A CŒUR OUVERT : à l'origine

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Ce passage contient l'essentiel de ce que je souhaitais explorer. 

Le coeur, l'amour, leurs liens. 

 

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"Il souriait intérieurement. Un bonheur à s’accorder, une confiance à sauver.

« On ne voit bien qu’avec le cœur. » Saint-Exupéry n’aurait jamais imaginé qu’un homme puisse vivre sans le sien, sans même un cœur humain. Diane parlait d’un émetteur plus vaste. Quoi ? Le corps entier ? Le cerveau ? Non, pas le cerveau. D’autres organes n’auraient pas été munis de neurones si tout avait été concentré là-haut. Il y avait autre chose. Pas le cœur, ça au moins, il en était certain. Et si on lui enlevait les intestins ? Qu’en serait-il ? Tout ça était trop limité. Les systèmes scientifiques avaient une vue étroite. Mais alors quoi ? Et si nous n’étions qu’un récepteur ? Et si nous n’émettions rien du tout ?

Il se redressa soudainement et eut un vertige. Il s’adossa, la main sur le front, les yeux fermés.

La force de ce flash. Nous n’étions que des récepteurs. Tout venait de l’extérieur. Sa transformation n’était pas dû au fait que son cœur n’émettait plus rien mais juste que le mental avait perdu une partie de ses repères, que l’identification avait été entamée, partiellement brisée. Les émotions venaient de l’extérieur. Aussi folle qu'elle soit, l'idée lui plaisait. Les émotions nous saisissaient parce que nous étions disponibles et ensuite, le cerveau les interprétait. Il se les attribuait parce que nous avions été éduqués ainsi. L’ego, le maître, une entité fabriquée de toutes pièces, la prétention humaine, l’identification. Oui, c’était ça… « Je suis en colère » était une affirmation totalement erronée. La colère est en moi parce que je l’ai laissée entrer. « Je me suis laissé envahir par la colère. » Voilà la réalité. Et je ne suis pas amoureux, par moi-même. L’amour est entré en moi. Il tient juste à moi de lui offrir une place durable. Rien n’est à moi, tout m’est donné. Je possède le choix de l’exploitation ou de la perdition mais pas de ce qui est.

Un bonheur immense. Un embrasement. Des bouffées d’amour qui l’envahissaient.

Des grésillements. L’accélération de son cœur.

Non, c’était impossible. Il n’avait pas bougé, les microprocesseurs n’avaient aucune raison de faire varier le rythme cardiaque. C’était inconcevable. Un trouble gigantesque. L’impression qu’il était utopique de vouloir élaborer une explication rationnelle et fiable, définitive, tangible, incontournable.

Cette impression incompréhensible d’être envahi par une entité extérieure.

Il aurait voulu que Diane soit là, il se sentait partir, un malaise, un chaos trop puissant. Il s’allongea de nouveau et ferma les yeux.

« Calme-toi, calme-toi. Respire. »

Les grésillements s’effacèrent peu à peu.

L’amour n’est pas dans notre cœur, ni dans notre cerveau, il n’a pas de coffre réservé, pas d’antre secret, pas plus de centre émetteur interne. Il n’émane pas de nous. Nous n’en sommes pas les concepteurs. L’amour est partout. Et si nous restons ouverts, il s’invite. Personne n'est apte à générer de l'amour. Il ne s'agit que de s'ouvrir à lui.  

Il tentait de remonter à la source, de trouver le nœud originel qui libérerait toutes les révélations. Son cœur avait participé à ce conditionnement épouvantable de l’homme intégré et du Soi désintégré, son cœur avait été un ouvrier attelé à sa destruction. Saint-Exupéry s’était trompé. On ne voit bien qu’avec le cœur relevait d’un monde idyllique, d’un monde qui n’aurait aucune influence, qui ne chercherait pas à s’octroyer les raisons d’aimer. En perdant son cœur, les fondements même de son enfermement avaient été supprimés, non seulement la masse infinie de toutes les données enregistrées dans la boîte noire des émotions vécues mais le récepteur lui-même. Tout n’avait pas disparu puisqu’un seul organe avait été retiré mais il représentait le cœur du système. Bien évidemment.

L’homme avait fait de l’homme son propre prédateur. Nul besoin de guerre. Il suffisait d’éduquer le cœur et tout le reste suivrait, il suffisait d’inculquer les raisons d’aimer, il suffisait de canaliser les émotions, d’identifier les cibles, de laisser croire à la clientèle qu’elle était libre de ses choix. Personne n’irait accuser le cœur d’être un traître. Le cœur n’était qu’un disque dur formaté.

Les tenants de la spiritualité et de la libération des esprits seraient sans doute décontenancés d’apprendre qu’il convenait d’enlever le cœur des hommes avant de s’engager sur une voie d’éveil.

Il pensa à tous les implantés qui l’avaient précédé. Il serait intéressant de les retrouver. Une nouvelle espèce humaine. Des hommes sans cœur. Des hommes libres. Défragmentation du disque dur.

Il se sentit fatigué, comme un voyage trop long, un manque de condition spirituelle en quelque sorte.

Il se laissa partir, respiration lente et profonde, visualisation du flux d’oxygène, jusqu’à l’effacement des dernières pensées…"

 

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