L'expérience
- Par Thierry LEDRU
- Le 26/12/2011
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"La source première de notre connaissance est l'expérience. Pour qu'il y ait expérience, il faut, absolument parlant, que nous ayons perçu une chose elle-même. Mais on doit, en outre, distinguer perception et expérience. D'entrée de jeu la perception ne contient qu'un unique objet qui est maintenant, de façon fortuite, ainsi constituée, mais qui, une autre fois, peut être autrement constituée. Or, si je répète la perception et que, dans cette perception répétée, je remarque et retienne fermement ce qui reste égal à soi-même en toutes ces perceptions, c'est là une expérience. L'expérience contient avant tout des lois, c'est-à-dire une liaison entre deux phénomènes tels que, si l'un est présent, l'autre aussi suit toujours. Mais l'expérience ne contient que l'universalité d'un tel phénomène, non la nécessité de la corrélation. L'expérience enseigne seulement qu'une chose est ainsi, c'est-à-dire comme elle se trouve, ou donnée, mais non encore les fondements ou le pourquoi.
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Si l'on veut connaître ce qu'est véritablement une rose, un œillet, un chêne etc., c'est-à-dire en saisir le concept, il faut tout d'abord saisir le concept supérieur sur lequel se fondent ces êtres, ici par conséquent le concept de plante; et, pour saisir le concept de plante, il faut derechef saisir le concept plus élevé d'où dépend le concept de plante, c'est-à-dire le concept de corps organisé. " (F. Hegel)
Et bien, alors, j'en suis à la perception de la pulsion de Vie, tout comme celle de la pulsion de mort.
Un jour, il s'agira d'une expérience.
Et puis viendra le temps des fondements et des pourquoi.
Le temps que ça me prendra n'a aucune importance.
Ce qui compte, c'est que j'avance.
Et si je ne parviens pas au bout, c'est que je n'en étais pas capable. Mais pour l'instant, je ne peux pas le savoir.
On ne peut pas savoir de quoi on sera capable en dehors du fait qu'on sera capable de mourir un jour. C'est la seule certitude. Sans qu'on sache pour autant ce que cette mort contient et propose. Il ne s'agit donc que d'une certitude tronquée, une évidence partielle qui correspond simplement à notre incomplétude.
Pour l'instant, je dispose du florilège incessant de mes perceptions. Dans quelques domaines, j'ai pu en établir une certaine expérience. J'ai même parfois identifié les fondements. Je sais par exemple pourquoi je suis instituteur. Fondamentalement. La pulsion de Vie en est l'instigatrice. Créer, prolonger, transmettre, renouveler.
La mort ne proposera pas de perceptions multiples. Il n'y aura donc aucune expérience possible. Ni par conséquent la possiblité de remonter aux fondements. A moins que tout se passe en dehors de ce champ de connaissances.
J'ai du mal à imaginer que la Vie puisse mettre un terme d'une façon aussi absolue à tout ce qui a constitué l'existence. L'impression que la mort est une pierre qui tombe dans l'océan d'énergie. Des ondes circulaires qui s'étendent.
Affaire à suivre.
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