Le vol de 350 000 euros

Le titre initial est ": le vol à 350 000 euros" mais le mien sonne plus juste, est plus dans la réalité, correspond davantage à cette propension des élus à se servir sans aucune retenue de leur élection comme d'un blanc seing.

Il s'agit bien d'un vol des consciences au-delà même d'un vol de l'argent du pays.

En plus de cette dépense pharaonique quand on voit l'état du pays, je rappelle que l'avion initialement affrêté estr entré à vide. Et ensuite, "ils" nous parlent de pollution, de cop21, de taxes en tous genres, des efforts que NOUS devons réaliser. 

Je les hais. 


 

Le vol à 350 000 euros d'Édouard Philippe : la facture qui ne passe pas

 

Alors que certains jugent exagérée l'indignation, la plupart des éditorialistes voient dans cette dépense la perpétuation des mœurs de « l'ancien monde ».

 (AVEC AFP)

Publié le  | Le Point.fr

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Lors d'une escale technique à Tokyo d'un A340 de l'armée de l'air qui le ramenait avec plusieurs ministres et une soixantaine de personnes en métropole, le Premier ministre et une large partie des passagers ont embarqué dans un autre A340 aux sièges de première classe, loué par Matignon à une entreprise privée pour 350 000 euros. Légitime ou scandaleux ?

 

© Nicolas TAVERNIER/REA

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Trois cent cinquante mille euros pour rentrer à Paris depuis Tokyo, est-ce scandaleux ou normal ? Les éditorialistes de la presse écrite se divisent ce jeudi au sujet du vol privé qui a ramené le Premier ministre Édouard Philippe et sa délégation de Nouvelle-Calédonie. D'un côté ceux qui fustigent le « principe d'indignation », de l'autre ceux qui prônent la rigueur scandinave.

Le Figaro annonce Édouard Philippe « en zone de turbulences » pour s'en désoler sous la plume de son éditorialiste Guillaume Tabard : « Le vrai problème, juge-t-il, est la propension croissante à juger les dirigeants sur des symboles supposés d'exemplarité et non plus sur l'efficacité de leur action. Il est plus important de savoir si le voyage d'Édouard Philippe en Nouvelle-Calédonie a fait avancer ou non ce dossier délicat que de savoir s'il aurait pu prendre un autre vol. L'exemplarité est une obligation préalable ; mais pas une finalité. Et une dépense isolée ne peut être appréciée sans regarder un budget global. Au fond, le Premier ministre paie un intégrisme de la transparence dont l'effet pervers est de transformer l'électeur en procureur. »

« Quand l'opinion attend du sang et des larmes de ses dirigeants, que faire lorsque naît le soupçon de confort ? » demande Cécile Cornudet des Échos : « Comprendre les interrogations, mettre l'accent sur le poids de la charge et sur la coordination nécessaire avec le chef de l'État. Voilà comment Édouard Philippe tente depuis mardi d'éteindre la polémique sur son vol Tokyo-Paris. »

Des excuses peu convaincantes

Mais cette défense ne convainc pas Maurice Bontinck de La Charente libre : « Affréter en dernière minute à Tokyo un avion à 350 000 euros pour ramener une délégation de 60 personnes à Paris n'est bien sûr pas illégal mais révèle à la fois un manque d'organisation et une légèreté avec les deniers publics. Quand un avion repart à vide ou presque, sous prétexte qu'il est moins confortable et/ou moins rapide de deux heures, l'excuse de l'efficacité tombe vite à l'eau. Surtout quand le prétexte est d'arriver à temps pour un conseil de défense qui avait déjà été décalé de deux jours. »

Elle ne convainc pas plus Denis Daumin de La Nouvelle République du Centre-Ouest : « Il s'agissait de gagner du temps, remontant les fuseaux horaires, et puis il y avait un conseil de sécurité à Paris en guise de petit déjeuner et Jupiter s'apprêtait à décoller vers l'Algérie. Impossible de laisser le pays en pilotage automatique, ne fût-ce qu'une demi-heure. Les journalistes ont vérifié forcément, c'est en principe leur métier. Aucun des arguments ne tient. Ça fait mauvais effet lorsqu'on prétend donner des leçons de méthode, d'économie et de respect de l'environnement. La prochaine fois, le chef du gouvernement se méfiera de ces avions à réactions incontrôlables. Vous pensiez voler collectivement en première, pépère, et vous découvrez à l'arrivée que vous étiez en classe affaire, au singulier. »

Se prétendre vertueux depuis des fauteuils de première classe, ça ne marche plus

Dans L'Union, Sébastien Lacroix fait les comptes : « Divisés en nombre de jours de smic, de rognures d'APL, de tranches de saucisson ou de tickets de métro, 350 000 euros, c'est même énorme », avant de relativiser : « Trois cent cinquante mille euros, c'est tout juste 2,18 minutes d'augmentation de la dette de notre beau pays, ou 8 heures d'opération Sentinelle. »

Certes. Mais « cette facture-là dépasse la question des capacités financières de l'État, affirme Didier Rose dans Les Dernières Nouvelles d'Alsaceelle mine la crédibilité d'un discours garantissant de renvoyer au passé toute pratique qui ne trouverait pas de stricte justification d'intérêt général. Se prétendre vertueux depuis des fauteuils de première classe, ça ne marche plus. Ce qui en pâtit, au final, c'est l'espoir d'un renouvellement porté par des personnes, fussent-elles d'État. » L'éditorialiste veut y voir des pistes pour que le « nouveau monde » porté par cette génération qui accède au pouvoir se réalise enfin : « Un tel épisode montre que la rénovation politique, la vraie, celle qu'attendent les Français, passe par une révision des règles publiques plus que par une rotation d'élus. »

L'exemple scandinave

D'autres journalistes conseillent à Édouard Philippe, et plus généralement à la classe politique française, de se tourner vers le Nord. C'est le cas de Jean-Michel Servant du Midi libre : « Sans doute Édouard Philippe ne sait-il pas que dans certains pays, en particulier scandinaves, certains présidents voyagent en toute simplicité sur des vols commerciaux », s'agace-t-il. « Comme toujours, cette déplorable affaire de gros sous montre la gabegie de l'argent public en France. Le mépris pour les petits contribuables. La question désormais est de savoir si l'intéressé et ses successeurs retiendront la leçon de ce vol en bassesse-classe. On en doute. »

Hubert Coudurier du Télégramme fustige lui aussi « un sentiment d'amateurisme et de propension à dilapider les fonds publics lorsque le gouvernement s'échine par ailleurs à faire des économies imposées aux collectivités locales et plus globalement aux Français. [...] Sans exagérer la portée d'un tel couac, il démontre que les dirigeants français sont encore loin de la simplicité des mœurs scandinaves ».

Jean-Marcel Bouguereau a adopté la même boussole dans La République des Pyrénées : « Le nouveau monde promis ressemble souvent à l'ancien, souligne-t-il. Le personnel politique a trop souvent le goût et l'habitude des palais de notre monarchie républicaine. Eux qui ne ratent jamais une occasion pour prendre l'Allemagne ou les pays nordiques en exemple devraient sur ces sujets s'en inspirer un peu plus ! »

Un sentiment partagé par Philippe Marcacci dans L'Est républicain. Selon lui, « la polémique ne peut que conforter l'opinion publique dans une conviction : les politiques français sont incapables de renoncer aux ors du pouvoir et aux avantages que leur confèrent le suffrage des citoyens et, plus encore, les deniers des contribuables. »

 

L’intérieur d’un A340 privé de la compagnie Aéro Vision. Capture d’écran site Aéro Vision

Il est « compliqué » et « cher » de déplacer un Premier ministre a affirmé ce mercredi Edouard Philippe après la polémique sur son vol privé pour revenir de Nouvelle-Calédonie début décembre. Analyse des différentes explications fournies par Matignon depuis 24 heures.

 

Le 5 décembre, de retour de Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre et son équipe ont loué un avion privé à la société Aéro Vision pour voyager dans de « meilleures conditions ». Edouard Philippe « assume » les 350 000 € déboursés pour affréter ce vol privé entre Tokyo et Paris. La principale explication de ce retour « précipité » est le principe de présence du Premier ministre sur le territoire en cas d’absence du président de la République. Même si la règle a souffert par le passé de nombreuses exceptions, le chef du gouvernement doit se trouver en métropole en l’absence du chef de l’Etat, rappelle Matignon.

Tour d’horizon des différentes explications avancées par les services du Premier ministre au cours des dernières 24 heures pour justifier ce vol.

L’inconfort de l’A340 de l’Armée de l’air

Pour Matignon, l’A340 de l’Armée de l’air, assez ancien et sans sièges business, « ne sert pas en temps normal à transporter ni des autorités militaires ni des membres du gouvernement en long courrier et de nuit ». En l’absence de l’A330 présidentiel, réservé pour le voyage d’Emmanuel Macron du 6 décembre en Algérie, il a été utilisé « exceptionnellement » par le Premier ministre entre Nouméa et Tokyo « justement pour faire des économies ». « L’avion militaire ne remplissait pas les conditions d’accueil du Premier ministre. Ce dernier doit pouvoir assurer ses fonctions, doit pouvoir travailler, faire sa toilette, s’allonger pour pouvoir assurer sa journée de travail. » Sur le vol aller entre Tokyo et Nouméa, « Edouard Philippe a dormi sur quatre sièges au milieu de l’A340, en raison de sa taille », a précisé le service de presse de Matignon, photo à l’appui.

 

Contacté par « le Parisien », le service de presse de l’Armée de l’air a refusé de commenter « un vol dans le cadre d’un voyage officiel ». En revanche, il a accepté de préciser les missions de l’escadron de transport Esterel qui a assuré ce vol. « Il assure toutes les missions de transports militaires des trois armées sur de longues distances. Il sert aussi à acheminer des militaires français lors des opérations extérieures. L’escadron Esterel est composé de 5 Airbus qui sont stationnés à Roissy, 3 A310 et 2 A340, des TLRA (Très Long Rayon d’action) qui peuvent être engagés sur un court préavis pour une distance très éloignée », nous précise-t-on.

« Ce sont des équipages avec un système d’alerte, sollicités lors des catastrophes humanitaires », ajoute-t-on au Sirpa Air. « L’A340 utilisé par Matignon a ainsi été le premier avion ayant transporté la sécurité civile dans les Antilles après le passage d’Irma. Sa configuration est très flexible, il sert aussi régulièrement lors de voyages officiels pour le transport de membres du gouvernement et de journalistes ». Le coût de ce type de vol n’est en revanche pas connu.

La présence du Premier ministre à un Conseil de défense

Dans un premier temps, selon l’AFP, l’usage de l’A340 version luxe d’Aéro Vision aurait permis au PM de gagner deux heures dans son planning chargé du 6 décembre. « Les deux heures ont permis au Premier ministre de revenir dans les temps impartis, alors qu’Emmanuel Macron s’apprêtait à décoller pour l’Algérie (il a atterri à 10h50 à Alger) et qu’un Conseil de défense était prévu à l’Elysée à 8 heures », pouvait-on lire dans une dépêche de 19h41, datée du 5 décembre. Il semblerait que cette explication soit un quiproquo. En effet, le Conseil de défense restreint avait été reporté au 8 décembre à 15h30 comme le montre l’agenda présidentiel.

 

La question du coût d’un Tokyo-Paris

Le vol de l’ensemble de la délégation a coûté 1, 3 million d’euros (aller-retour), les 350 000 euros du vol privé compris. Au total, ce sont 52 personnes qui sont revenues avec lui dans la délégation. « Dans un déplacement ministériel, toutes les personnalités sont logées dans les mêmes conditions. On peut le regretter, mais c’est l’usage », se justifie-t-on à Matignon.

Matignon a, selon nos informations, cherché à négocier le prix du billet sur un vol de ligne Tokyo-Paris à 7600 € en première classe ou en business, mais l’avion atterrissait à 16 heures, ce qui posait problème en raison de l’agenda du président de la République. Sur un vol commercial classique d’Air France, un Tokyo-Paris en première classe coûte entre 4000 € et 8000 € en fonction de l’horaire de départ. Au prix négocié de 7600 €, le vol aurait donc coûté 395 200 euros à Matignon.

Un A340 « classique » peut aussi être loué de manière privée pour la modique somme de 10 743 euros de l’heure. Ce qui pour un vol de onze heures, représenterait une somme de 118 173 euros, mais aurait nécessité de s’y prendre en amont.

« Au total, le coût des vols pour ce déplacement ministériel a coûté 30 % moins cher pour l’Etat que le dernier voyage similaire en Nouvelle-Calédonie », celui de Manuel Valls en 2016, a également souligné Matignon. « Le vol de Manuel Valls avait coûté 2 millions d’euros, et 1,6 million pour celui de Jean-Marc Ayrault », soulignent les services d’Edouard Philippe. Manuel Valls a, de son côté, reconnu qu’un « déplacement de ce type est toujours très coûteux. »

 

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