"Kawakawarau"
- Par Thierry LEDRU
- Le 02/10/2015
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Naholo, terreur en herbe
Waisake Naholo à l'entraînement avec les All Blacks (GABRIEL BOUYS / AFP)
Par Julien Lamotte
Publié le 02/10/2015 | 07:00, mis à jour le 02/10/2015 | 07:00
Waisake Naholo, la dernière merveille néo-zélandaise, n'aurait jamais dû jouer cette Coupe du monde. Jambe fracturée à la mi-juillet, l'ailier all black s'est alors tourné vers la médecine tradionnelle fidjienne qui, grâce à une plante particulière, l'a miraculeusement remis sur pied. Prodige de la nature, sorcellerie ou don divin, Naholo sera en tout cas bel et bien aligné face à la Géorgie vendredi.
"Kawakawarau". C'est donc le nom de cette herbe fidjienne qui a remplacé les anesthésies, les traitements inflammatoires et le bloc opératoire pour guérir Waisake Naholo et sa fracture du péroné. Une hérésie pour les plus cartésiens, peut-être, mais le fait médical est bel et bien constaté : en trois mois, l'ailier néo-zélandais a réussi l'incroyable pari d'être rétabli à temps pour disputer une Coupe du monde à laquelle la médecine classique ne croyait pas.
L'histoire de Naholo, 24 ans à peine, est déjà un roman. A l'instar de l'ancien ailier fidjien Rupeni Caucaunibuca, dont il partage les origines et le style caractéristique avec cette façon de courir avec les deux mains sur le ballon, l'homme est très attaché à sa terre natale et à sa culture insulaire. Véritable phénomène rugbystique, cet ailier surpuissant et d'une vélocité redoutable, s'est révélé au monde de l'Ovalie cette saison en terrorisant les défenses du Super Rugby, championnat réunissant les meilleures provinces de Nouvelle-Zélande, d'Afrique du Sud et d'Australie. Avec 13 essais, la plupart signés du sceau d'une classe folle, l'ailier des Otago Highlanders a terminé en tête des meilleurs marqueurs et c'est tout naturellement que Steve Hansen, le sélectionneur des all-blacks, lui accordait une première sélection sous le maillot à la Fougère contre ll'Argentine le 18 juillet dernier. Face aux Pumas, l'ascension du prodige, révélé par le Rugby à 7 qui l'a sacré champion du monde en 2013 avec la Nouvelle-Zélande, subit un premier contretemps. Le verdict tombe immédiatement : fracture de la jambe et participation à la prochaine Coupe du monde en Angleterre impossible.
Hansen a sacrifié des valeurs sûres pour son diamant noir
Beaucoup auraient accepté ce coup du sort avec fatalisme. Pas Waisake Naholo. Celui qui s'était engagé avec Clermont début février avant de faire machine arrière en juin, ne l'entendit pas de cette oreille et rejoignit son île natale pour tenter le pari de la médecine traditionnelle. "Le sorcier qui a soigné Waisake Naholo n'était autre que son oncle, a précisé son sélectionneur, Steve Hansen. Il n'est ni sorcier ni médecin et tout ce que je sais c'est qu'il a la jambe guérie". "Je ne jetterais pas la médecine alternative aux orties, d'autres existent et sont reconnues comme la médecine chinoise. J'y crois. La preuve, il est là. Une partie du traitement consiste aussi à insuffler un moral positif", a insisté Hansen.
Le fait est qu'une semaine après sa blessure, l'ailier annonçait qu'il était guéri et qu'il postulait de nouveau dans les lignes arrières des champions du monde. La fameuse herbe kawakawarau était passée par là. Hansen demanda quand même un examen médical approfondi pour vérifier l'état de la cicatrisation, avant de retenir Naholo dans ses 31, aux dépens de l'arrière expérimenté Israel Dagg ou des ailiers Cory Jane ou Charles Piutau. Et maintenant, après quelques jours d'entraînement dans les jambes, le voici aligné à l'aile face aux Géorgiens. Titularisé en lieu et place du pourtant très remuant Milner-Skudder (en tête du classement du nombre de défenseurs battus -12-, à égalité avec l'Anglais Brown et le Fidjien Nadolo depuis le début de la compétition), le nouveau diamant noir aura la pression s'il veut gagner définitivement ses galons à l'aile. Mais vu d'où il revient, il ne devrait pas trouver ça très sorcier.
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