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  • Etude sur l'impact d'une EMC

     

    EMC = Ejection de Masse Coronale

    C'est clair qu'au niveau des assureurs, la note serait salée ^^.

     

    La tempête solaire menace de peser un risque émergent pour l'industrie : Lloyd’s

     

    https://www.insurancejournal.com/magazines/mag-features/2013/06/17/295222.htm

     

    17 juin 2013

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    Article

    Une grande tempête solaire pourrait laisser des dizaines de millions de personnes en Amérique du Nord sans électricité pendant plusieurs mois, voire des années, ce qui pourrait coûter des milliers de milliards de dollars.

    Selon le rapport de Lloyd's sur les risques : « Solar Storm Risk to the North American Electric Grid ».

    Le rapport a été produit en coopération avec l'Atmospheric Environmental Research, basée aux États-Unis. Il note que si les grandes tempêtes géomagnétiques sont relativement rares, elles « peuvent créer une poussée massive de courant, en surchargeant potentiellement le système de grille électrique et endommageant les transformateurs coûteux et critiques ».

    Selon le rapport, une grande tempête solaire en 1989 a déclenché l'effondrement du réseau électrique québécois, laissant six millions de Canadiens sans électricité pendant neuf heures. Une tempête plus faible en 2003 a causé des pannes d'électricité en Suède ainsi que des dommages aux transformateurs en Afrique du Sud (les transformateurs à cette latitude étaient auparavant considérés comme à l'abri de ces dommages).

    Il y a eu des événements encore plus importants et potentiellement plus perturbateurs dans le passé, et des événements de ce type pourraient être répétés.

    Le rapport décrit le événement Carrington de 1859, qui est largement considéré comme l'événement météorologique spatial le plus extrême jamais enregistré. Un tel événement aujourd'hui affecterait entre 20 et 40 millions de personnes aux États-Unis, avec des coupures de courant allant de plusieurs semaines à une à deux ans. Les coûts économiques seraient « catastrophiques », selon Lloyd’s, qui a estimé les pertes entre 600 et 2 600 milliards de dollars.

    Heureusement, Lloyd's dit, une tempête géomagnétique extrême au niveau de Carrington est rare, avec des données historiques suggérant une période de retour de 50 ans pour les tempêtes québécoises, et 150 ans pour des tempêtes très extrêmes, comme l'Événement Carrington.

    Faiblesse des tempêtes toujours à risque

    Les tempêtes très faibles présentent encore un risque important. « Le vieillissement de l’infrastructure énergétique et la dépendance croissante à l’électricité rendent le monde plus vulnérable, en particulier en période d’augmentation de l’activité solaire – 2013 est un maximum solaire, le pic de l’activité de 11 ans », indique le rapport.

    Si un tel événement se produit, il ne peut endommager qu'un petit nombre de transformateurs. Cependant, si cela devait arriver dans les États-Unis densément peuplés. La côte atlantique, le rapport Lloyd's dit qu'il serait particulièrement préoccupant. « Les facteurs de risque physiques et technologiques le long de la côte Est – tels que la latitude magnétique, la distance jusqu’à la côte et la conductivité au sol – en font un risque élevé de coupures de courant, bien que les États du Midwest et de la côte du Golfe soient également menacés », avertit le rapport.

    Étant donné le chaos qu'une coupure de pouvoir majeure pourrait entraîner, l'industrie du pouvoir, les décideurs politiques et les assureurs doivent évaluer les mesures de préparation et d'atténuation, indique le rapport.

    Les avertissements sont entendus. Le rapport de la Lloyd indique que les gouvernements « se réveillent avec le risque et prennent la menace de tempêtes géomagnétiques au sérieux ».

    En avril, le Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche a publié un rapport évaluant la capacité des États-Unis à surveiller et à prévoir la météorologie spatiale, tandis que le Royaume-Uni a ajouté la météorologie spatiale à son National Risk Register en 2012.

    « La plupart des satellites spatiaux qui peuvent avertir les tempêtes géomagnétiques entrantes passent au-delà de la durée de leur mission et des remplacements seront bientôt nécessaires », selon le rapport. «Les infrastructures électriques peuvent également être durcis contre les courants induits par géomagnétisme dans les régions présentant le risque de panne le plus élevé. Alors que ces mesures ont un coût, la prévention est beaucoup plus rentable que le paiement pour d'énormes dommages causés par une tempête sévère.»

    Retombage de l'assurance

    Toute conséquence d'une tempête solaire, en particulier celle qui frappe l'Amérique du Nord, affecterait inévitablement le secteur de l'assurance. Cela provoquerait des coupures de courant, qui pourraient exposer les assureurs à d'importantes demandes d'interruption de l'activité, « bien que la couverture exacte d'un tel événement soit incertaine », indique le rapport.

    L'interruption de l'activité ne devrait être qu'un aspect de l'exposition potentielle à l'assurance. « Un événement météorologique spatial pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement, conduire à une annulation à grande échelle d’événements majeurs et entraînerait probablement des demandes de responsabilité si les employés ou la sécurité publique étaient compromises, ou si les administrateurs n’avaient pas pris les mesures nécessaires pour limiter les dommages », indique le rapport.

    Lloyd’s met en garde contre le fait qu’un événement majeur aurait des implications plus larges pour le secteur de l’assurance et la société en général, ce qui pourrait entraîner des perturbations généralisées des infrastructures, des troubles sociaux et des perturbations des marchés financiers.

    Selon John Chambers, députée à Aegis London, un assureur spécialisé dans les compagnies d'électricité, serait également une menace directe pour les compagnies d'électricité et leurs assureurs, vice-président actif de l'énergie.

    Il a indiqué que les assureurs et les gestionnaires de risques avaient « quelques progrès » dans l'identification des zones géographiques et des types d'équipements qui pourraient être plus susceptibles d'être perdus. Toutefois, l'absence de réclamations récentes signifie que la question est plus bas pour les assureurs qu'il ne devrait le faire et a rendu plus difficile l'obtention par les gestionnaires de risques des budgets appropriés pour l'atténuation des risques.

    « Les assureurs de pouvoir spécialisés devraient se pencher sur les formulations et l’utilisation de sous-limites et d’une couverture autonome, bien qu’ils soient ouverts à la collaboration avec d’autres organismes pour examiner les moyens d’améliorer la résilience et de gérer les risques », a déclaré Chambers.

    « Les tempêtes géomagnétiques présentent un risque potentiel énorme avec des implications importantes tant pour les assureurs que pour la société », a déclaré Neil Smith, directeur des risques émergents et de la recherche chez Lloyd’s.

    «Les assureurs doivent évaluer l’impact potentiel des tempêtes géomagnétiques sur le marché, ainsi que travailler avec les gouvernements et les entreprises du secteur de l’énergie sur les moyens d’atténuer les risques au niveau de la société.»

    Thèmes

  • Tempête solaire de Carrington

    Il faut imaginer le phénoménal développement de l'usage de l'électricité entre 1859 et aujourd'hui et tenter d'imaginer les effets. C'est au-delà du concevable.

     

    Eruption solaire nasa 01

    Tempête solaire de 1859

     

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Temp%C3%AAte_solaire_de_1859

    Article

     

    La tempête solaire de 1859, également connue sous le nom d'événement de Carrington — du nom de l'astronome britannique Richard Carrington qui l'étudia — résulte d'une série d'éruptions solaires ayant eu lieu à la fin de l'été 1859 et ayant notablement affecté la Terre. Elle a notamment produit de très nombreuses aurores polaires visibles jusque dans certaines régions tropicales et a fortement perturbé les télécommunications par télégraphe électrique. On a récemment découvert des tempêtes solaires dix à cent fois plus puissantes, qui auraient des conséquences catastrophiques1. Sur la base de certaines observations, ce type d'événement serait susceptible de se reproduire avec une telle violence seulement une fois tous les 150 ans2. Cette éruption est utilisée comme modèle afin de prévoir les conséquences qu'une tempête solaire extrême serait susceptible de causer aux télécommunications à l'échelle mondiale, à la stabilité de la distribution d'électricité et au bon fonctionnement des satellites artificiels1. Une étude de 2004 estime que son niveau est supérieur à la classe X103,4. Une étude publiée en février 2012 évalue les chances de survenue d'un événement semblable à environ 12 % pour la décennie qui suit5,6.

     

    Déroulement de la tempête

    La tempête se déroula en deux phases correspondant à deux éruptions solaires de grande ampleur.

    La première atteignit la Terre dans la soirée du 28 août 1859, selon l'Eastern Standard Time, soit le fuseau horaire de la côte est des États-Unis d'Amérique. Elle provoqua des aurores très lumineuses et spectaculaires, visibles jusque dans la mer des Caraïbes où de nombreux équipages de bateaux notèrent la couleur inhabituelle du ciel. De nombreux observateurs terrestres interprétèrent à tort les lumières aurorales comme étant dues à des incendies lointains. Le champ magnétique terrestre a été lui aussi fortement perturbé.

    Croquis du groupe de taches solaires à l'origine de la seconde phase de l'éruption solaire, dessiné par Richard Carrington. Les quatre zones étiquetées de A à D correspondent aux lieux où apparurent les flashes aveuglants de l'éruption.

    La seconde phase débuta le 1er septembre. L'astronome anglais Richard Carrington, alors en train d'observer le Soleil, remarqua un ensemble de taches solaires anormalement grandes. Ces taches étaient apparues plusieurs jours auparavant et étaient tellement grandes qu'elles étaient aisément visibles à l'œil nu. À 11 h 18, il nota un éclair très intense en provenance de ce groupe de taches, éclair qui dura moins de 10 minutes 7 et correspondait au début d'une nouvelle éruption solaire extrêmement violente8. Le même phénomène fut observé non loin de là par un ami de Richard Carrington, Richard Hodgson (en) 9. L'éruption atteignit la Terre 17 heures plus tard (dans la nuit du 1er au 2 septembre), illuminant le ciel nocturne sur tout l'hémisphère nord. En effet, des témoignages révélèrent qu'il était possible de lire un journal en pleine nuit grâce à la lumière aurorale jusqu'à des latitudes aussi basses que Panama.

    Le 3 septembre 1859, le Baltimore American and Commercial Advertiser rapporte, en anglais :

    « Ceux qui sont sortis tard jeudi soir note 1 ont eu l'occasion d'assister à un autre magnifique spectacle de lumières aurorales. Le phénomène était très similaire à celui de dimanche soir note 2, bien que la lumière ait parfois été plus brillante et les teintes prismatiques plus variées et plus belles. La lumière semblait couvrir tout le firmament, comme un nuage lumineux, à travers lequel brillaient indistinctement les étoiles de plus grande magnitude. La lumière était plus forte que celle de la Lune à sa pleine puissance, mais elle avait une douceur et une délicatesse indescriptibles qui semblaient envelopper tout ce sur quoi elle reposait. Entre minuit et 1 heure, lorsque le spectacle était à son apogée, les rues tranquilles de la ville reposant sous cette étrange lumière revêtaient une apparence aussi belle que singulière. »

    En 1909, un chercheur d'or australien, Count Frank Herbert, fait part de ses observations dans une lettre au Daily News de Perth, en anglais :

    « Je faisais de l'orpaillage à Rokewood, à environ 6,5 kilomètres du canton de Rokewood (Victoria). Moi-même et deux camarades qui regardions par la tente avons vu un grand reflet dans le ciel austral vers 19 h, et en une demi-heure environ, une scène d'une beauté presque indescriptible survint, des lumières de toutes les couleurs imaginables émanaient du ciel, une couleur se dissipant pour laisser place à une autre si possible plus belle que la précédente, [the streams mounting to the zenith, but always becoming a rich purple when reaching there, and always curling round, leaving a clear strip of sky, which may be described as four fingers held at arm's length. The northern side from the zenith was also illuminated with beautiful colors, always curling round at the zenith, but were considered to be merely a reproduction of the southern display, as all colors south and north always corresponded. It was a sight never to be forgotten, and was considered at the time to be the greatest aurora recorded... The rationalist and pantheist saw nature in her most exquisite robes, recognising, the divine immanence, immutable law, cause, and effect. The superstitious and the fanatical had dire forebodings, and thought it a foreshadowing of Armageddon and final dissolution.]. »

    Le champ magnétique terrestre apparent s'inversa temporairement sous l'influence du vent solaire issu de l'éruption dont le champ magnétique était, au moment où il atteignit la Terre, non seulement opposé au champ magnétique terrestre mais également plus intense.

    La durée séparant la seconde éruption solaire de son arrivée sur Terre (seulement 17 heures) fut anormalement courte, celle-ci étant normalement de l'ordre de 60 heures. Sa brièveté est une conséquence de la première éruption solaire, dont le vent avait déjà durablement nettoyé l'espace interplanétaire entre la Terre et le Soleil.[pas clair] La violence de cette seconde tempête comprima très fortement la magnétosphère terrestre, la faisant passer de 60 000 kilomètres à quelques milliers, voire quelques centaines de kilomètres.[réf. nécessaire] Cet amincissement de la magnétosphère rendit la Terre bien moins protégée des particules ionisées du vent solaire et est à l'origine des aurores très intenses et très étalées qui furent observées.

    Conséquences

    On estime que 5 % de l'ozone stratosphérique fut détruit lors de la tempête, ozone qui mit plusieurs années à se reformer dans la haute atmosphère.[réf. nécessaire] La température très intense de l'éruption (50 millions de degrés à sa naissance) permit d'accélérer les protons issus du Soleil à des énergies dépassant les 30 MeV, voire 1 GeV selon certains[Qui ?]. De tels protons énergétiques furent en mesure d'interagir par interaction forte avec des atomes d'azote et d'oxygène de la haute atmosphère terrestre qui libérèrent des neutrons et furent également à l'origine de la formation de nitrates. Une partie de ces nitrates se précipita ensuite et atteignit la surface terrestre. Ils furent mis en évidence par des carottages glaciaires effectués au Groenland et en Antarctique révélant que leur abondance correspondait à celle ordinairement formée en 40 ans par le vent solaire.

    Les aurores générèrent ensuite des courants électriques dans le sol qui affectèrent les circuits électriques existants, notamment les réseaux de télégraphie électrique. De nombreux cas de télégraphistes victimes de violentes décharges électriques furent rapportés, ainsi que plusieurs incendies de station de télégraphie causés par les courants très intenses qui furent induits dans le sol 10.

  • Tempêtes solaires

    Un des éléments clé de la quadrilogie en cours d'écriture.

    Imaginons que l'humanité soit victime d'attentats terroristes de très grande ampleur affectant l'exploitation et la distribution du pétrole à l'échelle planétaire et qu'une tempête solaire cent fois plus importante que celle de Carrignton survienne ensuite.

    Il n'y aurait plus aucun moyen de réparer les réseaux électriques.

    Et là, l'humanité retourne au Moyen-Âge.

    C'est un scénario apocalyptique et je me défoule...

     

     

     

    Espace : cinq questions sur les tempêtes solaires, qui doivent se multiplier au cours de l'année et pourraient avoir des conséquences sur Terre

     

    https://www.francetvinfo.fr/sciences/espace/espace-cinq-questions-sur-les-tempetes-solaires-qui-doivent-se-multiplier-au-cours-de-l-annee-et-pourraient-avoir-des-consequences-sur-terre_6393280.html

    Article rédigé par Louis San

    France Télévisions

    Publié le 31/03/2024 07:00

    Temps de lecture : 8 min Une éruption solaire géante capturée par la sonde Solar Orbiter, le 15 février 2022. (SOLAR ORBITER / EUI TEAM / ESA & NASA)

    Une éruption solaire géante capturée par la sonde Solar Orbiter, le 15 février 2022. (SOLAR ORBITER / EUI TEAM / ESA & NASA)

    Le Soleil connaît des cycles d'activité d'environ onze ans, dont le pic est attendu entre fin 2024 et début 2025. Les particules qu'il éjecte à très haute vitesse lors de ses éruptions pourraient perturber le fonctionnement de nos satellites et nos infrastructures électriques.

    Les habitants des zones polaires (et même ceux de latitudes moins extrêmes) vont en voir de toutes les couleurs. Les aurores boréales et australes vont se multiplier dans les mois qui viennent, car les éruptions solaires, qui sont à l'origine de ces spectacles nocturnes, vont être particulièrement nombreuses. Les tempêtes solaires sont liées à l'activité du Soleil, qui connaît des cycles de onze ans et se trouve en ce moment dans une phase de forte activité. L'Agence spatiale européenne (ESA) a rapporté, le 23 février, la survenue d'éruptions solaires les plus puissantes du cycle actuel.

    Le pic est attendu vers la fin de l'année ou au début de la prochaine, précise Frédéric Pitout, astronome adjoint à l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (Irap). D'ici là, l'activité va aller crescendo. Elle pourrait même avec des conséquences concrètes sur notre quotidien. Un phénomène qui soulève des interrogations auxquelles franceinfo apporte des réponses.

    1 Quelle est l'origine des éruptions solaires ?

    Les éruptions solaires sont les manifestations du "magnétisme changeant" du Soleil. Ce dernier, résume Frédéric Pitout, se comporte comme un gigantesque aimant qui, lors de chaque cycle, change de direction. Cette importante modification s'accompagne d'une hausse de son activité, visible aux taches apparaissant à sa surface.

    L'Agence spatiale européenne a publié, le 13 février, deux images du Soleil prise par sa sonde Solar Orbiter. La première a été prise en février 2021, alors que le minimum d'activité le plus récent remonte à décembre 2019. La surface de notre étoile semble relativement homogène.

    Image du Soleil prise par la sonde Solar Orbiter en février 2021. (ESA & NASA / SOLAR ORBITER / EUI TEAM)

    Image du Soleil prise par la sonde Solar Orbiter en février 2021. (ESA & NASA / SOLAR ORBITER / EUI TEAM)

    La seconde a été prise en octobre 2023. A cette période, le Soleil n'était pas encore aussi actif qu'en février 2024. Toutefois, le panorama est nettement différent de l'image précédente. Ici, des taches grandes et nombreuses sont bien identifiables.

    Image du Soleil prise par la sonde Solar Orbiter en octobre 2023. (ESA & NASA / SOLAR ORBITER / EUI TEAM)

    Image du Soleil prise par la sonde Solar Orbiter en octobre 2023. (ESA & NASA / SOLAR ORBITER / EUI TEAM)

    Ces taches, témoins de l'activité de notre Soleil, sont les foyers des éruptions solaires – les scientifiques emploient le terme d'"éjections de masse coronale" (EMC). Lors de ces événements, le Soleil expulse du plasma, du "gaz très chaud chargé électriquement", synthéthise Frédéric Pitout. On parle de tempêtes solaires quand la puissance de ces phénomènes est élevée.

    2 Quelle est la taille d'une éruption solaire ?

    L'échelle d'une éruption solaire est astronomique. Les taches solaires peuvent faire plusieurs fois le diamètre de la Terre (qui est d'environ 12 750 km). Celle qui a généré la forte éruption du 22 février (appelée AR3590) faisait environ 16 fois le diamètre de notre planète, selon le médiateur scientifique Pierre Henriquet. Il s'agissait d'une éruption de classe X, la catégorie la plus puissante sur cinq degrés : A, B, C, M et X (chaque palier étant dix fois plus intense que le précédent).

    Les filaments qui s'élèvent des taches lors des éruptions solaires peuvent s'étendre sur des dizaines de milliers de kilomètres. La Nasa, l'agence spatiale américaine, a partagé une image permettant de comparer la taille de la Terre et l'éruption de classe X du 21 février. 

    3 Que se passe-t-il lorsqu'une tempête solaire atteint la Terre ?

    Le Soleil libère constamment des éléments, des particules très lentes, de basse énergie. C'est ce qui forme en partie le vent solaire, dans lequel baigne l'environnement de notre étoile. Cette bulle, appelée héliosphère, est très étendue, comme l'illustre cette image de la Nasa.

    Illustration de la Nasa montrant où se trouvent les sondes Voyager 1 et Voyager 2 par rapport à notre système solaire et à l'héliosphère. (NASA / JPL-CALTECH)

    Illustration de la Nasa montrant où se trouvent les sondes Voyager 1 et Voyager 2 par rapport à notre système solaire et à l'héliosphère. (NASA / JPL-CALTECH)

    Les particules des éruptions solaires, elles, sont "très fortement accélérées, parfois à des fractions de la vitesse de la lumière" (environ 300 000 km par seconde), remarque le spécialiste Frédéric Pitout. Certaines peuvent mettre plusieurs jours à nous parvenir quand les plus véloces peuvent arriver en une quinzaine d'heures, alors que le Soleil se trouve en moyenne à près de 150 millions de kilomètres.

    Une aurore boréale vue depuis la ville norvégienne de Hamar, le 7 novembre 2023. (JORGE MANTILLA / NURPHOTO / AFP)

    Une aurore boréale vue depuis la ville norvégienne de Hamar, le 7 novembre 2023. (JORGE MANTILLA / NURPHOTO / AFP)

    Hautement énergétiques, ces particules heurtent la barrière magnétique de la Terre, que l'on appelle la magnétosphère. Elles la traversent et finissent par entrer en contact avec l'atmosphère terrestre. C'est là qu'elles donnent lieu aux fameuses aurores boréales (dans l'hémisphère nord) ou australes (dans l'hémisphère sud). 

    4 Quels dégâts les éruptions solaires pourraient-elles engendrer sur Terre ?

    Derrière les lumières féériques des aurores boréales et australes se cachent de potentiels problèmes pour nos infrastructures électriques et nos satellites, en cas d'éruption solaire particulièrement violente, prévient auprès de franceinfo Olivier Katz, prévisionniste au Centre opérationnel de météorologie de l'espace des Alpes.

    "En cas de forte éruption solaire, tout ce qui est ferreux, qui peut conduire l'électricité et qui est très long sur Terre, comme les pipelines ou les câbles électriques, peut être touchés par des surtensions. On peut imaginer des black-out."

    Olivier Katz, prévisionniste en météo de l'espace

    à franceinfo

    Une tempête solaire extrême "pourrait affecter des infrastructures critiques et mettre un coup d'arrêt à certaines zones économiques", abonde l'expert Quentin Verspieren, coordinateur du projet Protect au sein de l'ESA.

    Le dernier épisode violent documenté remonte à 1859. Il est surnommé l'événement de Carrington, du nom de l'astronome britannique qui l'a étudié. Lors de cette éruption, il y avait tellement d'életricité générée que des télégraphes avaient été endommagés et des personnes avaient pu communiquer via ces systèmes de transmission de messages, alors qu'ils étaient débranchés, relève Olivier Katz. Il souligne que des aurores boréales avaient également été observées très loin des pôles, au niveau des Caraïbes.

    Un événement aussi puissant que celui de Carrington au XXIe siècle "serait susceptible de mettre hors service la quasi-totalité des satellites en orbite et d'affecter sévèrement les réseaux électriques", écrit La Cité de l'espace, rapportant les conclusions d'une étude de 2013 pour l'assureur Lloyd's. Pour la seule Amérique du Nord, la facture des pertes pourrait s'éléver à quelque 2 600 milliards de dollars.

    Une tempête solaire d'une violence inouïe est passée à côté de la Terre en 2012. Elle aurait pu "renvoyer la civilisation contemporaine au XVIIIe siècle" si elle avait atteint notre planète, selon la Nasa. Un événement extraordinairement puissant pourrait endommager au sol des installations critiques que l'on mettrait une ou deux générations à réparer ou à remplacer, prévient Oliver Katz.

    Le foisonnement des appareils électroniques et notre utilisation toujours plus croissante de dispositifs s'appuyant sur des données satellitaires nous rendent plus vulnérables que jamais aux tempêtes solaires. "Lorsque vous utilisez Google Maps pour trouver votre itinéraire et vous rendre dans un restaurant, la carte a été faite avec des satellites d'observation de la Terre. Pour le petit point bleu qui vous localise, et le calcul du meilleur trajet, vous utilisez des satellites de navigation", souligne l'expert Quentin Verspieren. 

    Ce type de recherche peut être fait dans le monde entier grâce à des satellites de télécommunications, poursuit le coordinateur du projet Protect de l'ESA, relevant que l'on sait par ailleurs si on doit prendre ou non son parapluie grâce à des satellites de météo. "Finalement, ce geste qui peut sembler anodin utilise des données satellitaires qui viennent d'infrastructures qui coûtent des centaines de milliards d'euros en cumulé", souligne-t-il.

    Rien qu'une perturbation des services satellitaires de navigation et de timing, qui fonctionnent ensemble, auraient des conséquences en cascade. Les réseaux électriques, à l'échelle de pays ou de continent, les réseaux de transports ou encore de télécommunications sont également coordonnés avec ces satellites et seraient affectés, insiste-t-il.

    "Le système financier international, et le système bancaire en général, est réglé avec ça. Les bourses seraient bloquées et on ne pourrait pas retirer d'argent aux distributeurs ou payer par carte."

    Quentin Verspieren, de l'Agence spatiale européenne

    à franceinfo

    Si notre dépendance est grande et les potentiels impacts importants, les spécialistes contactés par franceinfo appellent à ne pas sombrer dans le catastrophisme, insistant sur la rareté d'événements pouvant être hautement problématiques.

    5 Sommes-nous capables d'anticiper les tempêtes solaires ?

    Notre connaissance du magnétisme du Soleil est encore loin d'être parfaite. Par exemple, son pic d'activité était attendu pour 2025, mais il pourrait finalement survenir un peu avant, ce qui montre nos lacunes. Le processus d'apparition des taches solaires, tout comme leur comportement précis, demeure encore mystérieux. Il nous est également encore difficile d'évaluer le temps de parcours des particules éjectées lors des éruptions. "Nous avons encore énormément d'incertitudes", concède Quentin Verspieren.

    Toutefois, le savoir progresse, grâce à des missions en cours, comme celle de Solar Orbiter, et vont encore s'étoffer avec la mission Vigil de l'ESA, en 2030. L'objectif est notamment d'affiner nos prévisions de météo de l'espace pour que les autorités puissent lancer des alertes et prendre des mesures de précaution en cas de sévère tempête solaire. Il pourrait s'agir, par exemple, de clouer les avions au sol le temps nécessaire (plusieurs heures ou plusieurs jours) pour éviter les problèmes si les systèmes de navigation satellite venaient à être perturbés ou interrompus.

    Quentin Verspieren ajoute que des discussions ont commencé, à l'échelle du continent européen, pour qu'une entité avec les compétences adéquates soit opérationnelle pour le prochain cycle, dans onze ans. Avant cela, la vigilance est de mise jusqu'au pic d'activité à venir.

  • La guerre des nuages

    Un autre effet du réchauffement de la planète : la sécheresse, la quête de l'eau. Sans elle, aucune vie.

    Qui aurait pu imaginer au début de la révolution industrielle qu'on en arriverait là ? En aussi peu de temps.

     

    "Les pays signataires s’engagent à ne pas utiliser les nuages comme arme de guerre contre les autres pays signataires."

     

    Une «guerre des nuages» est-elle possible ?

     

    https://www.rfi.fr/fr/environnement/20240328-une-guerre-des-nuages-est-elle-possible

     

    Une cinquantaine de pays procèdent à « l’ensemencement », une manipulation moléculaire des nuages pour les faire pleuvoir en cas de sécheresse ou pour éviter des précipitations potentiellement dévastatrices, comme la grêle. Mais à l’heure du changement climatique, ces techniques pourraient devenir source de tensions géopolitiques, alors que les conséquences sanitaires et environnementales sur le long terme ne sont pas connues.

    Publié le : 28/03/2024 - 21:54

    5 mn

    « Il y a un vrai risque de guerre des nuages », selon Mathieu Simonet.

    « Il y a un vrai risque de guerre des nuages », selon Mathieu Simonet. © Stefanie Schuler/RFI

    Par : Stefanie Schüler Suivre

    Depuis la nuit des temps, les nuages sont source d’espoir ou, au contraire, annonciateurs de malheur. Depuis les années 1940, des États tentent de dompter ces amassés de gouttelettes d’eau suspendus dans l’atmosphère. L’ensemencement consiste à y injecter de l’iodure d’argent. Les gouttelettes se concentrent alors autour de ces micro-sels et forment des gouttes d’eau qui tombent ensuite sur le sol.

    Si l’efficacité de cette méthode ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique, elle n’est pas moins utilisée dans une cinquantaine de pays aujourd’hui, de la France à l’Inde en passant par l’Australie et Madagascar. « Depuis cinq ans, on assiste à une accélération de l’ensemencement des nuages à travers le monde. Il y a de plus en plus de techniques nouvelles, de plus en plus de pays qui manipulent les nuages », constate Mathieu Simonet, ex-avocat et auteur de La fin des nuages, aux éditions Julliard. « Récemment, la Chine a investi un milliard de dollars dans la recherche autour de l'ensemencement de nuages ».

    En 1966, l’armée américaine lance l’opération Popeye au-dessus du Vietnam : des tonnes d’iodure d’argent pour intensifier la mousson et ainsi ralentir les troupes de Ho Chi Minh. Un fait de guerre jusque-là inédit qui a poussé les Nations unies à adopter, en 1976, la Convention ENMOD.

    Les pays signataires s’engagent à ne pas utiliser les nuages comme arme de guerre contre les autres pays signataires.

    « La Russie a signé la Convention ENMOD. La France ne l’a pas signé », explique Mathieu Simonet. « Donc en théorie, la Russie ne contreviendrait pas à la Convention de 1976 si elle décidait par exemple de créer de la pluie pour l’inauguration des JO à Paris ».

    À lire aussiMadagascar: des pluies artificielles pour lutter contre la sécheresse

    Les nuages : enjeu géopolitique à l’ère de l’urgence climatique

    Mais même la manipulation des nuages à des fins civiles peut causer des tensions. Alors que dans le sillage du changement climatique les ressources en eau se raréfient, un pays qui en a les moyens peut théoriquement faire pleuvoir sur son territoire des nuages qui auraient sinon arrosé un pays voisin. Dans ce contexte, les nuages risquent de devenir un objet de propagande. Comme en 2018 quand « un général iranien a accusé Israël d’avoir volé des nuages », rappelle Mathieu Simonet pour qui « cet exemple montre bien qu’il y a un vrai risque de guerre des nuages si, à un moment donné, il y a un embrasement. Heureusement qu’à l’époque, le patron de la météo iranienne a tout de suite contredit la position du général iranien. Mais si le patron de la météo iranienne était allé dans le même sens que le général iranien, cela aurait pu avoir des conséquences potentiellement dramatiques ».

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    Mathieu Simonet fait partie de ceux qui réclament que la France ratifie la Convention ENMOD de 1976, mais qui estiment aussi que les Nations unies devraient proposer une réglementation internationale sur l’ensemencement des nuages. L’écrivain voudrait même aller plus loin : « Nous avons tous un rapport intime avec les nuages. Chacun de nous a déjà été allongé sur le dos pour les regarder ». Alors que contrairement à la mer, la terre, les espaces aériens, voire même l’espace tout court, les nuages ne possèdent aucun statut juridique, Mathieu Simonet et d’autres se mobilisent pour qu’ils soient inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.

    À lire aussiAfrique du Sud: ensemencer les nuages pour lutter contre la sécherese?

    Une commission parlementaire en France ?

    Si cette démarche pourrait prendre du temps en raison de sa complexité juridique, Mathieu Simonet, avec d’autres, voudraient, pour commencer, que l’Assemblée nationale se saisisse de la question de l’ensemencement en France. Parce que les conséquences sanitaires et environnementales à moyen et long termes de l’utilisation de l’iodure de l’argent ne sont pas connues. Or, pour prendre des décisions et règlementer l’ensemencement, il faudrait d’abord améliorer les connaissances, y compris celles du grand public, estime l’ancien avocat. « Il n’y a que très peu de travaux scientifiques sur la question. Il me semble donc extrêmement important qu'il y ait une commission parlementaire. Elle pourrait faire un état des lieu de ce qu'on sait et de ce qu'on ne sait pas sur les nuages et déterminer quelles études il faudrait lancer ».

    À l’occasion de la troisième journée internationale des nuages, ce vendredi, Mathieu Simonet et le cabinet de conseil en affaires publiques, Koz, ont mené une action autour de l’Assemblée nationale ce mercredi afin de sensibiliser les élus sur la nécessité d’encadrer la pratique de l’ensemencement des nuages. « Nous souhaitions interpeller les pouvoirs publics sur les enjeux sanitaire, environnemental, climatique et géopolitique liés aux nuages », souligne Nayla Khebibeche, consultante au sein du cabinet Koz. « L’ensemencement des nuages est très peu connu. En conséquence, la plupart des députés ont reçu notre démarche au début comme quelque chose de loufoque. Mais quand ils comprennent les multiples enjeux, ils s’y intéressent sérieusement ».

    Les nuages ou la possibilité de faire de la politique autrement

    L’écrivain Mathieu Simonet veut voir en les nuages la possibilité de faire de la politique autrement. « Aujourd’hui, en politique, chacun est persuadé d’avoir raison, chacun campe sur ses positions », constate-t-il. « Or en ce qui concerne les nuages, nous ne comprenons encore très peu de leur fonctionnement. Cela nous oblige de faire l’éloge du doute, de travailler de manière pluridisciplinaires. Nous avons une modestie nécessairement collective, couplée à un émerveillement partagé face aux nuages qui nous vient de l’enfance. C’est comme si on avait une page blanche qui nous permettait de réfléchir à la manière de débattre, d'appliquer le principe du contradictoire, de tâtonner, de travailler ensemble ».

  • Une nation sans terre

    En 1972, le rapport MEADOWS alertait sur un risque de montée du niveau des océans et des mers proportionnellement à l'élévation des températures de la planète.

    Donc, depuis 1972, le peuple des îles Tuvalu sait que son sort n'intéresse personne. Pas au point de changer le mode de fonctionnement des sociétés capitalistes. Car, bien évidemment, eux, sur leurs îles, ils ne sont pas responsables de la montée des eaux. Que ça arrive aux USA ou en Chine ou en Inde, ça se comprendrait, mais pas pour eux. C'est une double peine.

    Alors, oui, je sais que d'autres nations ont été chassées de leurs terres, je connais quelque peu l'histoire des Amérindiens pour ne citer qu'eux. Mais ici, la perte de cette terre est la conséquence du réchauffement de la planète et non d'un pillage guerrier, organisé par une nation cupide.

     

    Questions d'environnement

    Tuvalu: que devient une nation quand elle n'a plus de territoire?

     

    Publié le : 28/03/2024 - 11:38

    L'Australie a présenté cette semaine devant son Parlement un traité historique signé avec les Tuvalu. L'objectif est d'offrir un refuge aux 11 000 ressortissants de cet archipel du Pacifique Sud car ces atolls vont très probablement être engloutis par la mer d'ici à la fin du siècle en raison du changement climatique.

    https://www.rfi.fr/fr/podcasts/questions-d-environnement/20240328-tuvalu-que-devient-une-nation-quand-elle-n-a-plus-de-territoire

    Vue aérienne de Funafuti, l'île principale des Tuvalu.

    Vue aérienne de Funafuti, l'île principale des Tuvalu. © AP/Alastair Grant

    Les Tuvalu doivent encore entériner le texte par une consultation locale, mais dans ce traité totalement inédit : Canberra fait la promesse d'aider l'archipel en cas de « catastrophe naturelle majeure, de pandémie ou d'agression militaire », si les Tuvalu le demandent. Elle autorise la migration vers l'Australie de 280 de ses ressortissants chaque année, tout en reconnaissant que l'État des Tuvalu conservera son indépendance, même si son territoire est submergé par les flots. Pour l'Australie, c'est une histoire de bataille d'influence, alors que la Chine gagne du terrain dans le Pacifique Sud. Pour les habitants de Tuvalu, c'est une question de survie.

    Les îles du Pacifique sont en première ligne du changement climatique. Le réchauffement, causé par nos activités humaines, engendre la fonte des glaciers et la dilatation des océans, et cela provoque la hausse du niveau des mers. Deux îles des Tuvalu, qui étaient habitées, ont déjà été avalées par l'océan pour cette raison. Et comme l'archipel est entièrement composé de récifs coralliens très bas, d'après les scientifiques, il va devenir inhabitable d'ici à 80 ans et risque ensuite de disparaître.

    D'autres états insulaires font face à la même tragédie annoncée : Kiribati, les îles Marshall, le territoire spécial néozélandais de Tokelau. Et cela pose des questions vertigineuses.

    Quelle existence internationale demain

    Aujourd'hui en droit international, un État existe parce qu'il a une population, un territoire et un gouvernement. Si demain l'État des Tuvalu n'a plus de territoire, que sa population est dispersée en Australie, est-ce que ce sera encore un État ? Aura-t-il encore droit à son siège dans les institutions internationales ? Quel statut auront ses ressortissants ? Seront-ils apatrides ? Et que deviendront les zones économiques maritimes du pays ? Elles sont aujourd'hui calculées en fonction du trait de côte. Ces pays « confettis terrestres de l'Océanie » ont des espaces maritimes immenses.

    La perte de leur territoire a aussi des implications culturelles et identitaires pour ces nations. Une langue existe parce qu'elle est parlée par une communauté. Si demain la population des Tuvalu est disséminée en Australie, les langues des Tuvalu risquent de s'éteindre.

    « S'ils migrent en Australie, ils risquent de parler plutôt l’anglais et s'ils vont en Nouvelle-Calédonie plutôt le français », explique Guy Jackson, géographe de l'Université de Northumbria au Royaume-Uni. Il étudie les pertes notamment culturelles liées au changement climatique. Il y a plusieurs facteurs d'effacement d'une langue lors de la migration mais le chercheur estime que c'est avant tout une question de générations : « Les plus âgés continuent de parler alors que les plus jeunes n'apprennent plus la langue ou ne la pratiquent plus parce qu’ils veulent avoir accès à l'éducation qui est en anglais par exemple. »

    Des mots associés à des paysages

    Les coutumes des habitants des Tuvalu, leur savoir-faire, leur spiritualité, souvent liés aux activités de la communauté, aux paysages de l'archipel, risquent aussi de disparaître. Certains mots, certaines interactions sociales sont « liés à la présence de certaines espèces ou à des systèmes naturels uniques », détaille Guy Jackson. Lorsque l'environnement se transforme à cause du changement climatique, que certains poissons apparaissent et d'autres espèces disparaissent, « cela peut affecter les connaissances locales et ensuite le langage ».

    C'est d'ailleurs pour ça que le pays a commencé à se dupliquer dans le Métavers. L'idée est que demain, les descendants des Tuvaluans puissent enfiler des lunettes 3D et plonger, grâce à internet, dans le paysage et la culture engloutis des Tuvalu. L'état insulaire espère aussi que ce double virtuel lui permettra de conserver sa souveraineté politique sur la scène internationale.

    Et ce n'est pas un cas isolé : les états du Pacifique en général ont une très grande diversité linguistique et culturelle. Une identité aujourd'hui menacée par les effets du réchauffement climatique. « C'est très important de prendre en compte ces impacts non-économiques du changement climatique, souligne le géographe Guy Jackson : l'héritage culturel, les savoirs autochtones, les langues, les relations sociales, la relation à la terre. Toutes ces choses sont vulnérables lorsque l'environnement se transforme. »

    À lire aussiLa lutte contre le changement climatique au cœur du Forum des îles du Pacifique

  • Toujours plus et toujours moins

    Alors, bon, voilà, voilà...

    "Ils" ont le culot de nous parler de "ruissellement"...

    Plus les riches sont riches, plus les pauvres en bénéficient.

    Il y a donc d'un côté les "toujours plus" et de l'autre les "toujours moins". Et tout va bien, tout est normal... 

    "La théorie du ruissellement estime qu'une politique favorisant les revenus des plus riches, notamment par une réduction de leurs impôts, profite à toute l'économie. Cette réduction d'impôts permettrait de dégager des revenus auparavant ponctionnés par l’État, qui seraient réinvestis par les plus riches dans l'économie. Ce réinvestissement « ruissellerait » ainsi jusqu'aux classes populaires1."

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  • Un GPS mental

     

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    Quand on conduit sa voiture, c'est le GPS qui nous dit où il faut tourner, quand il faut s’arrêter, quelle rue prendre ou au contraire quelle rue ne pas prendre etc. On se laisse diriger et c’est relaxant. Néanmoins, à force de « déléguer » notre sens de l'orientation, celui-ci diminue petit à petit et finit par s’atrophier. Ainsi, si au beau milieu du trajet, quelqu’un nous demande notre position, notre premier réflexe est de jeter un coup d'œil sur celui à qui on a délégué notre sens de l’orientation : le GPS. Cet outil devient le vrai maître à penser à bord. D’une certaine façon, c’est lui qui conduit.

    Eh bien concernant la soumission intellectuelle, c'est la même chose : on délègue son esprit critique à l’autorité qui nous explique les pensées à avoir et surtout à ne pas avoir. On se laisse guider. Cela nous épargne l'effort de réfléchir. Comme pour le conducteur qui suit son GPS, c’est relaxant et apaisant. Néanmoins, petit à petit, la paresse intellectuelle augmente et l’esprit critique diminue. Et le jour arrive où l’on n’a même plus la force intérieure de méditer sur les récits qui parviennent à notre esprit, ni de se demander si l’on ne serait pas en état de soumission intellectuelle.

    Ce jour là, on pense par procuration, on est sous tutelle intellectuelle. On croit qu’on conduit mais on se fait conduire ; on croit qu’on pense mais on répète le discours d’un autre."

    Alexis Haupt Philosophie

  • TERRE SANS HOMMES (3)

     

    Je n'avais pas encore rêvé de ce roman. Juste une fois, avec une aurore boréale. Mais pas des nouveaux personnages.

    Pour tous les autres, c'est un phénomène que j'ai connu et qui se reproduit parfois.

    Dans l'écriture de la quadrilogie, j'ai "vu" Laure et Figueras. Je sais exactement à quoi ils ressemblent.

    Mais rien n'était arrivé encore pour l'écriture du tome 4.

    C'est fait. La nuit dernière.

    J'ai vu Josh Randall et Joachim Nichols.

     


     

     

     

    CHAPITRE 8

    Pour la troisième fois, Joachim Nichols quittait son fortin. Ravitaillement en eau à la source de Deer water. Crocheron road longeait la côte. Au sud se trouvait le Blackwater national wildlife refuge, puis deux kilomètres plus loin, par la Bishop road le centre d’accueil de Karen Noonan. Il n’avait jamais pris le temps de visiter ces lieux. Il savait juste qu’il s’agissait d’établissement œuvrant à la conservation des espèces, à la protection de l’environnement. Est-ce que ces deux structures seraient encore habitées ? Pourrait-il y trouver du ravitaillement, des humains bienveillants ? Dans le secteur proche de Crocheron, il avait entendu parler d’une église méthodiste. Un des jardiniers qui venait entretenir le parc du fortin en était adepte. Au final, il avait peu de risques de rencontrer du monde. La densité humaine devait avoisiner les dix habitants au kilomètre carré. Avant le chaos. Combien en restait-il ? Combien de survivants ? Et dans quel état ? À l’affût d’une proie pour le délester de ce qu’il a, de la nourriture, une arme, de l’eau, des vêtements, des cigarettes. Il se félicitait de n’avoir jamais fumé. Il ne connaîtrait pas ce manque. Est-ce que le manque de son travail était plus douloureux que le manque de tabac pour un fumeur invétéré ? Il devait bien l’admettre. Ce qu’il vivait désormais relevait de la cure de désintoxication. Et elle n’avait rien, absolument rien de volontaire. Il aurait donné dix ans de sa vie pour pouvoir revivre ne serait-ce qu’une année au Pentagone.

    Il approchait de la fontaine de Deer water. Des arbres en bord de route, feuillages d’automne, palettes de couleurs vives et en fond d’écran des étendues d’eau, immenses, des marécages, des rosières, l’eau terreuse, la végétation des zones humides, aucune ondulation dans le paysage. Il avait mis des années à comprendre que cet horizon illimité le reposait des géométries cubiques et verticales de la ville, que cette rupture totale avec le gigantisme urbain l’apaisait. Un jour ou deux, parfois trois. Les horizons ouverts finissaient immanquablement par lui donner le tournis. Pas assez d’ancrages, pas de points particuliers, pas de repères. Les gratte-ciel de Washington, les bâtiments du Pentagone, les immensités de béton, tous ces piliers plantés dans le ciel, plus enracinés que des sequoias millénaires, ils lui étaient nécessaires. Il n’était pas fait pour les grands espaces.

    Et maintenant, il roulait à vingt kilomètres à l’heure, sur une route déserte, dans un espace où seuls les arbres exploraient l’altitude.

    C’est à la sortie d’une courbe qu’il l’aperçut, à deux cents mètres, marchant au milieu de la chaussée. Une silhouette étrange, massive, un chargement sur le dos, comme des bois dépassant de ses épaules. L’individu se retourna, alerté par le bruit du moteur. Et il tendit aussitôt le bras, geste reconnaissable de l’auto-stoppeur.

    Joachim ralentit encore davantage, prenant le temps d’observer l’homme. Car c’était bien un homme avec un cerf sur le dos. Et un fusil en bandoulière.

    Joachim s’arrêta à quelques mètres, coupa le moteur et sortit. Le pistolet à la main, caché derrière la portière.

    « Salut, mec, lança le colosse. Ça fait bien longtemps que j’ai pas vu rouler une caisse, d’où tu viens ? »

    Deux mètres de haut, plus de cent kilos, une masse musculaire, une voix grave, enrouée, comme de la grenaille dans la gorge, bottines de l’armée, pantalon kaki, une veste assortie, un bonnet roulé au-dessus des oreilles, pas un cheveu n'en dépassait. Une barbe sombre descendait jusqu'à couvrir sa gorge. Une quarantaine d’années. Il portait un cerf sika, une belle bête, entre quatre-vingts et cent kilos. La tête sur son épaule droite, les pattes nouées par devant. Stupéfiant. L’homme ne semblait même pas écrasé par la masse.

    « Salut, chasseur, de quoi manger un moment ! lança Joachim.

    - Tu peux laisser ton flingue sur le fauteuil, tu ne risques rien avec moi. Sinon, tu serais déjà mort. »

    L’homme montra un pistolet qu’il tenait caché sous les pattes du cerf.

    « Je voulais juste voir ta tête et ça va, elle me plaît », continua-t-il.

    Joachim déposa son arme sur le fauteuil et se dégagea du véhicule, quelque peu interpellé par l’intuition du bonhomme.

    « Tu vas où avec ton bestiau ? » demanda-t-il en s’avançant.

    Il tendit la main que le colosse écrasa. Il devait lever les yeux pour croiser son regard. L'individu tenait du géant, des proportions surpassant le commun des mortels. La peau tannée du visage, une écorce de vieux chêne, des yeux d'un noir flamboyant, deux fentes, l'impression de passer sous le faisceau d'un scanner.

    « Je suis au centre de Karen, à un kilomètre, au bout du bout.

    - Joachim Nicholson.

    - Comme l’acteur.
    - Ouais, c’est ça.

    - Josh Randall. Ouais, comme Steve Mac Queen dans Au nom de la loi. Mes parents étaient fan. Et je peux t’assurer que personne ne m’a fait chier avec ce nom, lança-t-il, en bombant le torse.

    - Oui, je m’en doute.

    - Tu nous ramènes, mon bestiau et moi ? Ça fait une heure que je le trimballe. Et je te présenterai à l’équipe. »

    Joachim Nichols n’hésita pas. L’homme lui plaisait mais par-dessus tout, il réalisait à quel point il était bon de parler avec quelqu’un d’autre que soi.

    Ils chargèrent le cerf après avoir baissé la banquette.

    « Une balle en pleine tête, remarqua Joachim, un beau carton.

    - Josh Randall était tireur d’élite chez les Marines. Mais les cerfs sika ne le savent pas. »

    Un ancien militaire. Joachim se félicita d’avoir modifié son nom.

    «  Et toi, tu fais quoi dans le coin ? T’es nouveau ?

    - J’étais à Washington, je vendais des bagnoles. Je me suis barré, c’est l’enfer là-bas. J’ai une maison à trois, quatre kilomètres d’ici.

    - T’es venu en bagnole jusqu’ici ?

    - Non, j’ai un cabin-cruiser et ma bagnole était là.

    - Putain, un bateau, c’est cool ça.

    - Ouais mais c’est le carburant que je n’ai pas.

    - On en a, nous. Trois gars pêcheurs dans la baie, leur citerne est pleine, on pompe en manuel.

    - Vous êtes beaucoup là-bas ?

    - Vingt-cinq, je crois bien. J’ai des problèmes de mémoire, y’a des trucs qui me restent pas. »

    Joachim tourna la tête.

    L'homme retira son bonnet et le fixa quelques secondes. Une cicatrice courait sur son crâne nu, partant d'une oreille pour rejoindre l'autre. Trépanation. Atteinte neurologique. Un militaire, tireur d’élite, blessé en mission. Une intuition qui contracta son ventre.

    « J’étais en Irak. Mon humvee a sauté sur une mine, il a basculé dans un ravin. Je ne me rappelle de rien. En fait, je me suis réveillé à l’hôpital, ici, au pays, trois semaines de coma. On était cinq à bord, trois y sont restés, l’autre était en fauteuil, j’ai su qu’il s’est tiré une balle dans la tête six mois après. L'armée m'a pas lâché, j'ai eu droit à tous les médecins du pays, des psychologues, le syndrome du survivant qu'ils m'ont dit, je pouvais même bosser encore mais pas sur le terrain, en fait, c'était le bordel dans ma tête alors je me suis barré, j'avais plus rien, j'ai jamais rien fait d'autre, j'ai une pension, enfin, je l'avais parce que maintenant y'a plus personne pour me filer mon pognon, j'ai retapé une grange pas très loin d'ici, un ancien hangar abandonné, personne pour me faire chier, chasse, pêche et un petit jardin. Trois potes que je voyais de temps en temps. Ils sont au centre maintenant. Mais bon, en fait, j'allais pas bien fort, beaucoup de migraines, des cauchemars, je m'étais mis à boire, des caisses à faire crever un régiment entier, j'en avais plus rien à foutre de rien. Mes cheveux n’ont jamais repoussé. Personne ne sait pourquoi. Et ma mémoire est une vraie passoire, y’a des trucs ça va, je les garde et d’autres qui passent en coup de vent. J’ai longtemps cru que j’allais devenir une épave plus capable de se rappeler de son nom. C’est le pasteur qui m’a sauvé. Tu vas le rencontrer. C’est un gars bien. Autant que tu le saches tout de suite, sa femme et sa fille sont mortes, elles étaient dans l’avion qui a été descendu au début du bordel. Il n’a même pas pu récupérer les corps. Tu vas voir, il est spécial comme pasteur, je lui donnerai ma vie. En fait, quand je te raconte ça, je me dis que ça va mieux pour moi, maintenant, parce qu'en fait….

    Il s’arrêta deux secondes...

    putain... je dis toujours en fait, c’est complètement con, on dirait un débile... maintenant tout ce qui reste, en fait, c'est des survivants. Je suis plus tout seul. »