Les bienfaits de la crise
- Par Thierry LEDRU
- Le 20/07/2020
- 2 commentaires
"Dans l'épreuve, ne cherche pas l'adversaire, cherche l'enseignement". Mikao Usui
Monde d'après : l'Ecologie territoriale au cœur du plan de relance
En se mobilisant pour assurer les services essentiels pendant la crise sanitaire, les territoires prouvent leur pragmatisme qui serait bien utile à la transition écologique. Pour Christophe Bouillon, il est temps de leur en donner les moyens.
|
Christophe Bouillon
Président de l'APVF
« C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain ne l'écoute pas ». Ces mots, prononcés par Victor Hugo il y a deux siècles déjà, conservent tout leur sens aujourd'hui. Comme une nouvelle mise en garde de la nature, cette crise est venue rappeler à l'Homme ses limites. Causée par l'action de l'Homme sur son écosystème, cette crise sanitaire, mais aussi économique, écologique et politique, doit nous inciter à repenser notre façon de faire de l'écologie. Une fois de plus, les territoires ont répondu aux hésitations et à l'inertie étatique par la réactivité, l'agilité et l'inventivité. Le plan de relance est une bonne occasion et peut-être la dernière, pour mettre les territoires au cœur de la transition écologique.
Un modèle à bout de souffle…
En plus d'avoir rappelé une nouvelle fois à l'Homme ses limites, cette crise a montré les défaillances de notre modèle jacobin qui accorde peu de place aux acteurs locaux.
Alors même que nous pensions en avoir fini avec les épidémies mortelles, ( il faudrait lire davantage les revue scientifiques alors...)
un virus est venu déstabiliser profondément l'ensemble de la planète en l'espace de quelques semaines seulement. Cette épidémie a montré, une fois de plus, les limites de notre modèle de développement fondé sur la mondialisation incontrôlée, le réchauffement climatique et la détérioration de notre écosystème, qui favorisent l'essor des épidémies.
Mais cette crise décentralisée a également mis en lumière les limites de notre modèle centralisé où la grande partie des décisions sont prises depuis Paris. Les difficultés, voire les contradictions des pouvoirs publics nationaux, n'ont cessé de contraster avec le pragmatisme et la réactivité des acteurs locaux. Sur les masques, le dépistage ou encore la gestion des commerces, les élus locaux ont été aux avant-gardes comblant même, dans certains cas, les lacunes et les absences du pouvoir central. Dans de nombreux territoires, des initiatives locales ont vu le jour pour produire des équipements pour les soignants, soutenir l'activité économique locale, approvisionner en produits frais les habitants ou encore maintenir la collecte sélective et le tri des déchets.
Cette crise doit nous inciter à repenser la transition écologique en France. C'est justement dans cette optique que l'Association des petites villes de France (APVF) a fait plusieurs propositions pour une écologie territorialisée. (lien PDF)
Repenser l'écologie de demain
Dans sa contribution au « Monde d'Après », l'APVF a proposé une nouvelle vision de l'écologie qui place les territoires au cœur du nouveau système. Pour le « Monde d'Après », il est urgent de donner les clés de la transition écologique aux territoires, les clés financières mais aussi techniques. C'est pourquoi l'APVF réclame l'affectation d'une part des recettes de la fiscalité carbone aux collectivités territoriales pour soutenir leur action en faveur de la transition écologique mais aussi le renforcement du fonds chaleur de l'Ademe et des dispositifs de soutien à la filière biogaz. Mais ce soutien financier sera insuffisant s'il ne s'accompagne pas d'un volet technique, notamment pour les plus petites collectivités moins dotées en ingénierie. Il est donc urgent de renforcer le rôle et les moyens d'organismes, comme le Céréma, et de territorialiser l'Ademe afin d'en faire le véritable « bras armé » de la transition écologique dans les territoires.
Pour le « Monde d'Après », il faut aussi co-construire une « industrie verte » au service des territoires. Une industrie qui sera fondée sur les filières d'avenir à forte valeur ajoutée locale comme le biogaz, les réseaux de chaleur ou l'économie circulaire. Pour relancer l'activité dans nos territoires tout en répondant aux objectifs climatiques, il faut conditionner les aides aux entreprises à des engagements environnementaux et locaux.
Produire différemment implique de consommer différemment. Les territoires doivent être mis au cœur du nouveau modèle de consommation. L'APVF propose pour cela la mise en place d'un grand plan pour soutenir les circuits courts et les agriculteurs locaux, mais également la relocalisation de nos chaînes de production dans nos territoires afin de garantir notre indépendance alimentaire et soutenir nos producteurs locaux. Enfin, et car l'action publique doit montrer l'exemple, il faut réorienter la commande publique vers les circuits courts.
Changer de politique et de méthode
Rien ne serait pire que de construire un demain similaire à aujourd'hui. C'est pourquoi notre mobilisation doit être totale pour réclamer un changement de politique mais aussi de méthode. Le plan de relance ainsi que le projet de loi 3D (décentralisation, différenciation, déconcentration) reportés, sont des occasions à saisir pour accélérer la décentralisation de nos politiques environnementales.
Pour relever le défi écologique, il faut penser local pour agir global et partir de ce qui se fait au sein même des territoires. La différenciation défendue par le projet de loi 3D est aussi l'occasion d'adapter l'action publique aux besoins du territoire. Enfin, les collectivités ont besoin d'un partenaire solide pour relever le défi de la transition écologique. Sans les collectivités, l'État n'est rien, mais sans l'État, les collectivités ne peuvent pas tout non plus. Pour répondre à l'urgence climatique, il faut une mobilisation générale publique/privée, locale/centrale…
Espérons que la crise sonnera le tocsin de cette mobilisation !
Chronique proposée par Christophe Bouillon, président de l'APVF, Maire de Barentin
Commentaires
-
- 1. Thierry LEDRU Le 22/09/2020
Bonjour Vincent
Merci pour votre commentaire.
Au 11 juin 2020, on comptait en France près de 500 000 emplois supprimés. Si une telle alerte ne sert à rien et que nos fonctionnements économiques restent inchangés, alors c'est à désespérer du genre humain. Maintenant, je ne suis pas du tout convaincu que les politiciens oseront s'engager dans une voie radicale car cela supposerait de s'opposer à une partie de la population qui n'en ressent pas le besoin, par manque de conscience de l'urgence, et par conséquent ces politiciens se saborderaient. Je pense par conséquent que seule la volonté pleine et entière de la population serait à même de forcer les politiciens et les financiers à œuvrer pour un monde plus sain, respectueux de la nature et donc des humains. C'est à nous, citoyens, de faire entendre nos exigences et non à attendre de la part des gouvernements successifs une autre voie. Pour avoir lu maintes études sur le sujet et usé de mon temps libre pour continuer à m'informer, il est clair que la décroissance est une voie incontournable. La mondialisation nous a mené là où nous en sommes. Mais il suffit d'écouter le sieur Macron accuser par exemple les adversaires de la 5G de vouloir vivre comme les Amish ou revenir à la bougie pour comprendre que la course à la consommation restera le fer de lance des nantis et de toutes les formes de pouvoirs, qu'ils soient politiques ou financiers.
Bon courage à vous.
Thierry -
- 2. Vincent Eliot Le 22/09/2020
Merci pour ce rappel que vous faite à tous les hommes sur terre. Mois je travaille dans une boutique d'accessoires tendances, et depuis des mois je suis à la maison. J'ai mal, mais il a fallut que cette crise soit là pour que les gens comprennent la faiblesse de certaines mesures et que la nature peut se révolter. Vivement que le défi écologique devienne une priorité des acteurs qui gouvernent le pays, si non faudrait se préparer au pire. J'ai lu sur un site que certains pays ont carrément décidé de prendre de nouvelles mesures et des lois pour éviter que cela se répète.
Ajouter un commentaire