Penser.
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/02/2011
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Le doute méthodique de Descartes consiste à mettre en question toutes les certitudes établies afin d'asseoir la pensée sur des bases inébranlables.
"Douterais-je de tout, il est certain que je doute partant que je pense. Je pense donc je suis."
Pour douter, il faut obligatoirement que je pense. C'est en procédant à une remise en question radicale que l'on découvre une première évidence, le cogito sur laquelle on peut fonder la pensée.
Bien. Mais que se passe-t-il si l'individu ayant instauré cette remise en question et ayant établi un doute fondateur ne parvient plus à s'extraire de cette élaboration conceptuelle et se persuade d'avoir atteint l'ultime vérité ?
Eh bien, il tombe tout bonnement dans la satisfaction, la suffisance, une certitude de suprématie. Et il s'enferme dans la geôle de cette liberté conceptuelle.
L'humanité pensante est le symbole de cette errance névrotique.
Elle ne pense plus puisqu'elle pense avoir atteint le summum de la pensée. Elle se glorifie d'un cheminement libérateur et s'isole de l'invisible.
Le summum de la pensée ne se situe pas dans la pensée mais dans le survol de la pensée, lorsque celle-ci est dépassée par un éblouissement généré par le flux vital, lorsque la pensée se tait et que la porte s'ouvre.
L'illusion, c'est la croyance liée au pouvoir de la pensée. La libération, c'est le silence et le saisissement en nous de cette conscience de la vie, non pas par la pensée, non pas par les sens mais par les retrouvailles avec l'unité, l'osmose, la plénitude de la vie. Aucun cheminement intellectuel, aucune voie rationnelle, aucun décryptage philosophique mais une extrême perception unifiant l'irrationnel, l'invisible, l'inexpliqué. Sans aucune peur, aucun rejet, aucun déni. Un horizon immense libéré des prétentions, des cadres limitatifs, de la philosophie intellectualisée.
Se persuader que la pensée rationnelle est la voie de la liberté, c'est s'attacher soi-même en cherchant l'envol. C'est monter sur un tremplin et rester au bord du vide alors que le plus beau du chemin reste à vivre.
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