Depuis longtemps
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/07/2024
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Tout a commencé quand mon frère qui avait trois ans de plus que moi a eu un accident de voiture. Cliniquement mort à dix-neuf ans. Je suis resté dans sa chambre d'hôpital de fin juin à début septembre et il est sorti vivant. Ce que j'ai vécu là-bas, à ses côtés, a été ma première confrontation avec la notion de Bien et de Mal.
Et dès lors, je n'ai cessé d'y réfléchir.
De travailler avec de jeunes enfants m'a sans cesse amené à me remettre en question. Jusqu'au dernier jour de ma carrière. Et c'est dans les cinq dernières années que ce conflit intérieur a pris une dimension immense. La décision de me mettre en désobéissance civique et de refuser d'obéir aux injonctions ministérielles.
J'ai réalisé quelques années plus tard (il y a cinq ans que je suis en retraite) que mes actes étaient nourris par ma situation sociale et c'est depuis cette mise en retrait que ma vision a évolué et que la notion de Bien et de Mal ne concerne plus que l'état de la planète et son exploitation mortifère.
L'an prochain, cela fera vingt ans que nous ne mangeons plus d'animaux. Je ne dis jamais que je ne mange pas de viande mais je dis que je ne mange pas d'animaux et la nuance est de taille car la première expression ignore volontairement que cette "viande" est à l'origine un être vivant. Cette dialectique des mangeurs de viande n'est qu'un moyen de réduire la dissonance cognitive. Manger de la viande exclut le fait d'avoir tué un animal qui, pour sa part, ne se considérait pas comme de la viande. Il y a donc vingt ans que la notion de Bien et de Mal envers la nature est entrée dans ma vie.
Mais je suis sidéré que les choses n'évoluent pas davantage dans la population. Et ça n'est qu'une partie du problème.
La surconsommation est un Mal. Nos modes de vie sont destructeurs et la transition écologique une véritable foutaise commerciale.
Il n'y aura de transition qu'au jour où nous considérerons le Vivant comme une part de nous-mêmes et non pas comme un "environnement", qu'au jour où nous aurons conscience que nous tuons la planète et que sans elle nous disparaitrons.
Il ne s'agit donc pas de trouver comment faire pour continuer à vivre de la même façon mais d'accepter l'idée que nous devons nous transformer intérieurement. Le reste suivra. Et sans aucun manque, aucune frustration, remords, regrets, détresse et autres états douloureux mais bien au contraire dans une joie profonde, celle de participer à l'extraordinaire beauté de la Vie.
Le bien et le mal : mise à jour.
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