Se dé-capsuler
- Par Thierry LEDRU
- Le 07/10/2021
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Ce texte m'est revenu à la lecture d'un article. La dernière phrase a bien failli se matérialiser mais je pense que la tentative est ratée. Rien n'a changé. La pandémie reste un épiphénomène, aussi douloureuse soit-elle pour ceux qui y ont succombé et pour leurs proches.
Les individus ne changent pas, les gouvernements ne changent pas, les sociétés restent les mêmes. Tout le monde, ou presque, ne rêve que d'une chose : retrouver la vie d'avant.
Le fait que cette vie d'avant porte en elle les germes de cette pandémie reste lettre morte. Les gens cherchent des responsables dans la gestion médicale de la crise, accusent les gouvernements, se plaignent des restrictions, se plaignent encore et encore. Je ne dis pas que leurs plaintes sont injustifiées, je dis juste que de s'intéresser uniquement aux effets d'une crise ne sert pas à grand-chose. Il faut remonter à la source et comprendre ce qui a déclenché un tel bouleversement.
Nos sociétés modernes sont malades, les populations sont malades, les esprits sont dévoyés, contaminés, formatés, cadenassés. Tellement cadenassés qu'ils ne souhaitent que retrouver les limites de leur geôle. C'est là que se trouve l'ego encapsulé. Et il n'existe qu'une seule solution : le décapsulage.
En quoi est-ce que ça consiste ?
Je pense pour ma part qu'il est vain de lutter contre des forces qui nous dépassent, des forces qui existent depuis des siècles, qu'il s'agisse d'entités politiques, économiques, financières ou soi-disant philosophiques. je suis consterné par les discours que j'entends en ce moment émanant des prochains candidats aux élections présidentielles. Rien ne changera, la réalité restera la même. Des épiphénomènes auront lieu et tout le monde en parlera, s'énervera, se plaindra, espèrera que ça sera mieux la prochaine fois, etc etc etc...Des siècles que ça dure.
Mais alors, que faire ?
S'éloigner, s'éloigner le plus possible de la masse des egos encapsulés et construire un autre espace, établir uniquement des liens avec des individus semblables à soi, engagés dans cette voie de distanciation, des individus qui construisent leurs existences sur des valeurs associées à l'être et non plus à l'avoir. Des individus spirituels.
Le dé-capsulage, c'est la spiritualité qui la propose. Et la spiritualité n'a que faire des voies déjà tracées, mille fois empruntées, des sillons si profonds que les bords sont devenus des talus qu'aucun individu ne peut escalader.
Il est certain que ma situation de retraité est un privilège. J'ai le temps de penser, j'ai la liberté intérieure. C'est bien là d'ailleurs un des drames du travail salarié. Il érige lui aussi les murs de la geôle, il en est même le ciment. Je suis d'ailleurs persuadé que le refus des gouvernements d'aller vers un revenu minimum s'explique par la peur du temps offert aux individus. Des individus qui auraient enfin le temps de penser. Non pas de penser dans le cadre de la "réalité sociale" mais dans la dimension du Réel... C'est terriblement dangereux un individu qui pense en dehors du cadre. Des individus dé-capsulés.
"La sous-ciété"
Par Thierry LEDRU
Le 30/07/2018
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La "sous-ciété"
Il m'est impossible d'utiliser le terme de société pour désigner cet environnement social et surtout spirituel dans lequel j'évolue. D'autant plus en lisant tout ce que la société Kogis a mis en place et cette osmose fascinante dans laquelle ce groupe humain évolue depuis des siècles.
Si j'utilise le terme de "sous-ciété" pour désigner le monde occidental, c'est parce qu'il s'agit à mes yeux d'un espace de basse synergie.
Une société digne de ce nom existe au contraire dans une haute synergie. Cette synergie prend forme dès lors que les individus ont opté pour une exploration lucide de leur implication dans une harmonie constante au regard de la Nature et du flux vital.
Ce n'est pas le système occidental qu'il faut blâmer. Ce soi-disant système n'a aucune existence spontanée, il n'est que le reflet de l'état de conscience des gens qui le composent. Un système n'est que l'amalgame de composants. Les individus sont ces composants et le système est activé par les liens qui unissent les composants.
Un moteur de voiture n'a pas d'existence en soi, ce sont les liens entre chaque composant qui lui donnent ce semblant d'existence. Il est totalement absurde de dire qu'un moteur ne fonctionne pas. Il s'agit d'identifier le composant défectueux. Pas d'accuser l'ensemble.
Le terme de "société" correspond à un paradigme extrêmement puissant. Les individus ont été conditionnés à s'en remettre à ce système et à quelques groupes ou individus chargés d'entretenir le système. Un paradigme est une "super théorie". Il propose les modèles de pensées auxquels chaque composant du système va apprendre à se référer. On trouve des paradigmes dans le domaine scientifique mais le concept de "société" s'établit dans un espace psychologique et philosophique, même si cette "philosophie" est indigne de la philosophie en tant que telle.
Inutile de se référer à des données politiques, économiques, sociales, historiques. Tout cela n'est que l'habillage d'un formatage philosophique.
Un paradigme se nourrit de schémas mentaux. Ceux qui nous concernent dans cette "sous-ciété" de basse synergie s'établissent au coeur de l'ego. Ces schémas mentaux sont destinés à préserver le paradigme. Une fois que les schémas mentaux sont appliqués à la masse entière, le paradigme devient une "réalité". Il ne s'agit pas du "réel" mais d'une interprétation des phénomènes dans le cadre du paradigme.
La "réalité" est instaurée de façon à propager le fonctionnement institutionnel. Non pas gouvernemental mais un fonctionnement philosophique. C'est là qu'il faut dépasser la condamnation infantile de la "société". La "société" est un moteur dont chaque individu est un composant.
Même les leaders de cette "sous-ciété" ne sont pas conscients de l'illusion dans laquelle ils évoluent. Ils ont simplement adopté les schémas mentaux de leurs pairs et les ont développés pour leurs propres intérêts. Personne, parmi les leaders, qu'ils soient politiques ou économiques, n'est conscient du courant qui les emporte. On ne demande pas à un carburateur d'être conscient de son appartenance à un moteur. On lui demande d'effecteur sa tâche avec soin. Les leaders de cette "sous-ciété" ne sont que des carburateurs et ils n'ont aucune vision verticale de l'ensemble. Ils se pensent "décideurs" quand ils ne sont que les copistes des écrits de leurs prédécesseurs.
Les manipulations dont ils sont régulièrement accusés ne s'établissent toujours qu'au coeur de ce paradigme. Les schémas mentaux sont modulables mais nourrissent toujours le paradigme. La prochaine élection n'est que la confrontation de schémas mentaux dans une "réalité" illusoire et perverse. Aucun changement de paradigme n'est envisagé car cela signifierait que les leaders prendraient le risque de ne plus être les leaders. Leur objectif n'est que de porter une étiquette différente de celle de leur adversaire. La philosophie interne au système reste la même dans un jeu de chaises musicales sous la direction d'un orchestre archaïque et fondamentalement conservateur.
L'idée fondamentale est de modifier quelque peu les composants du moteur pour lui donner un rendement différent et si possible "meilleur" au regard de la "réalité" instaurée afin de justifier les privilèges qui sont accordés aux solistes. Mais il n'est pas question de réfléchir à la justesse du moteur lui-même. On ne touche qu'aux schémas mentaux. Pas à la source de ces schémas.
Les individus sont donc responsables du paradigme en se sens qu'ils l'entretiennent à travers les schémas mentaux qu'ils ont adoptés. Le système n'existe qu'à travers cette adhésion. Non seulement comportementale mais bien avant tout philosophique.
Si ce paradigme nourrissant cette "sous-ciété" existe, c'est en raison de notre fonctionnement. Nous sommes encapsulés dans un moi tout puissant et tout ce qui ne participe pas à cette identité est extérieure à ce moi. Cette scission est à la source de la dualité et de la basse synergie si dévastatrice.
Ce modèle fondamental conditionne toute la "réalité" qui convient au maintien du paradigme. Le système s'auto-entretient à travers le figement philosophique des individus.
On peut parler désormais avec la mondialisation de "méta-modèle" ou "méta-paradigme", c'est à dire ce qui est au-delà du paradigme lui-même. Comme un moteur qui fonctionnerait de lui-même, sans aucun pilote...Mû par sa propre énergie. Un mouvement perpétuel. Ou qui se croit perpétuel...
La société des Kogis est organisée autour d'une idée radicalement différente de celle du moi encapsulé. C'est celle de l'unicité. Il n'y a pas de séparation mais une osmose qu'il faut entretenir. L'individu n'est pas qu'un composant d'un moteur. Il est conscient du moteur et du rôle qu'il tient au coeur de ce système. Il n'agit pas en restant centré sur le fonctionnement de la pièce qui le constitue et de son rôle parcellaire parce qu'il n'est jamais dissocié du moteur lui-même. On pourrait comparer cela également avec une cellule constituant le bout infime d'un doigt. Cette cellule aurait conscience de l'existence de l'individu auquel elle appartient malgré le gigantisme de l'ensemble dans lequel elle évolue. C'est une vision macroscopique qui donne à l'existence de l'individu une énergie bien plus puissante que celle d'une cellule qui se croit isolée et toute puissante. Le moi n'est plus une entité en elle-même mais un réceptacle de l'énergie vitale qui anime un ensemble d'une complexité infinie. Il ne s'agit pas pour autant de la négation de l'individu étant donné que l'individu puise dans cette appartenance une nourriture spirituelle d'une plénitude inconcevable pour la plupart des occidentaux et impossible à saisir dans le champ limité du moi encapsulé.
Le moi encapsulé est séparé du flux vital parce que ses schémas de pensées créent un voile opaque.
Ça n'est pas la vie qui l'anime mais lui qui donne à la vie l'image d'une réalité qui convient au maintien de son identité. Les pensées, les sentiments, les perceptions, les réflexions, les actes, les intentions sont irrémédiablement au service de ces schémas. Là encore, le fonctionnement est terriblement pervers étant donné que chaque instant de l'existence participe à l'édification puis au renforcement de l'identification. Le moi existe à travers lui-même et s'auto-persuade de la justesse de son raisonnement. On retrouve par conséquent à l'échelle de l'individu le fonctionnement inhérent au paradigme de l'ensemble. C'est en cela que le système qui apparaît comme responsable du mal être des individus est un leurre. Le moi accuse un système qu'il a lui-même constitué parce que dans cette lutte, le moi, lui-même, se renforce et se sent exister.
Même les individus qui disent oeuvrer à la constitution d'une quête spirituelle ne sont parfois que des ego établissant dans une démarche philosophique le renforcement de leur moi pour la simple raison qu'ils reproduisent un fonctionnement individuel au coeur duquel se trouve toujours le moi encapsulé. C'est en cela qu'il me semble extrêmement délicat de parvenir à rompre les schémas de pensées et tous les conditionnements qui en découlent lorsque l'individu a déjà évolué dans la dimension enivrante de la "sous-ciété".
Il faut se désintoxiquer pour entrer dans une autre vision de l'existence...
L'avenir de l'humanité appartient aux groupes ethniques ayant su préserver depuis des millénaires une vision uniciste de l'existence.
Les "sous-ciétés" modernes voient bien parfois s'éveiller quelques individus "dé-capsulés" mais ils ne seront sans doute jamais suffisamment entendus pour que des schémas de pensées opposés prennent suffisamment de puissance pour parvenir à insérer dans la masse un nouveau paradigme.
Je rêve parfois d'une intervention de la vie elle-même. Que le réel en vienne à s'imposer à la réalité. Par la force si nécessaire.
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