Terrorisme gouvernemental (suite et sans fin)
- Par Thierry LEDRU
- Le 27/11/2020
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Je viens de lire un article expliquant que des "gilets jaunes" avaient été condamnés à de la prison ferme pour "destruction de biens".
https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/un-gilet-jaune-condamne-a-9-mois-de-prison-ferme-pour-avoir-force-la-porte-d-un-ministere-avec-un-chariot-elevateur_4198055.html
Il est bon de rappeler dès lors ce que les gouvernements successifs font depuis quelques décennies. On pourrait rajouter au système éducatif, le milieu hospitalier, le maillage industriel, l'économie dans son ensemble, la "justice"... La liste est longue de ces secteurs détruits à grands coups de restructions budgétaires et de malversations en tous genres. Je rappelle que le nombre de milliardaires ne cesse d'augmenter. Dans une proportion bien moindre que celui des individus sous le seuil de pauvreté.
Où est le terrorisme ? Qui devraient être poursuivis ?
- Le 22/06/2011
On n'en parle plus mais je me souviens très bien de cet article...
Ce qui est certain, c'est qu'ils vont bien la toucher leur prime. Le nombre de suppressions de postes est effarant. Instituteur, professeurs en collèges, au lycée, à la FAC, psychologues scolaires, maîtresses E, rééducateurs (il n'y en a quasiment plus et la formation n'existe plus), conseillers pédagogiques, infirmières, responsables de CDI, surveillants, toute l'Education nationale se vide comme une outre percée.
Depuis cinq ans, j'ai 30 élèves de CM2 en moyenne. Quand ils sont tous en classe, ils restent très peu de place pour circuler...
Les petites écoles de montagne ferment les unes après les autres.
Descendons la pyramide hiérarchique pour voir ce que ça donne. Et bien, les Inspecteurs de circonscription subissent une pression énorme. Certains s'en contentent et approuvent et mettent une pression énorme sur les enseignants. D'autres tentent de soutenir les enseignants et connaissent la réalité du terrain.
Ceux-là ne sont pas bien nombreux.
Les paperasses en tous genres donnent à l'école française une allure d'administration à la Kafka... Projets d'école, statistiques, progressions, enquêtes, graphiques, pourcentages, évaluations nationales, tableaux de présence, programmations, multiplication des enseignements, réunions, réunions, réunions...
"Il faut rendre ce dossier pour hier au plus tard..."
Pour les élèves, la situation est tout aussi catastrophique. Les dégâts collatéraux sont importants. Difficultés à se concentrer dans des classes surchargées, impossibilité d'établir des échanges oraux, programmes à finir, conflits incessants, difficultés relationnelles, décalage complet de l'école et du monde extérieur, programmes à finir, pression des inspecteurs, conflits relationnels, chahut, stress, conflits, programmes à finir, pas le temps de discuter, pas de psychologue ou alors un secteur gigantesque, des horaires d'usine, programmes à finir, inspection à venir, projets d'école à refaire, quinze enfants en souffrance psychologique, comportements difficiles, pas le temps, programmes à finir, des sanctions qui renforcent les conflits, pas le temps de discuter, programmes à finir...
Des parents qui font au mieux ou au pire. Le Centre médico psychopédagogique a fermé, il faut aller à la ville voisine mais il n'y a pas de place avant trois mois. Pas d'assistante sociale non plus. Pas d'éducateurs de rues. Il y a bien le foyer pour jeunes mais un animateur pour une ville, c'est peu.
Des charges émotionnelles qui gonflent, des bombes à retardement, des jeunes qui vont à l'école avec le nœud au ventre, ou la haine, ou la peur, la rage, violences verbales, violences physiques...On va embaucher au collège des surveillants mal payés. Non, ils n'auront pas le temps de discuter et d'ailleurs, on ne le leur demande pas. Juste des sanctions ou rien. Le règlement, le règlement... On peut même envoyer l'armée, pourquoi pas. Des bérets verts dans les couloirs, mais non , ça n'est pas choquant, c'est l'époque qui veut ça.
Et puis, on mettra aussi des policiers dans les rues. Y'en a plein les rues aux USA et tout va bien là-bas...
Ah, j'oubliais les profs qui n'ont plus d'enveloppe budgétaire pour le soutien aux enfants en difficulté. On supprimera des heures à la rentrée mais on dira que le dispositif est toujours en place.
Non, il est impossible de changer les ordinateurs du collège. Windows 95, ça marche très bien.
Non, il n'y a pas de budget pour le renouvellement des livres du CDI. On va scotcher les couvertures de La Comtesse de Ségur, ça ira bien.
Et les profs ont leur programme à finir avec trente élèves dont certains sont des bombes à retardement...
Et puis, un jour, à la sortie du collège, il y a une bombe qui explose. Ou ailleurs.
Terrorisme gouvernemental. Je travaille pour des terroristes. Mais, moi, je n'ai pas le droit d'allumer une mèche. Devoir de réserve.
Si ce blog disparaît dans quelques jours, vous saurez pourquoi.
Les moteurs de recherche trouvent très rapidement le mot "terrorisme". Associé au mot "gouvernemental", on peut appeler ça une mèche courte (Pour ceux et celles qui connaissent la réplique culte de James Cobburn, dans "Il était une fois la Révolution)."
Commentaires (3)
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Ca n'est sûrement pas moi qui vais vous jeter la pierre pour vos choix de vie...Je les comprends infiniment. Le problème pour moi, c'est que j'ai toujours voulu être instituteur, depuis mon passage en CM2 et que je suis effroyablement consterné de la tournure prise. J'aime ce métier, j'aime travailler avec les enfants, je sais combien une année de vie pour eux est un chemin immense...Je voudrais continuer à croire que c'est encore possible de mener cette mission à bien...Juste encore quelques illusions qui tiennent par quelques fils usés...Le cordon lâchera un jour. Et je finirai ma carrière sur un immense sentiment de gâchis...Bonne route à vous.