les sms.

        Hélas dans mon établissement certains approuvent comme vous et trouve l’exercice amusant. PAS MOI.

  18. Albane

    2 mai 2016 à 16 h 32 min (UTC 1)

    Répondre

    Bonjour Francois-Xavier

    Merci de votre article, je partage votre analyse et j’ai bien sûr lu votre livre et écouté une de vos conférences.
    Vous êtes jeune et j’ai plein d’espoir qu’un homme comme vous puisse réveiller les consciences! Tout le monde ne lit pas le Figaro et j’aimerais vous voir plus dans les médias ou en politique! Soyez notre porte parole !!!

    Albane

  19. Dorsay

    2 mai 2016 à 17 h 40 min (UTC 1)

    Répondre

    Imaginez en plus des initiatives dingos comme celle de cet enseignant ce matin sur RMC avec l enthousiaste Bourdin qui se vantait de faire avec ses élèves des simulations de parcours de réfugiés avec stages en immersion. On touche le fond. C’est le pédagogue que l’on devrait immerger.

  20. marmotte

    2 mai 2016 à 17 h 42 min (UTC 1)

    Répondre

    Bonsoir monsieur,
    ce mail sera peu constructif car je partage intégralement votre avis. Ma question est : que peut on faire??
    j’ai signé des dizaines de pétitions. En tant que parent d’élèves, j’ai manifesté. Je lutte à la maison pour que chacun s’exprime correctement: « trop bien  » est banni!. pas de smartphone, pas de petit ami (et oui, nous avons expliqué à nos enfants qu’il y a un âge pour tout et pour le moment c’est l’âge des études!)….

    alors que faire?
    je suis impuissante et démunie. Ce n’est pas l’école que je souhaite pour mes enfants.

    cordialement

    1. fleuraufusil59

      3 mai 2016 à 14 h 04 min (UTC 1)

      Répondre

      Chère madame,

      Bravo pour votre combat au sein de votre famille. Mais en effet, il faut faire plus ! C’est urgent !! Les professeurs se sont beaucoup mobilisés : ils ont fait grève, ils ont manifesté. Mais les parents ?… Que font les parents ???? Il s’agit pourtant bien de leurs enfants !!!!!
      Si j’avais des enfants en âge scolaire, je remuerais ciel et terre : courriers massifs et rendus publics auprès du rectorat, de la direction du centre diocésain, de l’APEL à qui je dirais toute ma colère ; manifestations, locales ou nationales, aux côtés des enseignants (à vous de les inviter à vous accompagner) . Je suggérerais enfin volontiers une grève de l’école tant que la réforme ne sera pas définitivement enterrée. Les écoles, collèges et lycées n’ont pas encore acheté les nouveaux livres qu’ s’agit juste d’ envoyer au pilon. Les bretons ont bien obtenu la destruction des péages autoroutiers pour les camions. Rien n’est encore impossible. Qui ne dit mot consent. Si rien ne bouge, tout le monde devra se considérer responsable et coupable de l’application de cette réforme… Les plus combatifs auront été, de loin, les enseignants.

    2. sl

      5 mai 2016 à 2 h 46 min (UTC 1)

      Répondre

      je suis d’accord avez vous : manifester, pétitionner, lutter à la maison, j’ai fait aussi, mais tout cela ne sert à rien.

      M. Bellamy dit : « Pourquoi ne nous réveillons-nous pas ? »

      mais comment ? en faisant quoi ? une grève de l’école ? mais qui en pâtira ? et des grèves, dieu sait qu’il y en a eu : avec quels effets ?
      écrire à l’APEL ? mais l’APEL est POUR cette réforme, il n’y a qu’à lire le magazine de l’APEL, terrifiant de « bienveillance ».

      en ce qui me concerne je ne sais plus quoi faire. Je vois les enseignants se battre, se désespérer, faire du mieux qu’ils peuvent, enfoncés par l’éducation nationale.

      A part entrer en résistance, et sortir ses enfants du système scolaire classique (ce que semblent faire de plus en de parents), que faire ? et encore faut-il en avoir les moyens financiers et trouver un bon établissement. Je préfère un établissement public ou privé sous contrat, avec lequel j’ai un minimum de certitudes et où je sais ce qui se passe à un établissement privé hors contrat.

      et puis, à quoi bon faire travailler ses enfants ? quand on voit que le droit au bac est quasiment garanti, que l’accès aux études supérieures se fait sur tirage au sort (y compris en faculté de médecine)… on se demande si on n’handicape pas ses enfants en exigeant d’eux des efforts à l’école, car cela ne les préparera pas au monde de demain.

  21. michelle.jalmain

    3 mai 2016 à 8 h 45 min (UTC 1)

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    quel tristesse que ce gouvernement -il n’y a pas que l’éducation tout est dans le meme état -la france est sous l’eau c’est pourquoi hollande a acheté des sous-marins

  22. michelle.jalmain

    3 mai 2016 à 8 h 49 min (UTC 1)

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    il n’y a pas que l’éducation qui est dans un état désastreux tout le reste est identique -hollande a mis la france sous l’eau c’est pourquoi il a acheté des sous-marins -quant à la ministre de l’éducation une catastrophe

  23. Léger Madeleine

    4 mai 2016 à 16 h 38 min (UTC 1)

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    vous vous demandez « s’ils ont honte » ? mais non bien sûr… même pas ! le pire est qu’ils ne se rendent pas compte de ce qui est écrit là, sur ces livres de classes . ils ne résonnent qu’en terme de « rendement  » et de « rapport financiers » : qu’est-ce qui va rapporter le plus ? l’éducation, l’enseignement, élever noblement des enfants par la culture, la richesse de la langue, les idées, le patrimoine, l’Histoire ? pfitt ! c’est quoi ça ? tout ça au placard …

 

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