Murmuration des oiseaux
- Par Thierry LEDRU
- Le 01/11/2023
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MURMURATION, UN PHÉNOMÈNE NATUREL
Le photographe allemand Daniel Biber a pris une scène étonnante, une nuée d’étourneaux formant elle-même un oiseau.
QU’EST-CE QUE LE PHÉNOMÈNE DE MURMURATION?
COMMENT ET POURQUOI SE FORMENT LES NUÉES D’OISEAUX ?
Le phénomène est plus connu sous le nom anglais murmuration mais est désigné agrégation en français. Cela définit un phénomène de rassemblement qui se produit lorsque plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’individus forment un incroyable nuage opaque dans le ciel.
Étourneaux sansonnet
Étourneau
Les oiseaux ne cessent de nous surprendre et les nuées d’oiseaux ne sont pas rares, surtout lors des grandes migrations vers le sud. Ils se donnent en spectacle dans le ciel, dans un ballet aérien parfaitement synchronisé. C’est le cas de l’étourneau qui est particulièrement sociable.
DES MASSES SOMBRES QUI VALSENT DANS LE CIEL.
UN BALLET TOUT À FAIT GRANDIOSE MAIS QUI N’EST PAS CHORÉGRAPHIÉ PAR SIMPLE PLAISIR.
Les étourneaux vivent en groupe la majorité de l’année, excepté durant la période de reproduction où ils vivent plutôt en couple. La raison essentielle de ces regroupements serait la défense contre les prédateurs. Il s’agirait d’une stratégie de survie.
Selon les chercheurs, la formation de nuée permettrait de collecter plus efficacement l’information. L’ensemble du groupe bénéficie d’une information que chacun de ses membres fournit, mais à laquelle il n’aurait pas accès seul.
DES MILLIERS D’OISEAUX VOLANT À QUELQUES CENTIMÈTRES DE DISTANCE!
ALORS, COMMENT FONT-ILS POUR NE PAS ENTRER EN COLLISION?
L’AUTO-ORGANISATION
Ils fonctionneraient comme un seul organisme et seraient reliés entres eux, chacun réagissant au comportement de ses sept voisins les plus proches. Il n’y aurait aucun leader et la taille de la nuée n’aurait aucune incidence.
N’importe quel oiseau peut amorcer le changement de direction. Chaque oiseau réagit aux mouvements de ses voisins les plus proches et de manière quasi instantanée. Il se produit alors un effet d’ondes à travers la masse. Le mouvement devient progressif à l’échelle du groupe comme un effet domino pour une parfaite synchronisation.
PEU IMPORTE LE NOMBRE D’OISEAUX, LA CHORÉGRAPHIE EST PARFAITEMENT SYNCHRONISÉE.
Des chercheurs de l’université de Rome La Sapienza, dirigés par Andrea Cavagna, ont filmé les vols d’étourneaux et analysé leurs trajectoires en 3D. Ils ont démontré que ces nuées d’oiseaux forment des nappes vivantes qui se replient sur elles-mêmes, comme une feuille de papier souple.
Les chercheurs ont aussi mis en évidence deux types de réactions comportementales entre eux: l’attraction et l’alignement, qui fonctionnent comme des ressorts. Selon leur force et la façon dont elles se combinent, le groupe sera sensible à un infime changement de comportement. D’où un déplacement rapide et cohérent.
En formant une masse compacte, il devient plus difficile pour un rapace de les attaquer. Si un étourneau détecte un faucon, il part dans une direction et le groupe le suit. Le groupe développe un comportement de défense collective. Le rapace risquerait lui-même de se blesser en fonçant dans la nuée d’oiseaux en vol. Cette stratégie s’avère particulièrement ingénieuse et efficace. Mais, attention à ceux qui se retrouveront hors de la nuée! Ils deviendront alors des proies facilement atteignables.
Les étourneaux vocalisent par des sifflements et des gazouillis mais ils sont aussi de grands imitateurs vocaux. Ils peuvent imiter plusieurs autres espèces d’oiseaux. Jusqu’à 20 espèces différentes dont le Pluvier kildir, la Sturnelle des prés, la Buse à queue rousse, le Merle d’Amérique, le Pic flamboyant, et bien d’autres.
L’ÉTOURNEAU FAIT PARTIE DE LA LISTE DES ESPÈCES LES PLUS DANGEREUSES POUR L’AVIATION AUX ÉTATS-UNIS.
Des étourneaux ont déjà été à l’origine d’accidents aériens, comme lors du vol 375 d’Eastern air lines, qui s’est écrasé en 1960 à Boston, causant la mort de 62 personnes, après qu’une nuée d’étourneaux ait été aspirée dans ses réacteurs.
Bien qu’il y ait environ 200 millions d’étourneaux en Amérique du Nord, ce sont tous les descendants d’une centaine d’oiseaux (60 en 1890 et 40 en 1891) relâchés dans le Central Park de New-York, par une société littéraire qui souhaitait que l’on y retrouve toutes les espèces d’oiseaux mentionnées dans les œuvres de William Shakespeare.
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